Les lauréat(e)s 2022 du concours "Ma thèse en 180 secondes". De g. à dr. : Pierre-Damien Fougou, Anaïs Perrichet, Alphanie Midelet, Maxime Robic, Oscar Cosserat. © MT180/France Universités-CNRS/David Pell
Si vous préparez un oral, vous pouvez en "prendre de la graine". Chaque année les finalistes du célèbre concours "Ma Thèse en 180 secondes" (MT180) nous épatent par leur talent de vulgarisateurs : en quelques mots à peine, ils présentent l'enjeu, la méthode et le coeur d'un sujet de recherche pointu... sans nous perdre dans un jargon indigeste, bien au contraire.
Les 16 jeunes doctorants qui ont pitché pour la finale française du concours, le 31 mai 2022 à la Bourse du travail de Lyon, n'ont pas dérogé à la règle.
Les 16 jeunes doctorants qui ont pitché pour la finale française du concours, le 31 mai 2022 à la Bourse du travail de Lyon, n'ont pas dérogé à la règle.
L'art de l'attaque... pour capter tout de suite l'attention
D'abord, il y a l'art d'attaquer de façon intriguante et percutante. Comme l'a fait par exemple Anaïs Perrichet, doctorante de l’Université Bourgogne Franche-Comté au laboratoire "Lipides, nutrition, cancer", qui a obtenu le Prix du public.
Evoquant en trois mots la réalité dramatique et hélas si parlante de la guerre, elle a illico amené le public sur son terrain à elle : "Le cancer, c'est une guerre".
Et quand l'image est bonne, il n'y a plus qu'à filer la métaphore durant les trois minutes. Ainsi les cellules cancéreuses sont-elles devenues des rebelles. la chimiothérapie, des bombes, l'immunothérapie, des snipers, et "lL-1 Béta", la molécule étudiée par Anaïs... un agent double.
Le pitch d'Anaïs Perrichet, Prix du public
Evoquant en trois mots la réalité dramatique et hélas si parlante de la guerre, elle a illico amené le public sur son terrain à elle : "Le cancer, c'est une guerre".
Et quand l'image est bonne, il n'y a plus qu'à filer la métaphore durant les trois minutes. Ainsi les cellules cancéreuses sont-elles devenues des rebelles. la chimiothérapie, des bombes, l'immunothérapie, des snipers, et "lL-1 Béta", la molécule étudiée par Anaïs... un agent double.
Le pitch d'Anaïs Perrichet, Prix du public
L'humour à la rescousse... pour rendre tout plaisant
Et puis il y a l'humour, que certains manient avec brio : comme Maxime Robic, doctorant de l'université de Rennes 1 à l’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires, qui a reçu le 3ème Prix du jury des mains de l'astrophysicienne Hélène Courtois.
Si l'on vous dit que sa thèse traite de "l'asservissement visuel d'une constellation de satellites", vous allez passer à autre chose. Et pourtant sa comparaison d'un satellite d'observation avec le passager d'un train qui voudrait filmer les sauts d'une biche est hilarante...
Le pitch de Maxime Robic, 3ème prix du jury
Si l'on vous dit que sa thèse traite de "l'asservissement visuel d'une constellation de satellites", vous allez passer à autre chose. Et pourtant sa comparaison d'un satellite d'observation avec le passager d'un train qui voudrait filmer les sauts d'une biche est hilarante...
Le pitch de Maxime Robic, 3ème prix du jury
L'humour était aussi au rendez-vous du pitch de Pierre-Damien Fougou, doctorant à l’Institut de recherche en droit des affaires et du patrimoine de l'université de Bordeaux, qui a d'ailleurs obtenu le Prix des lycéens.
Un juriste, tiens ? Cela change des sciences dures, toujours très représentées dans le concours. Et un juriste qui sait pratiquer l'auto-dérision en se moquant de la lourdeur du langage juridique, c'est encore plus rare ! En tout cas Pierre-Damien Fougou a su en quelques mots montrer l'enjeu de sa thèse sur "la monnaie électronique dans les espaces bancaires européens, sous-régionaux africains et OHADA".
Car la monnaie mobile, explique-t-il, est très utilisée en Afrique où peu de gens ont un compte en banque. La recherche prend alors une autre saveur.
Le pitch de Pierre-Damien Fougou, Prix des lycéens :
Précision, clarté et éloquence, le triptyque gagnant
Avec Alphanie Midelet, doctorante de l’Université Grenoble Alpes, la prestation devient époustouflante : c'est justement de souffle qu'il s'agit, puisque la chercheuse travaille au laboratoire "Hypoxie et physiopathologies cardiovasculaires et respiratoires".
Si sa thèse porte sur l'apnée du sommeil, une pathologie connue du grand public, elle n'a pas renoncé pourtant à présenter avec grande précision son travail sur "l'étude des données de télésurveillance pour comprendre l’impact des modifications du traitement et prédire les événements aigus".
"Le plus grand défi a été pour moi de rendre mon discours vivant tout en restant juste", a-t-elle expliqué. Pari gagné puisqu'on suit de bout en bout son discours taillé dans la dentelle. C'est à la fois précis, clair, drôle et plein d'émotion, des qualités remarquées puisque Alphanie Midelet a remporté le 1er prix de cette finale française.
Le pitch d'Alphanie Midelet, 1er Prix du jury :
Si sa thèse porte sur l'apnée du sommeil, une pathologie connue du grand public, elle n'a pas renoncé pourtant à présenter avec grande précision son travail sur "l'étude des données de télésurveillance pour comprendre l’impact des modifications du traitement et prédire les événements aigus".
"Le plus grand défi a été pour moi de rendre mon discours vivant tout en restant juste", a-t-elle expliqué. Pari gagné puisqu'on suit de bout en bout son discours taillé dans la dentelle. C'est à la fois précis, clair, drôle et plein d'émotion, des qualités remarquées puisque Alphanie Midelet a remporté le 1er prix de cette finale française.
Le pitch d'Alphanie Midelet, 1er Prix du jury :
Du fun aussi en mathématiques !
Le deuxième prix de cette finale française est allé à un jeune mathématicien : Oscar Cosserat fait une thèse à l'université de La Rochelle sur le thème "intégrateurs géométriques en géométrie de Poisson".
On est là dans de hautes sphères d'abstraction qu'on l'on imagine mal atteindre en trois minutes... Et pourtant il l'a fait (!) et Oscar lui-même se réjouit de sa prouesse : "L’expérience a une vraie utilité, elle m’a donné une façon de diffuser mes travaux de recherche et les idées mathématiques en passant par l’histoire des sciences et par l’humour."
La poésie, nous semble-t-il, n'est pas absente non plus de la prestation de ce jeune Professeur Nimbus (ou plutôt Tournesol ?) Jugez vous-même.
Le pitch d'Oscar Cosserat
On est là dans de hautes sphères d'abstraction qu'on l'on imagine mal atteindre en trois minutes... Et pourtant il l'a fait (!) et Oscar lui-même se réjouit de sa prouesse : "L’expérience a une vraie utilité, elle m’a donné une façon de diffuser mes travaux de recherche et les idées mathématiques en passant par l’histoire des sciences et par l’humour."
La poésie, nous semble-t-il, n'est pas absente non plus de la prestation de ce jeune Professeur Nimbus (ou plutôt Tournesol ?) Jugez vous-même.
Le pitch d'Oscar Cosserat
En route vers la finale à Montréal avec des chercheurs francophones
Après cette très belle soirée à laquelle ont participé 1200 personnes dont 300 élèves de lycées présents à la Bourse de Lyon ainsi que des milliers d'internautes derrière leur écran, c'est donc Alphanie Midelet qui va représenter la France lors de la finale internationale, le 6 octobre 2022 à Montréal.
Ma thèse en 180 secondes (#MT180) est en effet un concours international lancé en 2012 au Québec par l'Association francophone pour le savoir (Acfas) : c'est la version francophone du concours australien anglophone créé en 2008 ("Three Minute Thesis"). La France et ses universités y participent depuis 2014.
L'un des enjeux de MT180 est de rendre plus visibles les travaux de recherche menés en français, alors que l'essentiel des publications internationales se fait en anglais. Un enjeu scientifique mais aussi culturel.
Ma thèse en 180 secondes (#MT180) est en effet un concours international lancé en 2012 au Québec par l'Association francophone pour le savoir (Acfas) : c'est la version francophone du concours australien anglophone créé en 2008 ("Three Minute Thesis"). La France et ses universités y participent depuis 2014.
L'un des enjeux de MT180 est de rendre plus visibles les travaux de recherche menés en français, alors que l'essentiel des publications internationales se fait en anglais. Un enjeu scientifique mais aussi culturel.