"Tu m'aimes tu me respectes" : une campagne pour prévenir les violences sexuelles chez les ados


La région Ile-de-France a lancé le 13 novembre une campagne pour prévenir les violences sexuelles dans les relations amoureuses des 15-18 ans. Tu m'aimes ? Tu me respectes ! Le slogan est déployé dans des vidéos, sur les réseaux sociaux et dans les 470 lycées franciliens.





"Tu m'aimes tu me respectes" : une campagne pour prévenir les violences sexuelles chez les ados
"Tu ne m'as pas trompé, t'as fait pire que ça : t'as joué avec ma confiance"... Voilà ce qu'une lycéenne de 16 ans s'est entendue dire par son petit ami, alors qu'elle venait d'être violée par un autre.

Vous pensiez que les relations amoureuses des ados étaient tendres et sans nuages ? Quittez le monde des Bisounours ! La campagne qu'a lancée le 13 novembre 2017 le centre Hubertine Auclert en Ile-de-France révèle que les premières expériences sexuelles peuvent s'accompagner de violences plus souvent qu'on ne le pense : plus d'1 jeune femme sur 7 déclare avoir subi des violences psychologiques, physiques ou sexuelles.

Et 16% des agressions sexuelles au cours de la vie se déroulent entre 15 et 17 ans...


La campagne "Tu m'aimes tu me respectes" encourage les filles à dire non

C'est la raison de cette campagne de communication qui vise les 15-18 ans. Rappelons qu'en France, l'âge du premier baiser est en moyenne de 14 ans, et celui de la première relation sexuelle de 17 ans 1/2.

"Il est urgent de sensibiliser les jeunes, notamment lors de l’entrée dans la vie amoureuse et sexuelle, explique le centre Hubertine Auclert . Il s’agit d’une période où se manifestent les premiers effets de contrôle, de jalousie, de dénigrement et de non-respect du consentement."

Pour l'association qui a conçu la campagne #TuMaimesTumeRespectes, ces comportements seraient l'expression de mécanismes sexistes intériorisés dès l'enfance. Les 4 vidéos encouragent donc les filles à oser "dire non". 

Votre copain veut contrôler tout ce que vous faites, notamment toutes vos sorties ? Il vous humilie en public, et vous force à des pratiques sexuelles qui vous dégoûtent ? Tout cela n’a pas sa place "dans une relation amoureuse où chacun-e doit pouvoir continuer à être libre et se faire confiance", indique la campagne.

Les spots vidéos de la campagne TMTR

La campagne est relayée par un mini-site internet www.tumaimestumerespectes.com  où l'on trouve des informations, des quiz (pour "tester" son couple !), et aussi de nombreux numéros d'associations à appeler pour se faire aider en cas d'agressions ou de menaces.

Sur les réseaux sociaux, on peut la relayer sous le hashtag #TMTR

Etes-vous vraiment libre de dire oui ou non ?

La campagne TMTR rappelle aussi que les relations amoureuses doivent être vécue dans le respect... et l'amour. Un acte sexuel doit être consenti librement, sinon il s'agit d'un viol ! 

Une campagne lancée en 2016 par l'espace Santé de l'université de Bordeaux soulignait aussi l'existence d'une "zone grise" où l'un des partenaires ne dit ni oui, ni non.  Résultat : beaucoup de relations sexuelles ont lieu sans consentement réel (sans parler des relations sous l'emprise de l'alcool). Cela contribue pour les jeunes à une grosse perte d'estime de soi, sans compter les risques sanitaires.
 
Affiche de la campagne menée à l'université de Bordeaux en 2016.
Affiche de la campagne menée à l'université de Bordeaux en 2016.

Adolescence : rester célibataire permet de forger sa volonté

Mais il n'est pas toujours simple de savoir si l'on veut ou pas, si l'on est prêt(e) ou pas, d'autant que l'environnement pousse parfois à se mettre en couple très jeune.

Dans ses ouvrages et sur son blog, la sexologue et lanceuse d'alerte Thérèse Hargot prévient contre les fragilités des couples adolescents. "Avant d'être avec quelqu'un, il faut être quelqu'un", souligne-t-elle en conseillant aux adolescents de rester "célibataires" pour forger leur personnalité.

"La solitude permet peu à peu l'émergence du "moi" qu s'exprime au travers d'une volonté, dit-elle, ll n'y a que dans l'expérience fondamentale de la solitude qu'on devient un sujet libre et pour cela, quand on est adolescent, rien de tel que le célibat".


Violences sexuelles : le reflet du déferlement de la pornographie

Le nombre effarant d'actes de violences sexuelles révélés depuis l'automne 2017 renvoie aussi le reflet d'un monde défiguré par le fléau de la pornographie. Comment s'étonner de ces comportements violents, sexistes et non respectueux quand la seule éducation de bien des garçons se fait par le porno ?

"Il ne faut pas seulement sensibiliser les filles comme nous le faisons en ce moment, il faut aussi éduquer les garçons dès l'adolescence", a déclaré Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France au lancement de la campagne TMTR. 

Pour y arriver, il faudra certainement plus qu'une simple campagne de prévention : c'est une véritable éducation à une sexualité responsable qu'il faudrait promouvoir, comme le fait par exemple la pédagogie Teenstar qui aide les jeunes à unifier le corps, les émotions et la relation à l'autre. Alors le "Tu m'aimes" retrouvera tout son sens...



Rédigé par le Mardi 14 Novembre 2017

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