De g. à dr. : l'Israélien Shimon Peres, le pape François et le Palestinien Mahmoud Abbas.
La prière serait-elle l'arme pacifique qui pourrait dénouer l'écheveau emmêlé du conflit israélo-arabe au Proche-Orient ? Un homme en a fait le pari, le pape François, qui lors de son voyage en Israël en mai 2014, "Terre sainte" pour le christianisme mais aussi le judaïsme et l'islam, avait lancé cette invitation audacieuse au président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et au président Israélien Shimon Peres : venir au Vatican pour une rencontre de prière en faveur de la paix.
Geste inédit dont le premier fruit a été l'accord des deux présidents à venir au Vatican le dimanche 8 juin 2014, jour de la fête de la Pentecôte. Entre-temps, les éventuelles sources de malentendus et de désaccords avaient été soigneusement écartées. Non, la rencontre n'avait aucun enjeu politique en terme de négociation, "ce serait une folie" avait reconnu le pape François.
Elle ne visait non plus aucun rapprochement religieux.
Geste inédit dont le premier fruit a été l'accord des deux présidents à venir au Vatican le dimanche 8 juin 2014, jour de la fête de la Pentecôte. Entre-temps, les éventuelles sources de malentendus et de désaccords avaient été soigneusement écartées. Non, la rencontre n'avait aucun enjeu politique en terme de négociation, "ce serait une folie" avait reconnu le pape François.
Elle ne visait non plus aucun rapprochement religieux.
François : 'la prière peut tout'
Pas question d'ailleurs que les trois religions prient ensemble avec les mêmes mots. C'est bien à tour de rôle, avec les prières propres à chacune de leur religion, que les trois responsables, le juif, le chrétien et le musulman ont prié, et cela dans un lieu neutre : non pas une église, mais dans les jardins du Vatican où il n'y avait aucun signe religieux particulier.
En acceptant de participer à cette cérémonie qualifiée "d'invocation pour la paix", chaque représentant manifestait toutefois ainsi la valeur de la prière de l'autre. D'autant que cette prière avait un même but : demander la paix au Proche-Orient !
"La prière peut tout, avait dit le pape François dans un tweet à la veille de la rencontre, utilisons-la pour porter la paix au Proche-Orient et dans le monde entier". "Avec l'aide de Dieu, nous pouvons arriver à des résultats" a déclaré le patriarche orthodoxe Bartolomée, également présent lors de "l'invocation pour la paix". En s'associant à cette initiative, le juif Shimon Peres et le musulman Mahmoud Abbas ont manifesté aussi leur foi en un dieu de paix, un signe très fort pour le Proche-Orient où la religion a souvent servi de couvert à la violence.
Lors d'une édition spéciale, la chaîne KTO retransmet la cérémonie en silence dans la vidéo ci-dessous. Trois religieux, un rabbin, un imam et un prêtre catholique en commentent les enjeux.
Vidéo : L'invocation pour la paix (cérémonie à partir de 27:00)
En acceptant de participer à cette cérémonie qualifiée "d'invocation pour la paix", chaque représentant manifestait toutefois ainsi la valeur de la prière de l'autre. D'autant que cette prière avait un même but : demander la paix au Proche-Orient !
Avec l'aide de Dieu, nous pouvons arriver à des résultats
"La prière peut tout, avait dit le pape François dans un tweet à la veille de la rencontre, utilisons-la pour porter la paix au Proche-Orient et dans le monde entier". "Avec l'aide de Dieu, nous pouvons arriver à des résultats" a déclaré le patriarche orthodoxe Bartolomée, également présent lors de "l'invocation pour la paix". En s'associant à cette initiative, le juif Shimon Peres et le musulman Mahmoud Abbas ont manifesté aussi leur foi en un dieu de paix, un signe très fort pour le Proche-Orient où la religion a souvent servi de couvert à la violence.
Lors d'une édition spéciale, la chaîne KTO retransmet la cérémonie en silence dans la vidéo ci-dessous. Trois religieux, un rabbin, un imam et un prêtre catholique en commentent les enjeux.
Vidéo : L'invocation pour la paix (cérémonie à partir de 27:00)
Les trois communautés religieuses ont donc prié à tour de rôle, dans l'ordre correspondant à l'apparition historique de chaque religion : juive, chrétienne et musulmane.
D'autre part les trois prières ont suivi le même plan : un temps de remerciement pour la Création, un temps de demande de pardon "pour toutes les fois où nous n'avons pas su agir comme des frères et des soeurs", un temps pour demander la Paix pour la "Terre sainte" et demander à être des "ouvriers de paix".
L'invocation démarre donc par la prière juive : des rabbins récitent des psaumes en hébreu, disent une prière de repentir du Yom Kippour, puis un orchestre prolonge le recueillement notamment avec le célèbre chant juif invitant à la paix "Shalom Aleichem". Enfin un rabbin ukrainien dit une prière demandant à Dieu de donner la paix.
Puis un religieux orthodoxe ouvre la prière chrétienne en lisant le prophète Isaie : "J'exulterai dans Jérusalem, on n'y entendra plus de pleurs ni de cris... Le lion et l'agneau auront même pâture, le lion comme le boeuf mangera du fourrage, il n'y aura plus de mal ni corruption sur ma montagne sainte". Des prélats catholiques lisent des prières, demandent pardon pour ceux qui ont été offensés et ont vu leurs droits bafoués. Le son cristallin d'une harpe s'élève tandis que les rayons du soleil tombent sur les participants. Enfin, la prière de saint François d'Assise est dite en arabe : "Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l'amour..."
Entièrement dite en arabe, langue du coran, la prière musulmane s'élève à son tour, prière d'adoration et de louange : "Ô Dieu, tu nous as créés et nous sommes tes serviteurs, nous cherchons refuge en toi... Ô Miséricordieux des Miséricordieux, pardonne nos transgressions et nos péchés, répand ta bonté et ta guérison"... Le recueillement est intense.
D'autre part les trois prières ont suivi le même plan : un temps de remerciement pour la Création, un temps de demande de pardon "pour toutes les fois où nous n'avons pas su agir comme des frères et des soeurs", un temps pour demander la Paix pour la "Terre sainte" et demander à être des "ouvriers de paix".
L'invocation démarre donc par la prière juive : des rabbins récitent des psaumes en hébreu, disent une prière de repentir du Yom Kippour, puis un orchestre prolonge le recueillement notamment avec le célèbre chant juif invitant à la paix "Shalom Aleichem". Enfin un rabbin ukrainien dit une prière demandant à Dieu de donner la paix.
"Le lion et l'agneau auront même pâture, le lion comme le boeuf mangera du fourrage"
Puis un religieux orthodoxe ouvre la prière chrétienne en lisant le prophète Isaie : "J'exulterai dans Jérusalem, on n'y entendra plus de pleurs ni de cris... Le lion et l'agneau auront même pâture, le lion comme le boeuf mangera du fourrage, il n'y aura plus de mal ni corruption sur ma montagne sainte". Des prélats catholiques lisent des prières, demandent pardon pour ceux qui ont été offensés et ont vu leurs droits bafoués. Le son cristallin d'une harpe s'élève tandis que les rayons du soleil tombent sur les participants. Enfin, la prière de saint François d'Assise est dite en arabe : "Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l'amour..."
Entièrement dite en arabe, langue du coran, la prière musulmane s'élève à son tour, prière d'adoration et de louange : "Ô Dieu, tu nous as créés et nous sommes tes serviteurs, nous cherchons refuge en toi... Ô Miséricordieux des Miséricordieux, pardonne nos transgressions et nos péchés, répand ta bonté et ta guérison"... Le recueillement est intense.
Votre participation est un grand don
Après la prière des trois communautés, le pape François a remercié ses "hôtes illustres" d'avoir honoré son invitation. "Votre participation est un grand don, dit-il dans son discours de clôture...Votre présence, messieurs les présidents, est un signe de fraternité que vous accomplissez en tant que fils d'Abraham..."
Le pape François a ensuite rappelé que tous les efforts pour parvenir à la paix devaient être poursuivis, sans en nier la difficulté : "Pour faire la paix, il faut du courage, bien plus que pour faire la guerre, il faut du courage pour dire oui à la rencontre et non à l'affrontement, oui au dialogue et non à la violence, oui à la négociation et non aux hostilités, oui au respect des accords et non aux provocations, oui à la sincérité, non à la duplicité, pour tout cela, il faut du courage, une grande force d'âme".
Sans nier la responsabilité humaine, il a alors, une dernière fois, invoqué l'aide de Dieu : "Nous avons essayé tant de fois et durant tant d'années de résoudre nos conflits avec nos forces et aussi avec nos armes… Mais nos efforts ont été vains. A présent, Seigneur, aide-nous Toi ! Donne-nous Toi la paix, enseigne-nous Toi la paix, guide-nous Toi vers la paix. Ouvre nos yeux et nos cœurs et donne-nous le courage de dire : 'plus jamais la guerre' (...) pour que la parole qui nous fait nous rencontrer soit toujours "frère", et que le style de notre vie devienne : shalom, paix, salam !"
Pour faire la paix, il faut du courage, bien plus que pour faire la guerre
Le pape François a ensuite rappelé que tous les efforts pour parvenir à la paix devaient être poursuivis, sans en nier la difficulté : "Pour faire la paix, il faut du courage, bien plus que pour faire la guerre, il faut du courage pour dire oui à la rencontre et non à l'affrontement, oui au dialogue et non à la violence, oui à la négociation et non aux hostilités, oui au respect des accords et non aux provocations, oui à la sincérité, non à la duplicité, pour tout cela, il faut du courage, une grande force d'âme".
Sans nier la responsabilité humaine, il a alors, une dernière fois, invoqué l'aide de Dieu : "Nous avons essayé tant de fois et durant tant d'années de résoudre nos conflits avec nos forces et aussi avec nos armes… Mais nos efforts ont été vains. A présent, Seigneur, aide-nous Toi ! Donne-nous Toi la paix, enseigne-nous Toi la paix, guide-nous Toi vers la paix. Ouvre nos yeux et nos cœurs et donne-nous le courage de dire : 'plus jamais la guerre' (...) pour que la parole qui nous fait nous rencontrer soit toujours "frère", et que le style de notre vie devienne : shalom, paix, salam !"
La fête de la Pentecôté
L'invocation pour la paix a eu lieu le jour où les églises chrétiennes célèbrent la fête de la Pentecôte, en mémoire du don de l'Esprit saint fait à la première église rassemblée à Jérusalem, 50 jours après la résurrection du Christ : la Bible raconte que ce jour-là, des juifs de toutes langues et peuples sont à Jérusalem pour célébrer la fête juive de Shavouot, lorsque des langues de feu se posent sur eux. Ils reçoivent alors le don de se comprendre dans toutes leurs langues et se mettent à partager la même foi.
Dans le judaïsme, la fête de shavouot ou fête des semaines célébrait le don de la loi fait par Dieu à Moïse.
Dans le judaïsme, la fête de shavouot ou fête des semaines célébrait le don de la loi fait par Dieu à Moïse.