A l'origine de Respect Zone, comme souvent, il y a un fait vécu. Lorsqu'il est collégien, Nathan Coen découvre que des camarades de classe ont créé un groupe sur Facebook pour se moquer de leur professeur de mathématiques qui est Noir. Choqué, il leur en parle, mais ne récolte que des rires ou des réactions indifférentes. "C'est cette indifférence de mes copains qui m'a fait le plus réfléchir", explique-t-il.
L'adolescent en parle alors à son père, Philippe Coen, avocat engagé pour des associations anti-racistes. Comment aider les sites mais surtout les internautes eux-mêmes à prendre conscience de la portée néfaste de certains propos ?
"On a cherché à créer un outil simple et surtout positif : plutôt que de bloquer les gens en leur disant ce qu'il ne faut pas faire, on a voulu les aider à se réguler pacifiquement", explique Adrien. Les deux frères travaillent alors sur l'idée d'un bouton numérique que chacun pourrait afficher sur ses pages pour s'engager à être pacifique et respectueux des autres.
L'adolescent en parle alors à son père, Philippe Coen, avocat engagé pour des associations anti-racistes. Comment aider les sites mais surtout les internautes eux-mêmes à prendre conscience de la portée néfaste de certains propos ?
"On a cherché à créer un outil simple et surtout positif : plutôt que de bloquer les gens en leur disant ce qu'il ne faut pas faire, on a voulu les aider à se réguler pacifiquement", explique Adrien. Les deux frères travaillent alors sur l'idée d'un bouton numérique que chacun pourrait afficher sur ses pages pour s'engager à être pacifique et respectueux des autres.
Respect Zone, deux mains formant un coeur : un langage universel
En octobre 2014, le label est dévoilé lors du salon du jeu vidéo, la Paris Games Week. Il est bleu et blanc (cherchez pourquoi) et s'appelle "Respect Zone", deux mots compréhensibles dans de nombreuses langues et cultures. De même que le dessin des deux mains formant un coeur, un symbole universel. "Le respect, c'est une valeur que tout le monde revendique pour soi-même", souligne Philippe Coen. Alors pourquoi faire aux autres ce qu'on ne voudrait pas qu'on nous fasse à nous-même ?
Ce bouton peut être téléchargé sur le site respectzone.org et sur Facebook où une application permet d'afficher le label sur sa photo de profil. Mais l'afficher, c'est aussi s'engager à respecter la charte Respect Zone :
- 1/ Je respecte l'autre, notamment dans tous les contenus que je publie (photos, commentaires, textes, hashtags...)
- 2/ Je modère mes contenus et mes propos. Gare aux propos racistes, antisémites, sexistes, violents, et à tout ce qui moque l'autre pour son handicap, sa croyance, sa religion ou sa couleur de peau...
- 3/ Je modère les propos déposés par d'autres sur mes pages. "Cela veut dire que si un commentaire me paraît non respectueux, je dois réagir, soit en l'enlevant soit en disant que je ne suis pas d'accord", explique Nathan.
Ce bouton peut être téléchargé sur le site respectzone.org et sur Facebook où une application permet d'afficher le label sur sa photo de profil. Mais l'afficher, c'est aussi s'engager à respecter la charte Respect Zone :
- 1/ Je respecte l'autre, notamment dans tous les contenus que je publie (photos, commentaires, textes, hashtags...)
- 2/ Je modère mes contenus et mes propos. Gare aux propos racistes, antisémites, sexistes, violents, et à tout ce qui moque l'autre pour son handicap, sa croyance, sa religion ou sa couleur de peau...
- 3/ Je modère les propos déposés par d'autres sur mes pages. "Cela veut dire que si un commentaire me paraît non respectueux, je dois réagir, soit en l'enlevant soit en disant que je ne suis pas d'accord", explique Nathan.
Un succès immédiat et viral
Dès que le label est présenté, c'est le buzz. Des Youtubeurs célèbres comme Cyprien mais aussi de grandes entreprises comme Free et Microsoft et des institutions comme le Défenseur des droits ou l'Education nationale l'affichent sur leur site. De nombreux jeunes eux-mêmes veulent participer.
"Je ne pensais que cela aurait autant d'impact, reconnaît Adrien. Quand j'ai présenté Respect Zone à ma classe au lycée, la plupart des élèves ont aimé et ils ont mis le logo sur leur profil". Mieux, le lycée a officiellement adopté le label sur son site, et l'a aussi affiché à la grille. "Mon père a même proposé de le mettre sur les carnets de correspondance pour modérer les propos entre parents et profs"
D'autres établissements ont suivi le mouvement comme le collège Saint-Paul-Roux à Brest. Cet établissement se mobilise déjà depuis 2012 contre la cyberviolence. En février 2015, il a invité Philippe Coen à faire une conférence et 26 collégiens se sont engagés à être "ambassadeurs Respect Zone" pour expliquer autour d'eux pourquoi le respect est important sur internet.
"Je ne pensais que cela aurait autant d'impact, reconnaît Adrien. Quand j'ai présenté Respect Zone à ma classe au lycée, la plupart des élèves ont aimé et ils ont mis le logo sur leur profil". Mieux, le lycée a officiellement adopté le label sur son site, et l'a aussi affiché à la grille. "Mon père a même proposé de le mettre sur les carnets de correspondance pour modérer les propos entre parents et profs"
D'autres établissements ont suivi le mouvement comme le collège Saint-Paul-Roux à Brest. Cet établissement se mobilise déjà depuis 2012 contre la cyberviolence. En février 2015, il a invité Philippe Coen à faire une conférence et 26 collégiens se sont engagés à être "ambassadeurs Respect Zone" pour expliquer autour d'eux pourquoi le respect est important sur internet.
Le saviez-vous ?
- 40% des collégiens et lycéens français disent avoir été victimes de cyberviolence au moins une fois dans l'année scolaire (SMS, réseaux sociaux, etc.)
- 12% d'entre eux ont été victimes d'usurpation d'identité sur le Net, et 6% disent être harcelés de façon répétée (happy slapping, sextos, etc.)
- D'après l'étude américaine "Being 13, A l'intérieur du monde secret des ados", 21% des adolescents surveillent leur(s) compte(s) plus de 100 fois par jour pour vérifier ce que l'on dit sur eux.
- 40% des collégiens et lycéens français disent avoir été victimes de cyberviolence au moins une fois dans l'année scolaire (SMS, réseaux sociaux, etc.)
- 12% d'entre eux ont été victimes d'usurpation d'identité sur le Net, et 6% disent être harcelés de façon répétée (happy slapping, sextos, etc.)
- D'après l'étude américaine "Being 13, A l'intérieur du monde secret des ados", 21% des adolescents surveillent leur(s) compte(s) plus de 100 fois par jour pour vérifier ce que l'on dit sur eux.
Parler aux victimes et aux harceleurs
Adrien lui-même intervient déjà dans les collèges et lycées de sa ville. "On m'a par exemple fait venir dans une classe où une fille avait été victime d'une rumeur lancée sur une application".
Que dit-il aux élèves ? "Je commence par leur demander ce qu'est pour eux le cyberharcèlement car souvent ils ne se rendent pas compte que le simple fait de partager une photo peut faire mal. Ils pensent que 'c'est juste pour rire'. Puis j'explique quelles sont les conséquences pour le harceleur et la victime".
Le harceleur ? "Oui, en réalité, celui qui harcèle est souvent quelqu'un qui manque de confiance en soi. Il a besoin de trouver un public pour être quelqu'un. Cela intéresse beaucoup les jeunes de comprendre cela".
Et celui qui est victime ? "Il a tendance à croire que c'est de sa faute, qu'il a quelque chose de particulier qui ne va pas. A l'âge où l'on construit sa personnalité, cela peut être très grave".
Que dit-il aux élèves ? "Je commence par leur demander ce qu'est pour eux le cyberharcèlement car souvent ils ne se rendent pas compte que le simple fait de partager une photo peut faire mal. Ils pensent que 'c'est juste pour rire'. Puis j'explique quelles sont les conséquences pour le harceleur et la victime".
Le harceleur ? "Oui, en réalité, celui qui harcèle est souvent quelqu'un qui manque de confiance en soi. Il a besoin de trouver un public pour être quelqu'un. Cela intéresse beaucoup les jeunes de comprendre cela".
Et celui qui est victime ? "Il a tendance à croire que c'est de sa faute, qu'il a quelque chose de particulier qui ne va pas. A l'âge où l'on construit sa personnalité, cela peut être très grave".
Ne pas se laisser isoler, déconnecter la haine
Nathan Coen : une photo de profil FB "respectzonifiée".
Sur sa page Facebook, l'équipe de Respect Zone est souvent contactée par des collégiens en difficulté qui appellent à l'aide, ou par des parents inquiets. Que faire quand on est humilié et harcelé sur internet ? "Il faut en parler à des adultes, dans son collège ou lycée, au CPE ou à ses parents. Les jeunes ont peur d'être pris pour des fayots mais c'est une erreur. Il faut à tout prix éviter de se laisser isoler".
Désormais étudiant aux Etats-Unis, Nathan porte aussi Respect Zone outre-Atlantique. "Là-bas, les risques sont les mêmes mais les jeunes sont peut-être un peu plus avertis qu'en Europe".
En Europe pourtant, la préoccupation grandit face à ces nouvelles formes de violence. A tel point que la France a lancé le 5 novembre 2015 la première journée contre le harcèlement à l'école.
"Avec le Net, le harcèlement est devenu massif, 'en meute', humiliant et addictif", dit Philippe Coen. Heureusement, on peut agir et faire de son profil ou de ses pages une "Respect zone". "Car c'est la haine qu'il faut déconnecter !".
Désormais étudiant aux Etats-Unis, Nathan porte aussi Respect Zone outre-Atlantique. "Là-bas, les risques sont les mêmes mais les jeunes sont peut-être un peu plus avertis qu'en Europe".
En Europe pourtant, la préoccupation grandit face à ces nouvelles formes de violence. A tel point que la France a lancé le 5 novembre 2015 la première journée contre le harcèlement à l'école.
"Avec le Net, le harcèlement est devenu massif, 'en meute', humiliant et addictif", dit Philippe Coen. Heureusement, on peut agir et faire de son profil ou de ses pages une "Respect zone". "Car c'est la haine qu'il faut déconnecter !".