Marche contre le terrorisme : des jeunes témoignent

"J'ai voulu participer à la marche pour plusieurs raisons, explique Marion, élève infirmière à Paris. D'abord, j'habite en coloc boulevard Voltaire, tout près de Charlie Hebdo et depuis l'attentat, je passe tous les jours devant le trottoir couvert de bouquets de fleurs où le policier a été abattu par les terroristes. Je voulais soutenir les victimes, les policiers de notre quartier. Et puis, je voulais manifester comme tout le monde pour la tolérance et la liberté d'expression".
 
Comme elle, des milliers de jeunes ont donc participé dans les grandes villes à la marche républicaine. Leurs impressions ? Beaucoup d'émotion devant l'ampleur de la foule, mais aussi l'ambiance. "Je n'avais jamais vu autant de monde dans le métro, raconte Marion, mais ce qui m'a le plus touché, c'est que tout le monde avait le sourire dans le métro, tout le monde se parlait ce qui est rare à Paris ; ça réchauffe le cœur de voir ça ! On sentait que tout le monde était réuni pour la même cause et que même tassés dans le métro, on était contents d'être là. Certains rafistolaient leurs pancartes, d'autres se taguaient le visage"...

"A 15h, la foule a chanté une grande Marseillaise et il y a eu de grands applaudissements et de temps en temps quelques slogans comme "Liberté d'expression" ou "Charlie, Charlie". Nous étions très serrés mais l'ambiance était globalement très calme et très silencieuse entre chaque acclamation".
 
En 2 heures, nous n'avons fait  qu'1km et nous n'avons jamais pu accéder place de la République, mais le plus important était finalement notre présence et notre soutien, peu importe le trajet, on était là.
 
Ce qui m'a également beaucoup touché était de voir autant d'applaudissements et d'acclamations lorsque les CRS ou les secours passaient au milieu de la foule en camion. ça faisait chaud au coeur de voir que la police était autant remerciée, elle qui est le plus souvent insultée et peu reconnue. On avait l'impression que le temps s'était arrêté ce dimanche après-midi.

Ma coloc, elle, a vu la manifestation de notre balcon au dernier étage de l'immeuble boulevard voltaire et elle a pu apercevoir quelques snipers postés sur les toits, qui surveillaient la foule mais il n'y a eu aucun débordement".

Tim, lui, a défilé avec ses cousins et sa soeur : "Nous sommes arrivés sur l'avenue de la République vers 14h30 et nous sommes restés en place jusqu'à 16h tant la foule se densifiait au fur et à mesure. Enfin nous avons commencé à avancer vers la place de la Nation avec toute cette foule : hommes, femmes et enfants de tous âges, toutes confessions, toutes nationalités se mélangeaient ainsi dans une ambiance très particulière.
Malgré tout le monde, la manifestation était drôlement silencieuse, les gens discutant entre eux à voix assez basse et très posément.
 
A l'arrivé sur la  place de la Nation déjà bondée, l'ambiance était encore plus poignante, surtout lors de l'arrivée du cortège de policiers acclamés comme jamais et très émus, et celle du cortège des familles des victimes et des survivants de Charlie Hebdo.

J'avais déjà fait plusieurs manifestations dans ma vie mais aucune n'est comparable à celle-ci : il n'y avait aucune revendication, aucun slogan agressif juste des milliers de personnes touchées et émues par la même chose, les mêmes idées révoltantes, marchant cote à cote et sympathisant avec son voisin!".