Stonehenge : des archéologues percent le mystère

C'est dans la très sérieuse Société des antiquaires de Londres, que les deux savants anglais, Geoffrey Wainwright et Timothy Darvill, professeurs d'archéologie à l'université de Bournemouth, ont révélé aux journalistes les conclusions de leur campagne de fouilles.
En avril 2008, ils ont en effet dirigé les premières recherches archéologiques sur le site depuis 44 ans.
"Nous avons trouvé plusieurs raisons de croire que les pierres ont été construites dans le cadre d'une croyance dans un processus de guérison", a déclaré le Pr Wainwright. Ces preuves, ce sont d'abord les squelettes découverts sur place qui portaient des traces de blessures ou des signes de maladies graves. "Lorsqu'ils venaient au monument de Stonehenge, les gens étaient dans un état de détresse, pour parler poliment", a expliqué le Pr Darvill. Les archélogues ont été confirmés dans cette thèse par la découverte des ossements d'un jeune homme qui avait contre lui des morceaux de pierre bleue, la même roche que celle constituant le premier cercle de pierre du site.

Célèbre dans le monde entier, le site de Stonehenge (mot à mot "Pierres suspendues"), situé dans le sud de l'Angleterre, est constitué de cercles concentriques de grands menhirs. Au centre se trouvent deux cercles de rares roches bleues, d'autant plus étonnantes qu'elles proviennent du Pembrokeshire, au Pays de Galles. Quest-ce qui a bien pu pousser des hommes de la préhistoire à déplacer sur 250 kilomètres ces géantes sinon une croyance dans leurs vertus extraordinaires ? Jusque-là toutefois, on avait peu d'explications scientifiques à fournir et les thèses les plus fantaisistes circulaient sur le "mystère de Stonehenge" : les cercles avaient sans doute une signification religieuse voire magique, mais on ignorait laquelle. Constituaient-ils un lieu d'observation astronomique, un temple sacré, ou simplement un gigantesque cimetière puisqu'on avait repéré des squelettes dans le sous-sol ?

Comme toujours en archéologie, c'est l'analyse scientifiques minutieuse du moindre indice qui permet d'avancer dans l'interprétation. La quantité de dépouilles découvertes lors des fouille d'avril 2008, et surtout la trace de leurs maux, plaident pour la signification curative du lieu. Un village préhistorique de grande taille avec d'autres dépouilles ayant été découvert tout près, on pense que les malades venaient là de toute l'Angleterre. Et pour quoi sinon chercher une guérison ou un mieux être ? Stonehenge était une sorte de "Lourdes préhistorique" comme on a pu le dire. On ignore toutefois encore beaucoup de choses sur les rites, les croyances et la façon dont les choses se passaient. Les deux archéologues anglais ont donc reconnu que le site puisse avoir d'autres usages : lieu de culte, de sacrifices, calendrier astronomique...

Par contre, ils ont pu dater précisément le site, grâce à la technique du carbone 14 : Stonehenge a été construit en 2300 avant J.C, quelque 300 ans plus tard que les dates avancées jusqu'à maintenant. C'est la fin du néolithique, la dernière période de la préhistoire : les hommes pratiquent l'agriculture et vivent dans des villages. Ils enterrent leurs morts depuis bien longtemps et maîtrisent bien sûr le feu. C'est aussi l'âge de bronze. A cette époque, au Proche-Orient, l'écriture est découverte (depuis 3000 avant J-C) : c'est le passage à l'histoire. Les hommes de Stonehenge eux, ne semblaient pas pratiquer l'écriture... ce qui est bien dommage, car on n'a bien sûr aucun document écrit pour comprendre leur civilisation. On peut toutefois rapprocher ces découvertes de ce que vivent des hommes à la même époque à d'autres endroits du monde.