Encore un rapport sur l'emploi et le chômage des jeunes, dira-t-on ! Sauf que celui-ci, rendu à François Hollande le 24 avril 2014, est signé par Gérard Mestrallet, qui est non seulement un chef d'entreprise, patron de GDF Suez, mais aussi le président de la Fondation Agir contre l'exclusion (FACE), un réseau de 4 750 dirigeants qui s'engagent à agir contre l'exclusion, la discrimination et la pauvreté.
De ce point de vue "le rapport Mestrallet est le premier du genre" souligne la FACE, car il émane des entreprises et non du monde de l'éducation... Bonne idée de demander à ceux qui créent l'emploi, comment on peut réduire le chômage.
Sur les cinq grands axes retenus, soulignons les deux premiers : il faut rapprocher durablement l'entreprise de l'école (axe 1) et faire de l'alternance une voie d'excellence (axe 2), dit le rapport. Des voeux pieux déjà énoncés cent fois ? Certes, sauf que cette fois-ci, les chefs d'entreprise ont regardé dans le détail et ont listé 150 mesures concrètes... dans lesquelles l'Etat pourra piocher s'il le décide.
De ce point de vue "le rapport Mestrallet est le premier du genre" souligne la FACE, car il émane des entreprises et non du monde de l'éducation... Bonne idée de demander à ceux qui créent l'emploi, comment on peut réduire le chômage.
Sur les cinq grands axes retenus, soulignons les deux premiers : il faut rapprocher durablement l'entreprise de l'école (axe 1) et faire de l'alternance une voie d'excellence (axe 2), dit le rapport. Des voeux pieux déjà énoncés cent fois ? Certes, sauf que cette fois-ci, les chefs d'entreprise ont regardé dans le détail et ont listé 150 mesures concrètes... dans lesquelles l'Etat pourra piocher s'il le décide.
Combler le fossé entre l'école et l'entreprise : stages, formation, relations
Pour rapprocher l'entreprise de l'école, le rapport préconise diverses mesures, dont certaines touchent aux structures. Il n'est un secret pour personne que l'Education nationale est un univers à part, régi par une pédagogie et une vision du monde souvent bien éloignées du monde économique...
Le rapport suggère donc que les entreprises aient des représentants à l'école à tout niveau (proposition n°2), que la découverte du monde professionnel soit enseignée aux futurs enseignants dans leurs centres de formation ou ESPE (n°4) et que les enseignants, eux-mêmes, puissent faire des stages en entreprise (n°5) !
Cette dernière proposition, moins médiatique que d'autres, n'en est pas moins "révolutionnaire" si l'on se rappelle que les enseignants, du fait de leur cursus, n'ont en général eu aucune expérience de travail en entreprise, à l'exception sans doute de ceux des lycées professionnels.
Ceci fait le lien avec les propositions concernant les élèves : le rapport propose en effet d'enseigner "la création d'entreprise à l'école" (n°8) en donnant la bonne idée de faire travailler sur des micro-entreprises, et d'initier "à l'entreprise dès le primaire". On pourrait ainsi intégrer au "socle commun de connaissances et de compétences", visé en fin de scolarité obligatoire, une huitième compétence sur "les univers de travail, les métiers et l’orientation", co-validée avec un représentant d’entreprise (après le stage de découverte) et un enseignant (n°7).
De quoi bousculer le monde enseignant français souvent méfiant à l'égard de l'entreprise. Rappelons que la France a seulement décidé en 2013 de créer un enseignement à l'entrepreneuriat dans l'enseignement supérieur à tout niveau.
Enfin le rapport préconise aussi d'organiser "avec les entreprises" des "Assises nationales de l'orientation, de la formation et de l'insertion" qui seraient toutefois précédées d'expériences régionales.
Le rapport suggère donc que les entreprises aient des représentants à l'école à tout niveau (proposition n°2), que la découverte du monde professionnel soit enseignée aux futurs enseignants dans leurs centres de formation ou ESPE (n°4) et que les enseignants, eux-mêmes, puissent faire des stages en entreprise (n°5) !
Cette dernière proposition, moins médiatique que d'autres, n'en est pas moins "révolutionnaire" si l'on se rappelle que les enseignants, du fait de leur cursus, n'ont en général eu aucune expérience de travail en entreprise, à l'exception sans doute de ceux des lycées professionnels.
Ceci fait le lien avec les propositions concernant les élèves : le rapport propose en effet d'enseigner "la création d'entreprise à l'école" (n°8) en donnant la bonne idée de faire travailler sur des micro-entreprises, et d'initier "à l'entreprise dès le primaire". On pourrait ainsi intégrer au "socle commun de connaissances et de compétences", visé en fin de scolarité obligatoire, une huitième compétence sur "les univers de travail, les métiers et l’orientation", co-validée avec un représentant d’entreprise (après le stage de découverte) et un enseignant (n°7).
De quoi bousculer le monde enseignant français souvent méfiant à l'égard de l'entreprise. Rappelons que la France a seulement décidé en 2013 de créer un enseignement à l'entrepreneuriat dans l'enseignement supérieur à tout niveau.
Enfin le rapport préconise aussi d'organiser "avec les entreprises" des "Assises nationales de l'orientation, de la formation et de l'insertion" qui seraient toutefois précédées d'expériences régionales.
Alternance : créer un nouveau contrat "d'alternance en CDI" ?
Le deuxième axe du rapport, qui veut privilégier les formations en alternance, commence par redire ce qu'on sait déjà et qui se confirme au fil des années : l'alternance représente une "arme efficace" contre le chômage des jeunes. "Deux étudiants sur trois recevant une formation en apprentissage sont embauchés avant même d'être diplômés", rappelle Gérard Mestrallet.
L'intérêt du rapport est là encore de ne pas rester au niveau des objectifs ou des intentions mais de proposer des mesures plutôt nouvelles, sans dispenser l'Etat de certaines critiques sur ses politiques.
Dans l'ensemble, le rapport suggère de "développer la culture de l'alternance comme voie d'excellence" en proposant l'alternance école/entreprise très tôt à l'école et dans tous les cursus. Il faut lutter contre ses "deux handicaps": "un préjugé selon lequel la formation scolaire, purement théorique, serait meilleure" et une "approche trop juridique des dispositifs".
Entre autres propositions, il suggère de favoriser par des aides fiscale, sociale ou financière "l'alternance en CDI" (proposition 24), c'est-à-dire des CDI pour les jeunes incluant une période d'apprentissage. Une façon de prendre acte de ce qui se pratique déjà dans nombre d'entreprise où l'apprentissage est considéré comme un pré-recrutement.
Mais le rapport est réaliste : toutes les entreprises ne peuvent recruter leurs apprentis et il faudrait alors créer un dispositif de sortie d'alternance et d'accompagnement du jeune vers l'emploi (n°26) pour lui éviter la case chômage.
L'intérêt du rapport est là encore de ne pas rester au niveau des objectifs ou des intentions mais de proposer des mesures plutôt nouvelles, sans dispenser l'Etat de certaines critiques sur ses politiques.
Dans l'ensemble, le rapport suggère de "développer la culture de l'alternance comme voie d'excellence" en proposant l'alternance école/entreprise très tôt à l'école et dans tous les cursus. Il faut lutter contre ses "deux handicaps": "un préjugé selon lequel la formation scolaire, purement théorique, serait meilleure" et une "approche trop juridique des dispositifs".
Entre autres propositions, il suggère de favoriser par des aides fiscale, sociale ou financière "l'alternance en CDI" (proposition 24), c'est-à-dire des CDI pour les jeunes incluant une période d'apprentissage. Une façon de prendre acte de ce qui se pratique déjà dans nombre d'entreprise où l'apprentissage est considéré comme un pré-recrutement.
Mais le rapport est réaliste : toutes les entreprises ne peuvent recruter leurs apprentis et il faudrait alors créer un dispositif de sortie d'alternance et d'accompagnement du jeune vers l'emploi (n°26) pour lui éviter la case chômage.
Emplois d'avenir ou alternance ? Les deux s'il-vous-plaît
Enfin le rapport n'épargne pas les critiques : il signale qu'en 2013, après trois années de montée en puissance, le nombre de contrats d’alternance a baissé, et cela "en partie par la concurrence des Emplois d'avenir" ainsi qu'à cause de la crise. Ainsi, les entrées en apprentissages ont reculé de 8% par rapport à 2012 et celles en contrats de professionnalisation de 5%.
Cela ne l'empêche pas de proposer "d'augmenter très sensiblement l’aide accordée par l’État pour le recrutement d'un emploi d’avenir dans le secteur marchand (actuellement 35% du SMIC jusqu'à 36 mois) lorsque ces contrats sont conclus avec un objectif de qualification préparée sous une forme d'alternance, afin d’augmenter la mobilisation des entreprises en faveur de ce dispositif". (proposition n°28).
Reste à savoir comment l'Etat pourrait financer ces diverses mesures, une partie du financement des emplois d'avenir ayant été faite au détriment des aides accordées aux entreprises pour les embauches d'apprentis. D'autant que le rapport Mestrallet propose de ne pas réserver l'apprentissage aux moins de 26 ans, mais de l'élargir aux chômeurs de longue durée !
François Hollande ayant pour l'instant repris cette dernière idée, on peut se demander si les jeunes ne vont finalement pas pâtir du succès de l'alternance, qui leur était au départ destinée. On sera d'autant plus attentif aux mesures du rapport Mestrallet que le gouvernement décidera de mettre en oeuvre, ou pas.
Télécharger le texte du rapport complet ci-dessous (pdf) :
Cela ne l'empêche pas de proposer "d'augmenter très sensiblement l’aide accordée par l’État pour le recrutement d'un emploi d’avenir dans le secteur marchand (actuellement 35% du SMIC jusqu'à 36 mois) lorsque ces contrats sont conclus avec un objectif de qualification préparée sous une forme d'alternance, afin d’augmenter la mobilisation des entreprises en faveur de ce dispositif". (proposition n°28).
Reste à savoir comment l'Etat pourrait financer ces diverses mesures, une partie du financement des emplois d'avenir ayant été faite au détriment des aides accordées aux entreprises pour les embauches d'apprentis. D'autant que le rapport Mestrallet propose de ne pas réserver l'apprentissage aux moins de 26 ans, mais de l'élargir aux chômeurs de longue durée !
François Hollande ayant pour l'instant repris cette dernière idée, on peut se demander si les jeunes ne vont finalement pas pâtir du succès de l'alternance, qui leur était au départ destinée. On sera d'autant plus attentif aux mesures du rapport Mestrallet que le gouvernement décidera de mettre en oeuvre, ou pas.
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