Capture d'écran chaîne Youtube de l'académie de Rennes
C'est dans les salons dorés de l'Hôtel de Ville de Rennes, que les 13 lycéens délégués par leur région et leurs classes ont délibéré, le 23 novembre 2023, pour élire leur Prix parmi les 16 sélectionnés par l'académie Goncourt.
Chaque année le palmarès des lycéens fait en effet écho à l'annonce rituelle, début novembre à Paris, du lauréat du "grand" Goncourt décerné parmi la même liste d'ouvrages. En 2023, tandis que le jury littéraire parisien a décerné son prix Goncourt à Jean-Baptiste Andréa pour "Veiller son elle" (éd. L'Iconoclaste), les lycéens ont, eux, élu "Triste Tigre", de Neige Sinno aux éditions P.O.L.
Chaque année le palmarès des lycéens fait en effet écho à l'annonce rituelle, début novembre à Paris, du lauréat du "grand" Goncourt décerné parmi la même liste d'ouvrages. En 2023, tandis que le jury littéraire parisien a décerné son prix Goncourt à Jean-Baptiste Andréa pour "Veiller son elle" (éd. L'Iconoclaste), les lycéens ont, eux, élu "Triste Tigre", de Neige Sinno aux éditions P.O.L.
Comment la littérature peut (encore) toucher les ados
A plusieurs égards, ce "Goncourt des lycéens" a tout pour emporter l'adhésion des lecteurs adolescents : c'est un livre contemporain, qui revient sur le vécu personnel de l'autrice, l'inceste qu'elle a subi de la part de son beau-père entre 7 et 14 ans, mais sous une forme littéraire qui va au-delà d'un simple récit autobiographique. "Triste Tigre" est un texte tranchant qui juxtapose et mêle les émotions, les pensées, les regards, et laisse entrevoir ce que les mots et l'écriture peuvent apporter à la vie.
Ce 36ème Prix Goncourt des lycéens remplit ainsi parfaitement sa mission de faire découvrir aux adolescents la force de la littérature.
Ce 36ème Prix Goncourt des lycéens remplit ainsi parfaitement sa mission de faire découvrir aux adolescents la force de la littérature.
Découvrir "Triste Tigre" de Neige Sinno, prix Goncourt des lycéens 2023
Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, au terme d’un procès, à neuf ans de réclusion.
Des années plus tard, Neige Sinno tente de dégoupiller littéralement ce qu’elle appelle sa « petite bombe ». (...) C’est une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour se raconter, la narratrice doit interroger d’autres textes, d’autres histoires. Elle nous entraîne dans une relecture radicale de Lolita de Nabokov, ou de Virginia Woolf, et de nombreux autres textes sur l’inceste et le viol (Toni Morrisson, Christine Angot, Virginie Despentes).
Comment raconter le "monstre", "ce qui se passe dans la tête du bourreau », ne pas se contenter du point de vue de la victime ? Jusqu’à reprendre la question que le poète William Blake adressait au Tigre : "Comment Celui qui créa l’Agneau a-t-il pu te créer ?" (The Tyger). Le récit de Neige Sinno nous fait alors entrer dans la communauté de celles et ceux qui ont connu "l’autre lieu", celui de la nuit et du mal, qui ont pu s’en extraire mais qui en sont à jamais marqués, et se tiennent ainsi à la frontière des ténèbres et du jour. Nulle résilience. Aucun oubli ni pardon. Juste tenter de tenir debout, écrire son récit comme une "petite bombe artisanale qu’on fait exploser tout seul chez soi, dans l’intimité de la lecture. Elle a l’intensité et la fragilité des choses conçues dans la solitude et la colère. Elle en a aussi la folle et ridicule ambition, qui est de faire voler ce monde en éclats".
Source : communiqué de presse du Ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse, co-organisateur du Prix Goncourt des Lycéens.
Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, au terme d’un procès, à neuf ans de réclusion.
Des années plus tard, Neige Sinno tente de dégoupiller littéralement ce qu’elle appelle sa « petite bombe ». (...) C’est une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour se raconter, la narratrice doit interroger d’autres textes, d’autres histoires. Elle nous entraîne dans une relecture radicale de Lolita de Nabokov, ou de Virginia Woolf, et de nombreux autres textes sur l’inceste et le viol (Toni Morrisson, Christine Angot, Virginie Despentes).
Comment raconter le "monstre", "ce qui se passe dans la tête du bourreau », ne pas se contenter du point de vue de la victime ? Jusqu’à reprendre la question que le poète William Blake adressait au Tigre : "Comment Celui qui créa l’Agneau a-t-il pu te créer ?" (The Tyger). Le récit de Neige Sinno nous fait alors entrer dans la communauté de celles et ceux qui ont connu "l’autre lieu", celui de la nuit et du mal, qui ont pu s’en extraire mais qui en sont à jamais marqués, et se tiennent ainsi à la frontière des ténèbres et du jour. Nulle résilience. Aucun oubli ni pardon. Juste tenter de tenir debout, écrire son récit comme une "petite bombe artisanale qu’on fait exploser tout seul chez soi, dans l’intimité de la lecture. Elle a l’intensité et la fragilité des choses conçues dans la solitude et la colère. Elle en a aussi la folle et ridicule ambition, qui est de faire voler ce monde en éclats".
Source : communiqué de presse du Ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse, co-organisateur du Prix Goncourt des Lycéens.
Un projet pédagogique culturel, innovant et ambitieux
Il faut à nouveau saluer la façon dont, année après année, les enseignants et l'Education nationale (soutenue par la Fnac) ont su utiliser la tradition française des prix littéraires pour bâtir un projet pédagogique culturel, innovant, et ambitieux.
Chaque année au printemps, les établissements et enseignants qui souhaitent engager une classe (de la seconde aux BTS) doivent présenter leur candidature. Tous les lycées, généraux, technologiques, professionnels ou agricoles peuvent participer, et même les centres pénitentiaires, ainsi que les établissements français de l'étranger, notamment "ceux les plus éloignés d'une culture littéraire".
Chaque année au printemps, les établissements et enseignants qui souhaitent engager une classe (de la seconde aux BTS) doivent présenter leur candidature. Tous les lycées, généraux, technologiques, professionnels ou agricoles peuvent participer, et même les centres pénitentiaires, ainsi que les établissements français de l'étranger, notamment "ceux les plus éloignés d'une culture littéraire".
Un marathon de lecture, mais aussi des rencontres et des débats
A la rentrée, les élèves des classes retenues n'ont que quelques semaines, entre septembre et novembre, pour lire la quinzaine d'ouvrages sélectionnés pour le Goncourt. Chaque enseignant peut alors utiliser ce matériau pour faire lire, goûter, comprendre, analyser... Selon le niveau de la classe, les élèves lisent tout ou seulement un groupe de livres.
Pour soutenir ce marathon de lecture, sept rencontres sont organisées entre auteurs et lycéens. "On découvre que derrière les pages d'un livre, il y a une vraie personne, avec son histoire et ses émotions", témoigne une fille de seconde.
Et puis, on apprend à parler des livres, à aller plus loin que "j'aime, j'aime pas", et à dire de plus en plus précisément pourquoi l'on prend plaisir à lire un livre, en quoi l'on est ému par les personnages, l'histoire, le style... Les classes doivent ensuite débattre et argumenter pour défendre les livres qu'elles préfèrent. Finalement elles élisent un délégué pour présenter leur tiercé de livres gagnants lors de délibérations régionales qui ont lieu dans six villes en simultané. Et les délégués régionaux choisissent leur délégué national.
Pour soutenir ce marathon de lecture, sept rencontres sont organisées entre auteurs et lycéens. "On découvre que derrière les pages d'un livre, il y a une vraie personne, avec son histoire et ses émotions", témoigne une fille de seconde.
Et puis, on apprend à parler des livres, à aller plus loin que "j'aime, j'aime pas", et à dire de plus en plus précisément pourquoi l'on prend plaisir à lire un livre, en quoi l'on est ému par les personnages, l'histoire, le style... Les classes doivent ensuite débattre et argumenter pour défendre les livres qu'elles préfèrent. Finalement elles élisent un délégué pour présenter leur tiercé de livres gagnants lors de délibérations régionales qui ont lieu dans six villes en simultané. Et les délégués régionaux choisissent leur délégué national.