C'est quelques minutes avant le début de la messe de 11h, devant la basilique Notre-Dame de Fourvière, dimanche 30 mars, qu'une soixantaine de personnes ont voulu manifester contre les propos tenus par Benoît XVI sur le préservatif. "La capote, c’est la vie, l’Eglise l’interdit", proclamait leur banderole. Face à eux, quelques dizaines de jeunes catholiques témoignaient au contraire de leur attachement au pape. La confrontation aurait pu tourner au vinaigre si le cardinal archevêque de Lyon, monseigneur Barbarin en personne, n'avait proposé de recevoir sur le champ une délégation des manifestants à l’issue de la messe. "Il y a une incompréhension de fond douloureuse", a-t-il regretté, et il faut créer les conditions d’un dialogue dans le respect mutuel".
Sept manifestants reçus par le cardinal Barbarin
Sédicom Lyon
Les sept manifestants reçus à l’archevêché ont exprimé le besoin de comprendre la position de l’Eglise en matière de prévention contre le sida. L’un d’eux, homosexuel et catholique, a dit combien il était aujourd’hui déchiré. Après les avoir écoutés, le cardinal Barbarin a d’abord voulu relire avec eux l'intégralité de la déclaration du pape sur le sida (voir vidéo ci-dessous) dont n'a bien souvent été extraite que la phrase sur le préservatif. "Je dirais que l’on ne peut pas dépasser ce problème du sida avec seulement de l’argent, qui est nécessaire, mais s’il n’y a pas l’âme, avait déclaré Benoît XVI, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut pas dépasser le fléau avec la distribution de préservatifs. Au contraire, ils augmentent le problème." Le cardinal a ensuite expliqué que l'Eglise catholique pour qui "Dieu est amour", voulait la réussite de l’amour humain, notamment par l’éducation, ce qui suppose "une humanisation de la sexualité" comme l'indiquait aussi Benoît XVI dans sa déclaration africaine".
''Que personne ne soit jugé, que tous soient aimés''
Ferruccio Nuzzo / SEDICOM Lyon
Si les représentants des associations homosexuelles et de lutte contre le sida ont apprécié ce dialogue, tous les désaccords n'ont cependant pas été levés. Que dire en particulier à ceux qui ne partagent pas cet idéal ? "Si l’on n’est pas d’accord avec le chemin proposé par Dieu, que l’on ne se donne pas la mort et qu’on ne la donne pas aux autres, a répondu l'archevêque de Lyon. Pour votre bien et pour celui des autres, s’il vous plaît, respectez la vie. C’est notre trésor !" Le cardinal a rappelé le caractère premier et non négociable de ce commandement : "Tu ne tueras pas" . Les manifestants sont en tout cas tombés d’accord pour affirmer le besoin d’éducation en matière sexuelle : il ne suffit pas de distribuer des préservatifs, une véritable démarche éducative est nécessaire. "L’Eglise n’est pas la seule à croire à l’amour, à en montrer la beauté, la grandeur et les exigences", a par ailleurs déclaré le cardinal Barbarin. A l’issue de cet entretien, les représentants de la manifestation ont invité le cardinal à une formation donnée par l’association "Etudiants contre le sida", qui milite pour une prévention accompagnée et éducative. Retrouvez le compte-rendu de la rencontre sur le site lyon.catholique.fr