Alice Marceau et François de Rugy lors du DuoDay 2019. © Twitter @Fderugy
Le 16 mai 2019, Alice n'a pas pris le chemin quotidien d'UniLassalle, l'école d'ingénieurs où elle étudie en alimentation et santé, mais celui celui du centre de Paris. Direction le ministère de la Transition écologique et solidaire pour passer la journée avec François de Rugy.
"Je suis arrivée à 7h45 et j'ai pu assister à la première réunion de travail du ministre, raconte l'élève-ingénieure qui souffre d'une déficience visuelle. Puis nous sommes partis à Matignon". Ainsi, toute la journée, l'étudiante a pu partager le quotidien d'un membre du gouvernement, comme d'ailleurs une quinzaine d'autres étudiants en école d'ingénieurs ou de management.
Car en 2019, les grandes écoles ont décidé de proposer le DuoDay à leurs étudiants en situation de handicap. "J'ai postulé et j'ai été ravie de savoir que j'allais rencontrer le ministre de la Transition écologique, car c'est tout à fait lié à mes études !", raconte Alice.
"Je suis arrivée à 7h45 et j'ai pu assister à la première réunion de travail du ministre, raconte l'élève-ingénieure qui souffre d'une déficience visuelle. Puis nous sommes partis à Matignon". Ainsi, toute la journée, l'étudiante a pu partager le quotidien d'un membre du gouvernement, comme d'ailleurs une quinzaine d'autres étudiants en école d'ingénieurs ou de management.
Car en 2019, les grandes écoles ont décidé de proposer le DuoDay à leurs étudiants en situation de handicap. "J'ai postulé et j'ai été ravie de savoir que j'allais rencontrer le ministre de la Transition écologique, car c'est tout à fait lié à mes études !", raconte Alice.
Une initiative qui s'étend en entreprise, dans les administrations, les associations
Sophie Cluzel © Ministères Sociaux/DICOM/SIPA/Emma Prosdocimi
A midi, François de Rugy et Alice ont retrouvé au restaurant cinq autres duos constitués par un membre du gouvernement et une personne en situation de handicap. Parmi eux bien sûr, Sophie Cluzel, la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées qui passait son DuoDay avec Armel, atteint de cécité.
"Nous avons beaucoup parlé de ce qui a été réalisé pour notre insertion, raconte Alice. Nous avons fait remonter ce qui allait bien, et ce qui n'allait pas comme par exemple la mobilité internationale pour les étudiants". De fait, il n'est pas toujours simple pour certains de se loger ou de se déplacer à l'étranger...
Un déjeuner très symbolique puisqu'il a été pris dans un "restaurant du vivre ensemble", "Les Petits Plats de Maurice" où travaillent des personnes handicapées.
"Nous avons beaucoup parlé de ce qui a été réalisé pour notre insertion, raconte Alice. Nous avons fait remonter ce qui allait bien, et ce qui n'allait pas comme par exemple la mobilité internationale pour les étudiants". De fait, il n'est pas toujours simple pour certains de se loger ou de se déplacer à l'étranger...
Un déjeuner très symbolique puisqu'il a été pris dans un "restaurant du vivre ensemble", "Les Petits Plats de Maurice" où travaillent des personnes handicapées.
Les ministres @s_cluzel, @FdeRugy, @brunepoirson @duboschristelle, @AdrienTaquet et @J_Denormandie ont déjeuné au restaurant "Les petits plats de Maurice" avec leur binôme pour le #DuoDay2019.
Un restaurant qui mêle valeurs et saveurs 🍽 👊 pic.twitter.com/9w3zU5N1RI
— Handicap_gouv (@handicap_gouv) 16 mai 2019
L'occasion de mettre un pied en entreprise...
L'insertion par le travail reste en effet le grand but du DuoDay. Pour des jeunes et des adultes handicapés, c'est l'occasion rare de mettre un pied en entreprise, d'être accueilli, de découvrir un métier, et surtout, d'établir un contact en vue, peut-être, de trouver un stage ou un emploi.
Créée en Irlande et lancée en 2016 en France dans le Lot-et-Garonne l'initiative est devenue nationale en 2018 et ne cesse de prendre de l'ampleur. En 2019, de plus en plus de professionnels ont été volontaires pour participer et l'on a compté trois fois plus de duos. Que ce soit dans une entreprise privée, dans la fonction publique ou une association.
"Le DuoDay est réellement un tremplin vers l'emploi, indique Sophie Cluzel. Mais c'est d'abord une rencontre qui permet de faire tomber les préjugés et les clichés. Car quand on pousse la porte d'une entreprise, on n'est pas une personne en situation de handicap, on est une personne avant tout !"
Créée en Irlande et lancée en 2016 en France dans le Lot-et-Garonne l'initiative est devenue nationale en 2018 et ne cesse de prendre de l'ampleur. En 2019, de plus en plus de professionnels ont été volontaires pour participer et l'on a compté trois fois plus de duos. Que ce soit dans une entreprise privée, dans la fonction publique ou une association.
"Le DuoDay est réellement un tremplin vers l'emploi, indique Sophie Cluzel. Mais c'est d'abord une rencontre qui permet de faire tomber les préjugés et les clichés. Car quand on pousse la porte d'une entreprise, on n'est pas une personne en situation de handicap, on est une personne avant tout !"
... et surtout de vivre une vraie rencontre
Vivre la rencontre : et si c'était le secret pour faire réellement progresser l'inclusion des personnes handicapées ? "Au-delà des réunions très intéressantes auxquelles j'ai assisté, j'ai pu discuter personnellement avec monsieur de Rugy, raconte Alice. Pendant les trajets en voiture que nous faisions ensemble, il s'est intéressé à mon parcours, à mes études"...
Il est vrai qu'au départ, beaucoup d'employeurs voient surtout dans le Duoday l'occasion de marquer leur "politique de la diversité". Puis la journée a lieu et derrière les slogans officiels, chaque professionnel découvre un visage, un prénom, une histoire. La relation se crée et au bout de la journée, les "pros" se disent eux-même enrichis par ce temps passé avec leur "Duoday"... signe qu'une vraie rencontre a bien eu lieu.
Ainsi dans la vidéo ci-dessous, le directeur général de la Caisse des dépôts Eric Lombard dit avoir beaucoup apprécié le travail fait avec Jérémie, jeune docteur en économie:
Il est vrai qu'au départ, beaucoup d'employeurs voient surtout dans le Duoday l'occasion de marquer leur "politique de la diversité". Puis la journée a lieu et derrière les slogans officiels, chaque professionnel découvre un visage, un prénom, une histoire. La relation se crée et au bout de la journée, les "pros" se disent eux-même enrichis par ce temps passé avec leur "Duoday"... signe qu'une vraie rencontre a bien eu lieu.
Ainsi dans la vidéo ci-dessous, le directeur général de la Caisse des dépôts Eric Lombard dit avoir beaucoup apprécié le travail fait avec Jérémie, jeune docteur en économie:
"Les jeunes en situation de handicap sont d'abord des jeunes. ils nous apportent un regard neuf, leur curiosité, et des questions que nous avons parfois oublié de nous poser nous-même, donc c'est un échange mutuel", indique un cadre d'entreprise.
Quand l'entreprise découvre les talents des plus fragiles
Dans certaines entreprises, le DuoDay permet aussi de réaliser que certains jeunes, souvent exclus de par leur handicap, ont en réalité beaucoup de talents et de richesses à apporter.
C'est ce qu'ont vécu les magasins Boulanger Boé qui ont accueilli Julien via le DuoDay 2017 et ont pu lui proposer un poste qui devrait se transformer en CDI.
L'intégration de Julien dans le magasin Boulanger Boé
C'est ce qu'ont vécu les magasins Boulanger Boé qui ont accueilli Julien via le DuoDay 2017 et ont pu lui proposer un poste qui devrait se transformer en CDI.
L'intégration de Julien dans le magasin Boulanger Boé
Handicap : une infinité de situations très différentes
Ce que le Duoday fait aussi apparaître, c'est l'incroyable diversité des personnes handicapées, des âges, des niveaux d'études, des types de handicap, des domaines de formation et des aspirations.
Certains, comme Alice, ont pu faire des études longues et même entrer dans une grande école où le nombre d'étudiants handicapés intégrés augmente de 13% chaque année. Malgré sa déficience visuelle qui ne lui a jamais permis de lire au tableau, elle a suivi une scolarité normale sans assistance particulière. "J'utilise tout le temps mon ordinateur, je prends parfois des photos et je travaille beaucoup en groupe", explique-t-elle.
Martin, étudiant en master à l'IAE de Lille et atteint de surdité bilatérale profonde, a commencé par aller dans une école pour enfants sourds avant de rejoindre le système général. Beaucoup d'autres n'ont pu faire d'études ou bien, souvent, ont décroché un diplôme mais n'ont jamais trouvé de travail.
C'est pourquoi les organisateurs du DuoDay cherchent chaque année à constituer des duos adaptés aux attentes de chaque jeune.
Certains, comme Alice, ont pu faire des études longues et même entrer dans une grande école où le nombre d'étudiants handicapés intégrés augmente de 13% chaque année. Malgré sa déficience visuelle qui ne lui a jamais permis de lire au tableau, elle a suivi une scolarité normale sans assistance particulière. "J'utilise tout le temps mon ordinateur, je prends parfois des photos et je travaille beaucoup en groupe", explique-t-elle.
A cause du handicap, beaucoup de jeunes n'ont pu faire d'études ou n'ont pas trouvé de travail
Martin, étudiant en master à l'IAE de Lille et atteint de surdité bilatérale profonde, a commencé par aller dans une école pour enfants sourds avant de rejoindre le système général. Beaucoup d'autres n'ont pu faire d'études ou bien, souvent, ont décroché un diplôme mais n'ont jamais trouvé de travail.
C'est pourquoi les organisateurs du DuoDay cherchent chaque année à constituer des duos adaptés aux attentes de chaque jeune.
Comment se forment les duos du DuoDay ?
Tout se passe en ligne sur le site duoday.fr où l'on dépose sa candidature soit pour être accueilli, soit pour faire une offre de duo. Chaque personne handicapée précise son profil, sa formation et ses attentes. Ce peut être de découvrir un métier, un secteur d'activité, une entreprise ou une fonction particulière ou simplement de vivre une expérience nouvelle. Des associations accompagnant des personnes handicapées peuvent aussi les inscrire pour leur proposer de vivre cette journée.
Les professionnels volontaires enregistrent aussi leur offre de duo. En 2019, de grandes entreprises se sont inscrites en offrant d'emblée plus de 100 duos au sein de leurs services.
Reste à constituer les bons duos, un gros travail réalisé par la structure organisatrice. Quand un duo fonctionne, les deux personnes sont prévenues et mises en relation. A elles de profiter à fond de leur journée.
Tout se passe en ligne sur le site duoday.fr où l'on dépose sa candidature soit pour être accueilli, soit pour faire une offre de duo. Chaque personne handicapée précise son profil, sa formation et ses attentes. Ce peut être de découvrir un métier, un secteur d'activité, une entreprise ou une fonction particulière ou simplement de vivre une expérience nouvelle. Des associations accompagnant des personnes handicapées peuvent aussi les inscrire pour leur proposer de vivre cette journée.
Les professionnels volontaires enregistrent aussi leur offre de duo. En 2019, de grandes entreprises se sont inscrites en offrant d'emblée plus de 100 duos au sein de leurs services.
Reste à constituer les bons duos, un gros travail réalisé par la structure organisatrice. Quand un duo fonctionne, les deux personnes sont prévenues et mises en relation. A elles de profiter à fond de leur journée.
Une journée pour l'insertion et après ?
Tout cela est très bien, mais quels sont les résultats ? "Faire travailler deux personnes ensemble sur une journée, c'est bien. Mais nous ne voulons pas d'une opération communication. Ce qui compte, c'est que l'inclusion avance", commente Magali Dewerdt, directrice de l'Algéei, l'association du Lot-et-Garonne qui a lancé le DuoDay en France.
Autrement dit : l'objectif est que davantage de personnes handicapées puissent trouver un stage, un CDD, un CDI, nouer des contacts avec des professionnels, se faire un réseau... au-delà, c'est que les recruteurs pensent à des profils différents, et que les jeunes souffrant de handicap prennent confiance en eux.
La tâche est immense, et il faudra bien d'autres initiatives pour y parvenir, raison pour laquelle le DuoDay est partenaire du salon de recrutement Hello Handicap.
Autrement dit : l'objectif est que davantage de personnes handicapées puissent trouver un stage, un CDD, un CDI, nouer des contacts avec des professionnels, se faire un réseau... au-delà, c'est que les recruteurs pensent à des profils différents, et que les jeunes souffrant de handicap prennent confiance en eux.
La tâche est immense, et il faudra bien d'autres initiatives pour y parvenir, raison pour laquelle le DuoDay est partenaire du salon de recrutement Hello Handicap.
Une expérience qui permet d'élargir ses projets d'avenir
Alice Marceau et le ministre de la Transition écologique François de Rugy © Twitter @Fderugy
Mais même si le DuoDay ne dure qu'un jour, il permet tout de même de vivre une expérience et souvent de préciser ses projets d'avenir. Martin, l'étudiant en management innovant et sciences sociales de Lille a vécu son duo avec un préfet. Et cette plongée dans le service public a confirmé son envie de devenir directeur d'une structure de santé.
En duo avec un ministre, Alice n'avait pas pensé auparavant que l'action publique puisse être si liée aux questions d'alimentation et santé qu'elle étudie. "Jusqu'à présent, je pensais m'orienter vers la recherche en santé, dit-elle, car mon premier désir aurait été de faire médecine ce qui n'est pas possible dans mon cas".
Avec le DuoDay, elle a donc élargi pour elle le champ des possibles en découvrant l'univers des politiques publiques. Et même s'il lui reste encore quelques années d'études, elle se verrait bien compléter sa formation d'ingénieur par un diplôme en politique de santé. Un projet à préciser, peut-être grâce à d'autres DuoDays.
En duo avec un ministre, Alice n'avait pas pensé auparavant que l'action publique puisse être si liée aux questions d'alimentation et santé qu'elle étudie. "Jusqu'à présent, je pensais m'orienter vers la recherche en santé, dit-elle, car mon premier désir aurait été de faire médecine ce qui n'est pas possible dans mon cas".
Avec le DuoDay, elle a donc élargi pour elle le champ des possibles en découvrant l'univers des politiques publiques. Et même s'il lui reste encore quelques années d'études, elle se verrait bien compléter sa formation d'ingénieur par un diplôme en politique de santé. Un projet à préciser, peut-être grâce à d'autres DuoDays.