Dans un univers politique souvent marqué par l'uniformité et la langue de bois, Rama Yade étonne et détonne. Elle déroute aussi par ses prises de parole fulgurantes et ses positions péremptoires... souvent démenties pour cause de prudence diplomatique et de solidarité gouvernementale.
Ainsi à la veille de l'arrivée contestée de la flamme olympique en France, elle donne une interview au journal Le Monde dans laquelle elle dit que Nicolas Sarkozy ne pourra aller à Pékin pour les JO 2008 qu'à certaines "conditions". Et de citer trois points précis exigeant notamment de la Chine la libération des prisonniers politiques et la reprise du dialogue avec le dalaï lama. Un pavé dans la mare diplomatique puisque la jeune secrétaire d'Etat dément très vite avoir prononcé le mot "conditions".
Ainsi à la veille de l'arrivée contestée de la flamme olympique en France, elle donne une interview au journal Le Monde dans laquelle elle dit que Nicolas Sarkozy ne pourra aller à Pékin pour les JO 2008 qu'à certaines "conditions". Et de citer trois points précis exigeant notamment de la Chine la libération des prisonniers politiques et la reprise du dialogue avec le dalaï lama. Un pavé dans la mare diplomatique puisque la jeune secrétaire d'Etat dément très vite avoir prononcé le mot "conditions".
Face aux langues de vipère, elle contre-attaque
La vérité, c'est que le premier poste gouvernemental dont a hérité Rama Yade était une mission à hauts risques. Le premier risque étant d'apparaître comme un ministre "gadget", doté d'un porte-feuille alibi. Sans parler des langues de vipère qui l'ont accusée de n'être là que parce qu'elle est jeune, femme et noire. Tant pis pour les attaques dont le monde politique est pavé. Rama Yade fonce, et ne manque pas de renvoyer chacun dans ses buts. La discrimination positive pour les minorités ? "Je suis pour, répond-elle, car c'est la solution la plus viable et la plus rapide. On ne peut se permettre le luxe d'attendre que les mentalités changent !".
D'hypokhâgne au Sénat en passant par Sciences Po : un parcours classique ?
Et puis, son parcours personnel est somme toute classique. Elle n'a pas volé son poste mais gravi, plus vite que d'autres sans doute, les marches du métier politique. Bac en 94, hypokhâgne puis Sciences Po Paris. En 2002, après un stage à la mairie de Paris et à l'Assemblée, elle réussit le concours d'administrateur du Sénat. Elle y occupe d'abord un poste de conseillère technique chargée de l'emploi, de la formation professionnelle et de l'Outre-mer. Puis passe à la chaîne Public Sénat où Jean-Pierre Elkabbach la remarque. Elle devient directrice de la communication de la chaîne.
Une fille de diplomate échouée dans une cité de Colombes
Ce qui est moins classique pourtant, c'est d'être née à Dakar. D'avoir eu un père haut fonctionnaire, secrétaire particulier du président sénégalais Senghor. En 1987, elle a 11 ans, la famille vient s'installer en France où le père de Rama est nommé en poste, pour quelques mois normalement. Le hic, c'est que le père repart à Dakar tout seul. La mère de Rama se retrouve seule pour élever Rama et trois petites soeurs dans une cité de Colombes (Hauts-de-Seine). Comme elle est enseignante (mais ne peut travailler en France), elle pousse ses filles à réussir, les inscrit dans des lycées privés catholiques, veut qu'elles poursuivent leurs études.
"Il fallait toujours qu'on soit premières, ma mère n'était jamais contente", raconte Rama qui se fâche lorsqu'on la présente comme une fille de riches ou de diplomate. Elle n'a certes pas connu l'ascension sociale d'une Rachida Dati, mais connaît quand même le monde de l'immigration. Elle s'est intégrée brillamment, tout en restant pétrie de culture africaine.
"Il fallait toujours qu'on soit premières, ma mère n'était jamais contente", raconte Rama qui se fâche lorsqu'on la présente comme une fille de riches ou de diplomate. Elle n'a certes pas connu l'ascension sociale d'une Rachida Dati, mais connaît quand même le monde de l'immigration. Elle s'est intégrée brillamment, tout en restant pétrie de culture africaine.
A la tribune du grand meeting sarkozyste, elle décoche ses critique
En janvier 2007 d'ailleurs, elle écrit un livre remarqué. Son titre : "Noirs de France, Les nouveaux Neg'Marrons, Récit d'un rendez-vous manqué entre la République et les Afro-Antillais". Janvier 2007, c'est aussi la date de son décollage en politique politicienne. En 2005, elle a choisi l'UMP, ou plutôt Nicolas Sarkozy qui l'impressionne par son énergie. Et elle aussi a impressionné ceux qui l'ont côtoyé.
Le 14 janvier 2007, elle fait partie de ceux qui montent à la tribune lors de la grand messe d'intronisation du candidat Sarkozy à la porte de Versailles. Et son discours fait plus qu'impressionner, il emballe. Elle y joue de l'humour "Je n'annoncerai pas la couleur, dit-elle pour commencer. Vous l'avez tous remarqué". Puis de la férocité, pour fustiger le Parti socialiste. Mais aussi, de sa personnalité. Elle a, comme elle dit, "son petit paragraphe critique", et elle ne le garde pas dans sa poche. Elle n'a pas aimé que Nicolas Sarkozy parle dans les banlieues de "racaille" ou de "karcher", alors elle lance : "Il est toujours plus efficace de mettre les formes, notamment à l'égard de populations pour qui les mots sont importants et sont quelquefois même des événements."
Le 14 janvier 2007, elle fait partie de ceux qui montent à la tribune lors de la grand messe d'intronisation du candidat Sarkozy à la porte de Versailles. Et son discours fait plus qu'impressionner, il emballe. Elle y joue de l'humour "Je n'annoncerai pas la couleur, dit-elle pour commencer. Vous l'avez tous remarqué". Puis de la férocité, pour fustiger le Parti socialiste. Mais aussi, de sa personnalité. Elle a, comme elle dit, "son petit paragraphe critique", et elle ne le garde pas dans sa poche. Elle n'a pas aimé que Nicolas Sarkozy parle dans les banlieues de "racaille" ou de "karcher", alors elle lance : "Il est toujours plus efficace de mettre les formes, notamment à l'égard de populations pour qui les mots sont importants et sont quelquefois même des événements."
Un cheval sauvage lancé dans la diplomatie française
Une fois au gouvernement, elle a gardé son franc parler, certains disent son fichu caractère, ce qui lui vaut quand même quelques rappels à l'ordre. On la compare à un cheval sauvage, et dans les salons des cabinets ministériels et des ambassades, mieux vaut parfois la jouer un peu plus soft. Sous la houlette de Bernard Kouchner, son premier ministre de tutelle, elle a opéré un stage intensif de diplomatie française. Aux coups de gueule, elle a ajouté les entretiens au sommet avec les ministres et les chefs d'Etat. "Il faut croire au travail de la diplomatie", dit Rama quand on l'interroge sur l'avancée des droits de l'homme.
Est-ce pour la punir de n'avoir pas voulu mener la liste UMP aux élections régionales que le 23 juin 2009, elle est nommée secrétaire d'État chargée des Sports auprès du ministre de la Santé et des Sports ?
On croit Rama Yade presque enterrée, sous la houlette de Roselyne Bachelot mais c'est mal la connaître. A la veille de la Coupe du monde de foot en juin 2010, elle critique le trop grand luxe de l'hôtel de l'équipe de France. Nouveau scandale. On lui rétorque que ses frais de déplacements sont tout aussi luxueux.
Pas facile d'être le plus jeune membre du gouvernement. Pour reprendre sa liberté de parole, à la veille d'un nouveau remaniement en octobre 2010, elle écrit donc un ouvrage intitulé Lettre à la jeunesse où elle invite tous les jeunes à prendre leur place dans le monde politique. Un peu comme elle n'a pas hésité à le faire.
"En politique, dit-elle, j'incarne tout ce que les hommes politiques ne sont pas aujourd'hui : je suis une femme, je suis jeune, je suis noire et j'allais oublier, je suis musulmane. Autant dire, un ovni dans ce monde de brutes ! Mais je sais que le sens de l'histoire n'est pas avec eux !" En voilà une qui croit à sa bonne étoile, et qui n'a pas fini de faire parler d'elle...
On croit Rama Yade presque enterrée, sous la houlette de Roselyne Bachelot mais c'est mal la connaître. A la veille de la Coupe du monde de foot en juin 2010, elle critique le trop grand luxe de l'hôtel de l'équipe de France. Nouveau scandale. On lui rétorque que ses frais de déplacements sont tout aussi luxueux.
Pas facile d'être le plus jeune membre du gouvernement. Pour reprendre sa liberté de parole, à la veille d'un nouveau remaniement en octobre 2010, elle écrit donc un ouvrage intitulé Lettre à la jeunesse où elle invite tous les jeunes à prendre leur place dans le monde politique. Un peu comme elle n'a pas hésité à le faire.
"En politique, dit-elle, j'incarne tout ce que les hommes politiques ne sont pas aujourd'hui : je suis une femme, je suis jeune, je suis noire et j'allais oublier, je suis musulmane. Autant dire, un ovni dans ce monde de brutes ! Mais je sais que le sens de l'histoire n'est pas avec eux !" En voilà une qui croit à sa bonne étoile, et qui n'a pas fini de faire parler d'elle...