"Pour réussir, accordez-vous le droit à l'échec"




Rares sont ceux qui ne se sont jamais retrouvés un jour à terre. Abattus par un rude échec. Pourtant la chute n'est rien, assurent des personnalités aujourd'hui riches de belles réussites. Car l'échec peut devenir un billet pour un nouveau départ, à condition d'en tirer le meilleur.




"Pour réussir, accordez-vous le droit à l'échec"
Il abat, paralyse ou vous menace. Depuis l'école primaire, l'ombre de l'échec plane sur vos performances. De la mauvaise note au ratage d'un projet professionnel, d'une compétition sportive loupée à une vie sentimentale compliquée, le risque d'échouer est omniprésent. Encore faut-il le supporter, et apprendre à dompter son angoisse.

Gare à l'échec qui paralyse

"Le système d'éducation à la française crée des jeunes qui sont pétris par la peur de mal faire", explique Frédéric Mion, directeur de Sciences Po Paris. Une rigueur qui laisse peu de place aux écarts, à la créativité et à ceux qui n'entrent pas parfaitement dans le moule. Un constat que confirme l'écrivain Daniel Pennac, ancien cancre : "l'école m'a convaincu que je n'étais personne".

"En France, les jeunes sont paralysés par la peur de mal faire"


Si le système de notation français est régulièrement pointé du doigt, pour Frédéric Mion, c'est avant tout les mentalités qu'il faut changer. "En France, les jeunes ont la peur de mal faire, bien plus que leurs homologues étrangers que je côtoie chaque jour".

Dans l'Hexagone, l'échec est trop souvent vu comme une tare. Or, "il doit être fécond" insiste l'ancien professeur qui va même plus loin : "Le droit à l’échec est nécessaire" !

Reprendre confiance en soi grâce aux autres

Daniel Pennac (photo Wikimedia)
Daniel Pennac (photo Wikimedia)
Pourquoi l'échec est-il si difficile à encaisser, perçu comme une fin de non retour ? Pour Daniel Pennac, "nous avons peur de montrer une image de quelqu'un qui loupe, qui échoue". Une peur intimement liée à la honte face au regard des autres. Or, c'est grâce aux autres que l'on peut reprendre confiance en soi pour mieux repartir.

Pour l'ancien cancre, devenu lauréat en 2007 du prix Renaudot pour Chagrin d'école, le salut est venu d'un enseignant. "Mon professeur de littérature savait que j'étais mauvais élève mais que j'aimais raconter des histoires. Un jour, il m'a demandé un roman au lieu des devoirs habituels".
Une révélation pour celui qui allait devenir enseignant lui-même et auteur de romains à succès (Au bonheur des ogres, La Fée carabine...)

"Pour réussir, accordez-vous le droit à l'échec"
Pour la championne du monde de boxe Sarah Ourahmoune, ce personnage clé fut son entraineur. "Il a su me donner confiance en moi, même après des combats perdus".

Professeur, entraineur, collègue… pensez aussi à votre entourage proche. "L'amour tire toujours vers le haut", ajoute Daniel Pennac.

Voir venir l'échec pour mieux encaisser

Le temps joue également un rôle primordial dans cette reconstruction. Le temps de mûrir, de mieux se connaître, d'analyser l'échec pour en tirer du positif. "Il faut comprendre pourquoi notre projet a échoué, se remettre en question sans foncer tête baissée", analyse Frédéric Mion.

Pour Sarah Ourahmoune, le meilleur moyen d'affronter l'échec est de le voir venir. "Mon sport m'a appris à intégrer le risque de perdre". Appréhender l'échec permet en effet de mieux l'encaisser. "C'est grâce à cette philosophie que j'ai pu me relever après la plus grosse défaite de ma carrière : l'échec pour la qualification aux Jeux olympiques de Londres en 2012", explique la jeune maman.

"Il faut avoir des capteurs pour sentir venir l'échec et pouvoir réagir plus facilement", insiste le chef d'entreprise Philippe Berna dont la vocation était de devenir pilote de chasse, rêve devenu inaccessible après la facture de deux vertèbres. "Il faut intégrer l'échec et se préparer à encaisser les coups". Encore une fois, être bien entouré est primordial pour rebondir.

Ne pas réagir par la vengeance

Pour Daniel Pennac, le sentiment de peur ressenti par celui ou celle qui subit l'échec scolaire peut avoir des "conséquences désastreuses" : "cela peut être une désir de fuite, soit par l'addiction, soit par la fugue. L'autre façon de réagir contre la peur et la honte, c'est le désir de vengeance qui chez moi par exemple était extrêmement fort et a vraiment empoisonné mon existence.

Ce désir de vengeance peut conduire au mensonge, au vol, à la violence physique, à la constitution de bandes, explique-t-il. On cherche à devenir quelqu'un hors du système scolaire pour se venger. C'est une façon extrêmement violente de constituer une personnalité "de substitution" qui ne résout rien et ne permet pas vraiment de rebondir".

L'occasion de se révéler

Dominique Loiseau
Dominique Loiseau
"Si on ne rencontre pas d'échec, on ne vit pas pleinement", affirme Philippe Berna. Comme si un accident de parcours, un drame, vous permettait de vous révéler.

"Fille douvrier, je ne pensais jamais devenir chef d'entreprise", explique Dominique Loiseau, femme du défunt chef trois étoiles Bernard Loiseau. A la mort subite de son mari en 2003, elle se retrouve à la tête d'un empire de la gastronomie. "J'étais effondrée mais il fallait réagir". Elle repense complètement le management du groupe, jusqu'alors mené par son charismatique mari.

"L'année qui a suivi, nous avions 50% de clientèle en moins mais je me suis accrochée". Pour une entreprise cotée en bourse, c'est énorme. Aujourd'hui le groupe a conservé ses trois étoiles et retrouve des comptes stables.

"Vous auriez pu vous effondrer, vous avez relevé la tête et vous vous êtes battue pour faire perdurer, magnifier et sublimer votre entreprise", lui a dit le président de la République en la décorant de la Légion d'honneur, le 10 juin 2008 (photo).

Se donner à fond pour rebondir

Et si le vrai échec était d'avoir des regrets ? Pour Dominique Loiseau, "peu importait de retrouver le chiffre d'affaire du temps de mon mari, il fallait que je donne tout pour sauver ce qu'il avait accompli de son vivant".

Une philosophie partagée par la boxeuse Sarah Ourahmoune, qui bannit toute paresse et choisit le courage. "Pour moi, un échec en est un si j’ai des regrets, si j'ai l'impression de ne pas avoir tout donner sur le ring".

Entouré des bonnes personnes et encouragés, on peut alors reprendre force et rebondir après l'échec.

Du temps et du travail, rien ne s'arrête, tout est à construire.

Ces grands qui ont un jour connu l'échec

Les Beatles :
Le groupe mythique est longtemps rejeté par les studios d'enregistrement en raison du "son de leur musique". Leur succès planétaire prouve que leur acharnement a porté ses fruits.
 
J. K. Rowling : Avant d’être la talentueuse et richissime auteur de la saga Harry Potter, l’écrivain ruinée et divorcée doit élever un enfant seule, et écrit des romans qui ne connaissent aucun succès. En 5 ans elle devient un personnage incontournable, tout comme ces héroïnes.
 
Albert Einstein : Enfant, il accuse un retard dans la parole et la lecture jusqu’à être soupçonné de déficience  mentale. On le refuse au concours d'entrée à polytechnique. Il persiste jusqu’à obtenir le prix Nobel et changer le visage de la physique moderne.
 
Bill Gates : Avant d'être première fortune mondiale par le succès de Microsoft, l'ingénieur abandonne ses études à Harvard, fait faillite avec sa première entreprise mais insiste pour finalement bâtir son empire informatique.
 
Walt Disney : Le père de Mickey commence par être renvoyé d'un poste de rédacteur sous prétexte de manquer d'imagination puis connaît une succession de faillites et d'échecs dans des lancements d'entreprises. Il se relance dans la création… pour le bonheur de tous !

24 Mars 2014

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