Dans le jargon des pros des RH, il s'agit d'améliorer "l'expérience candidat" et de valoriser sa "marque employeur". Ainsi le groupe Sopra Steria annonce qu'il propose cette année des escape games pour accueillir ses candidats stagiaires en France et à l’international.
Ce spécialiste des services numériques aux autres entreprises ne recrute pas moins de 1000 stagiaires et 350 alternants par an, dont beaucoup se voient offrir ensuite un CDI. Alors dans ce secteur en forte croissance, il faut rivaliser d'imagination pour séduire les jeunes diplômés et gagner la guerre des talents.
Un escape game pour se mettre à l'aise avant l'entretien d'embauche
En réalité, l'entreprise précise que l'exercice n'est "ni obligatoire ni éliminatoire" et vise uniquement à mettre les candidats "à l'aise". Toutefois on imagine mal un candidat refuser le "challenge" présenté par les recruteurs comme "une activité collective et ludique" qui met en œuvre des valeurs comme "la curiosité, l’écoute, l'humilité, l’esprit d’équipe"… tiens, justement des qualités attendues des candidats.
"Les candidats apprécient beaucoup ce préambule qui permet de briser la glace", assure Christelle Pradier, directrice du recrutement Sopra Steria. De fait, Julia, candidate à un stage a plutôt aimé : "C'est la 1ère fois que je participais à un escape game. J'ai totalement fait abstraction du cadre professionnel pour me prendre au challenge du jeu ! Je suis arrivée ensuite à mon entretien d’évaluation avec moins d'appréhension".
Rivaliser avec l'esprit startup
La vérité, c'est que dans les secteurs et les métiers en forte croissance, les grands groupes ne rivalisent pas seulement entre eux. Il leur faut désormais compter avec les startups, notamment dans le numérique, qui recrutent aussi un bon nombre de jeunes diplômés. Les startups offrent certes moins de sécurité, mais elles promettent du fun, du challenge, du collaboratif et de la créativité ! Un escape game permanent.
Alors, on comprend la course des grandes entreprises pour innover dans le recrutement. Il faut changer de discours pour redorer son blason, valoriser le "bien-être" du collaborateur, lui proposer du sens, lui trouver la "tribu qui lui ressemble" et pour finir, être "the best place to work"...
Des tests de personnalité chez ENGIE
C'est ainsi qu'un grand groupe énergétique français, ENGIE, renouvelle aussi son image. D'abord, pardon, c'est d'un "acteur majeur dans la transition énergétique" qu'il faut parler... Nous pensions tous qu'il travaillait dans l'exploitation du gaz naturel, mais ce serait trop plat. L'employeur explique qu'il compose avec l'ensemble des éléments naturels : l’eau, l’air, la terre, le feu.
Mais surtout : "pour mener à bien à sa mission, ENGIE a besoin d’un ultime élément : des collaborateurs qui lui ressemblent". Alors on vous propose de devenir "le 5ème élément", pas moins que ça. L'élément qui doit "matcher" parfaitement avec cet univers cosmique pour enclencher la fameuse transition énergétique. Whaouh ! Pas mal ! D'autant que le recruteur concrétise : pour savoir si vous êtes le 5ème élement qui manque, on vous propose de faire un test de personnalité.
Vous accédez sur le site recrutement du groupe au Matching Energy, un quiz en 5 questions qui causent sport, voyage, engagement ou traits de caractère et vous découvrez au bout avec quel type de profil vous "matcheriez" le mieux dans l'entreprise. Comme les réseaux sociaux sont passés par là, on vous propose alors le témoignage d'un vrai collaborateur avec qui vous pouvez échanger par mail, Twitter ou LinkedIn à propos d'Engie...
La percée du recrutement prédictif
L'idée ? Faire là encore "matcher" plus finement les profils recherchés par les entreprises avec les bons candidats. Pour cela, l'entreprise définit très exactement à l'avance les profils qui réussissent bien dans chaque type de poste. Des stats et des données précises lèvent le voile sur les conditions du succès. AssessFirst rentre tout cela dans le ventre de sa machine, et l'algorithme tire du chapeau les profils des candidats qui correspondent le mieux.
A l'autre bout de la chaîne, le candidat, lui, remplit en effet un test de personnalité de 90 questions... voire un questionnaire vidéo. Si vous avez la chance d'avoir le caractère et la personnalité qui "matche" avec ce qu'attend l'employeur, alors, vous passerez en semaine 2.
Si elle vend si bien aux entreprises ses solutions de recrutement prédictif, c'est que la startup promet des "résultats" aux recruteurs : moins d'erreurs de recrutement, moins de turnover, et des équipes plus performantes.
Dès la création de son profil, le candidat est invité à compléter le questionnaire AssessFirst. Il obtient alors un bilan complet de son potentiel : la façon dont il pense, ce qui l’anime et le motive vraiment, les comportements qu’il a tendance à adopter de manière privilégiée.
Lorsqu’il postule ensuite à une offre d’emploi, son profil est automatiquement rapproché du profil idéal recherché par l’entreprise. Il accède alors à 2 informations cruciales : sa probabilité de réussir sur le poste et sa probabilité de s’y épanouir sur le long terme.
S’il le souhaite, il peut alors pousser son profil en 1 clic.
Autre innovation récente de l'outil, le candidat peut suivre l'évolution de sa candidature en temps réel. "Lorsque nous commandons un taxi sur Uber, une pizza sur Foodora ou un livre sur Amazon, nous pouvons suivre l’évolution de notre commande en temps réel, en juste un ou deux clics. Pour nous, il n’était plus possible de proposer une expérience de recrutement dans laquelle 86% des candidatures étaient laissées sans suite", explique David Bernard, CEO d’AssessFirst.
Concrètement, chaque fois qu’un recruteur change le statut d’un candidat dans une campagne de recrutement gérée sur AssessFirst, celui-ci en est automatiquement notifié sur son tableau de bord personnel.
Et la montée des soft skills
"Dans les grandes écoles françaises, on accorde encore trop peu d'importance aux compétences relationnelles ou managériales", explique Emmanuel Loevenbruck, coach et formateur, initiateur d'une formation dédiée à ces fameux soft skills. "Or savoir faciliter la relation et bien se positionner dans une équipe pour impulser le changement est essentiel", dit-il.
Pour aider les étudiants à mieux se connaitre et à identifier ces compétences transversales, une association a aussi mis au moins un outil gratuit : la plateforme jobready.fr vous aide à relire vos diverses expériences (en stage mais aussi en association, en service civique ou dans la vie personnelle) et à identifier les compétences que vous avez déjà développées.
L'outil aide ensuite à les valoriser en les inscrivant sur son CV, sur un profil LinkedIn, et sélectionne ensuite des suggestions pour vous faire monter en compétences : faire un stage, suivre un cours en ligne, s'engager dans une association... Vous apprenez ainsi à parler la langue des "soft skills", vous prenez confiance en vous et vous êtes moins sec pour remplir les rubriques "autres" d'un CV ou pour répondre à un recruteur qui vous posera cette question rituelle : "Parlez-moi de vous..."