Soirée "spéciale coke" à Paris : alerte à la cocaïne !


La préfecture de Paris a organisé le 3 juin une soirée originale d'information sur les dangers de la cocaïne. Soirée "spéciale coke", en partenariat avec les milieux de la fête et de la nuit.





Soirée "spéciale coke" à Paris : alerte à la cocaïne !
C'est sous les voûtes ancestrales de la Conciergerie, l'ancienne prison royale (!), que la préfecture de Paris avait organisé cette inhabituelle  "soirée spéciale coke". A l'heure de  "l'after-work" où les jeunes pros et les étudiants se laissent volontiers tenter par un verre dans les bars, un public varié envahit cette cave historique : la presse, les professionnels de la prévention anti-drogue, mais aussi des responsables étudiants, des bloggers "influents", et aussi pas mal de tenanciers de bars ou discothèques ont été invités, tandis des internautes ont pu s'inscrire pour la soirée. A l'entrée, un contrôle policier serré demande pourtant à chacun de montrer "patte blanche".

Il faut dire que nous sommes à deux pas du Palais de justice, et du mythique "Quai des Orfèvres", QG de la police parisienne. Et que dès l'entrée dans la Conciergerie, sous des présentoirs en verre, on peut voir des prises de cocaïne sous toutes ses formes : galettes ou cailloux de crack, poudre blanche, matériel pour se faire une ligne...

La consommation de cocaïne progresse

Cette boîte de conserve de haricots contenait en réalité 200 g de cocaïne. La police l'a découverte dans un camion qui en transportait 17000. Photo : Préfecture de police.
Cette boîte de conserve de haricots contenait en réalité 200 g de cocaïne. La police l'a découverte dans un camion qui en transportait 17000. Photo : Préfecture de police.
Des photos aussi, assez impressionnantes, des méthodes et outils utilisés par les trafiquants : sous-marins, boulettes que des "mules" (passeurs) ingèrent... Bienvenue au "musée de la cocaïne", mais pourquoi cet événement en ce 3 juin 2010 ?
Tout simplement parce que la coke progresse en France, lentement mais sûrement même si elle reste d'usage limité. 4,3% des adultes de 18 à 40 ans en consomment en 2010, alors qu'ils n'étaient que 1,2% en 1995.

Chez les étudiants, 2,2% ont déjà testé la coke, ce qui est peu comparé au cannabis (40%), mais là encore, le produit progresse. "Avant, dans mes consultations, je n'accueillais que des jeunes concernés par l'addiction au cannabis, indique Olivier Phan, psychiatre et responsable du centre Emergence à Paris : aujourd'hui, de plus en plus consomment conjointement du cannabis et de la cocaïne. l'héroïne, en revanche, est passée de mode, elle fait trop "junkie". La cocaïne bénéficie d'une meilleure image auprès des jeunes, plus "fun" : elle est malheureusement connotée "réussite" et "jet set".

Derrière la cocaïne, des dangers pour la santé mentale

La soirée à la Conciergerie consiste donc à changer l'image du produit, ou plutôt à informer des faits et des réalités souvent cachées "derrière la cocaïne" et ses usages festifs.

Des médecins spécialistes rappellent que la cocaïne agit sur les neuro-transmetteurs, ces produits qui agissent entre les neurones du cerveau, et notamment la dopamine, qui stimule le plaisir. D'où l'euphorie provoquée par les premières consommations : "On se sent en grande forme, on a un sentiment de bien-être, le contact devient facile, décrit Laurent Karila, psychiatre addictologue à l'hôpital Paul Brousse de Villejuif. Mais dès le départ, la cocaïne peut engendrer des crises d'angoisse ou un état délirant. A long terme, elle peut aussi entraîner des troubles de la mémoire, de la concentration et de l'attention, une mauvaise prise de décision, un état dépressif et un "effet parano" où le sujet se sent menacé."

Problèmes de mémoire et de concentration ? Pas excellent pour les étudiants tout ça et il faut le rappeler à ceux qui pourraient être tentés de "stimuler leur créativité" avec la coke.

Et pour la santé physique

En dehors du mental, les risques sur la santé ne sont pas plus réjouissants : parce qu'elle provoque une contraction de la plupart des vaisseaux sanguins et des troubles du rythme cardiaque, la cocaïne peut provoquer des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux (risques de paralysie), des saignements de nez et des infections de la zone ORL (nez-gorge-oreille).
Sans oublier le risque de contamination par le virus de l'hépatite ou du SIDA quand les consommateurs se repassent une paille pour sniffer ou une pipe à crack alors qu'ils ont de petites lésions du nez ou de la bouche qui saignent.

La cocaïne rend-elle dépendant ?

"La cocaïne fait partie des trois drogues les plus addictives, c'est-à-dire qui rendent le plus dépendant avec l'héroïne et le tabac." affirme Le Dr Karila. Et comment s'installe cette dépendance ? "Progressivement, mais de manière assez sournoise, répond-il. Au début, le consommateur espace ses prises jusqu'au jour où il se met à consommer pendant deux ou trois jours d'affilée, avec des breaks de deux ou trois jours. Ensuite, les cycles se rapprochent jusqu'à ce qu'il consomme tous les jours. Selon les personnes, cette entrée dans la dépendance prend entre un et dix ans, et en moyenne quatre à cinq ans. Elle est souvent associée à d'autres (tabac, cannabis, médicaments)..."

Une chose semble avérée : quand le consommateur est  "accroché", il connaît le "craving" ou l'envie irrésistible de consommer qui peut le conduire à tout...Vol, prostitution, agressions (car la coke n'est pas qu'une drogue de riches)... Le procureur de la République Jean-Claude Marin évoque la triste histoire de ce garçon de 14 ans d'abord condamné à trois mois de prison avec sursis pour deal de cocaïne : "Six mois plus tard, il était à nouveau arrêté pour tentative de meurtre".

Bilan de la soirée "spéciale coke"

Sous les voûtes de la Conciergerie, le 3 juin 2010, l'ancienne prison royale qui jouxte le Palais de juste et le Quai des orfèvres.
Sous les voûtes de la Conciergerie, le 3 juin 2010, l'ancienne prison royale qui jouxte le Palais de juste et le Quai des orfèvres.
Difficile de savoir encore si la soirée "spéciale coke" aura fait mouche. Dans l'assistance, on compte déjà pas mal de convaincus, et d'autres qui ont sans doute une expérience du produit mais la gardent pour eux. Dans l'assistance, je croise des élèves policiers qui disent "ne rien avoir appris", ou Tim, tenancier d'un bar parisien qui assure être là "seulement pour s'informer" et dit ne pas "être concerné" dans son établissement à la "clientèle familiale". Tiens, c'est drôle, tous les professionnels "de la fête" qui sont là disent la même chose ! La cocaïne, oui bien sûr je connais, mais pas chez moi bien sûr.
Il est vrai que dans le sanctuaire de la police parisienne, mieux vaut rester prudent. On aurait peut-être aimé moins d'interventions et plus de place pour le débat dans cette soirée. Mais chacun repart quand même avec sa dose d'infos sur la coke. A méditer sans modération.



Rédigé par le Vendredi 4 Juin 2010

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