Donner une seconde vie à des vêtements... et aider des femmes sans emploi
Sakina M'sa inaugure l'expo
Dans ce département marqué par la diversité des cultures, la Comorienne est comme un poisson dans l'eau. Elle poursuit son travail de styliste, créant tous azimuts, accumulant matières et tissus, plongeant aussi dans le "tissu social". Elle ne se contente pas de créer des vêtements métissés, héritiers de toutes les traditions esthétiques, ou de coller sur ses modèles des petits bouts de tissus qu'elle a fait séjourner dans la terre aux quatre coins du monde (histoire de les imprégner d'une signification particulière). Elle ne veut pas seulement donner une seconde vie à des vêtements transformés, mais veut aider des femmes issues de l'immigration à trouver un emploi, des jeunes à croire en leurs talents.
Daïka : une maison de couture et d'insertion
Sakina M'sa permet à femmes sans emploi d'apprendre la haute couture.
Pour cela, elle crée un atelier d'insertion par la couture, l'association Daïka. Des femmes issus de l'immigration et sans emploi y apprennent non seulement à coudre (ce qu'elles savent souvent déjà), mais à s'y exprimer en créant de véritables collections qui peuvent être présentées dans des défilés de haute couture et commercialisées. Car chez Sakina M'sa, l'ambition sociale va de pair avec l'exigence culturelle et professionnelle. Dans cette maison de couture d'insertion, on veut produire des vêtements dans les règles de l'art des grands ateliers.
Les femmes sont encadrées par Sakina M'sa elle-même, mais également par un chef d'atelier issu d'une grande maison de couture qui a pour mission de transmettre des savoir-faire très précis. En même temps, les participantes de l'atelier sont suivies socialement et aidées à bâtir chacune un projet professionnel.
Les femmes sont encadrées par Sakina M'sa elle-même, mais également par un chef d'atelier issu d'une grande maison de couture qui a pour mission de transmettre des savoir-faire très précis. En même temps, les participantes de l'atelier sont suivies socialement et aidées à bâtir chacune un projet professionnel.
Des femmes en grande difficulté reprennent leur vie en main
Des participantes des ateliers de customisation.
En montant le projet "l'étoffe des héroïnes", la styliste a voulu continuer à faire le grand écart entre la haute couture et la grande précarité. Trois femmes de l'association Emmaüs ont participé aux ateliers de customisation, dont deux, sans domicile fixe, étaient hébergées dans un centre d'urgence. Dynamisée par l'expérience, l'une s'est lancée dans une recherche active de travail et s'est inscrite à un cours d'apprentissage de la langue française. Une autre s'est inscrite dans une formation qu'elle a réussi à financer elle-même. La troisième a repris confiance en elle en découvrant ses capacités créatrices.
Pour Sakina M'sa, le vêtement est une seconde peau, un objet très intime
L'exposition
Sakina M'sa a certainement raison quand elle considère que le vêtement n'a pas qu'un aspect fonctionnel, mais qu'il constitue un objet de culture qui permet de traduire une nouvelle identité. Dis-moi ou montre-moi ce que tu veux porter vraiment, et tu découvriras qui tu es. Et ce que tu portes en toi. Ce que la jeune Comorienne porte en elle en tout cas, c'est un sacré pouvoir de création et une énergie peu commune. Elle aurait pu garder son talent pour l'univers de luxe et de la haute couture. Elle a préféré le partager très largement jusqu'au monde de la rue et de la précarité.