Logement étudiant : l'habitat intergénérationnel boosté par les startups


Tags : argent, logement

En cette rentrée étudiante 2021 teintée d'inquiétude, des startups viennent au secours des étudiants qui cherchent un logement pas trop cher. De nouvelles plateformes développent ainsi l'habitat intergénérationnel, bon plan pour les jeunes et aussi les seniors qui souhaitent rompre la solitude.





Sandra, hôte d'une étudiante via la plateforme Colette © DR / Colette
Sandra, hôte d'une étudiante via la plateforme Colette © DR / Colette
Et si, plutôt que de prendre une chambre étudiante en ville ou une colocation, vous occupiez une chambre au domicile d'une personne retraitée ?
Cet habitat intergénérationnel existe en France depuis le début des années 2000 à la faveur d'associations qui mettent en relation des étudiants et des personnes âgées. 

Mais ces initiatives restent encore trop confidentielles. Et avec 2 816 000 étudiants à la rentrée 2021 (+31 400 par rapport à 2020), la pénurie de logements étudiants ne fait que s'accentuer, et le prix des loyers de s'élever.

Le club Colette : des chambres chez des retraités sur Paris

Des startups ont donc eu la bonne idée de développer cette offre d'habitat, notamment en montant des plateformes digitales qui facilitent la mise en relation entre les personnes retraitées et les jeunes.

C'est le cas de Colette, startup lancée en 2020 : "On a fait le choix de démarrer sur Paris et l'Ile-de-France car il y a un énorme vivier de chambres inoccupées, explique Justine Renaudet, co-fondatrice : il y a plus de 100 000 personnes de plus de 60 ans à Paris".

La jeune entreprise innove surtout par sa plateforme qui digitalise et simplifie la mise en relation.

Comment ça marche ?

Concrètement, les jeunes de moins de 30 ans et les hôtes de plus de 60 ans commencent par s'inscrire gratuitement sur colette.club

Ensuite, l’équipe Colette prend contact avec chaque inscrit pour comprendre ses attentes et valider son profil. Dès validation, les jeunes peuvent consulter les offres de chambres sur la plateforme digitale et envoyer leurs demandes aux hôtes, qui les acceptent ou non.

Si tout le monde est OK, la réservation se fait en ligne ! 

L'équipe Colette, elle, encadre les aspects administratifs : elle informe sur le contrat, fait signer la "charte de cohabitation intergénérationnelle", offre une assurance et reste à disposition des hôtes et des locataires. 

Chaque locataire règle ses loyers à la plateforme ainsi que 38 euros par mois. Côté propriétaire, Colette prélève 15% sur les loyers perçus et assure en contrepartie la solvabilité des locataires, la garantie de loyers impayés, de dommages matériels, etc.

La cohabitation intergénérationnelle solidaire maintenant encadrée par la loi

Si cette solution peut se développer aujourd'hui à grande échelle, c'est qu'elle est désormais encadrée par une loi, dite ELAN,  qui a institué en 2018 un contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire.

Son article 117 établit ainsi que : "La cohabitation intergénérationnelle solidaire permet à des personnes de soixante ans et plus de louer ou de sous-louer à des personnes de moins de trente ans une partie du logement dont elles sont propriétaires ou locataires, afin de renforcer le lien social et de faciliter l’accès à un logement pour les personnes de moins de trente ans".

La loi stipule aussi que la durée du contrat et "la contrepartie financière" sont fixées librement par l'hôte et son locataire. Le préavis n'est que de 1 mois. Point important : le jeune peut toucher les APL. Une charte est aussi proposée.

Ce cadre à la fois souple et sécurisant encourage donc de nombreux retraités à se lancer, d'autant que la loi intègre la notion de solidarité et d'échange de services.


Des seniors souvent très isolés par les confinements

Mais la pandémie de Covid et les mesures de distanciation sociale n'ont-elles pas empêché des retraités d'accueillir des jeunes ? Curieusement, il semble que ce soit l'inverse : "les confinements ont eu un impact si négatif sur les personnes seules en les privant de tout contact social, que la crise a été pour certains un déclencheur", témoigne Justine Renaudet.

Lancée juste après le premier confinement, Colette n'a donc eu aucun mal à attirer les retraités, peinant plutôt à recruter des étudiants dont beaucoup étaient rentrés dans leur famille à cause des cours à distance.

En un an, 85 cohabitations ont donc pu démarrer, pour une durée moyenne de 7 mois et pour la rentrée 2021, il semble que le rythme s'accélère avec un nouveau duo constitué tous les 4 jours.

Xénia : une autre startup de cohabitation intergénérationnelle

Une autre startup, Xenia, a été fondée en mai 2020 sur le même concept par Céline Amaury, mère de famille qui peinait à trouver une chambre pour son fils à Lille.

En se rendant sur la plateforme en ligne xenia-cohabitation.com, le jeune comme le senior sont invités à s’inscrire et à répondre à un questionnaire très précis permettant de créer des duos harmonieux, associés en fonction de leurs attentes et de leurs centres d’intérêt.

Xenia s'est rapidement développé dans plusieurs grandes villes de France : Paris, Bordeaux, Strasbourg, puis Rennes et Lille.  Et elle est aussi présente dans des communes plus petites comme Bayonne, Valence, Limoges, Aix-en-Provence ou Dunkerque...

La structure compte aujourd’hui 100 biens actifs et plus de 200 locataires s’inscrivent tous les mois sur la plateforme.

Un contrat gagnant-gagnant sur le plan financier

Car dans cette cohabitation solidaire, l'étudiant comme la personne retraitée trouvent leur avantage : sur le plan financier d'abord, les locataires payent des contributions modiques comparées aux prix des loyers classiques, et pour les hôtes, c'est un peu de "beurre dans les épinards".

D'après la startup Colette, présente sur Paris, le loyer moyen réclamé au jeune tourne autour de 580 euros (hors APL), soit 35% d'économie. 

Les montants peuvent même est très inférieurs dans d'autres villes et si le contrat demande au jeune de rendre certains services. Ainsi Chaïma, locataire Xenia sur Bayonne, paye 160 euros charges comprises, et doit être présente au domicile trois après-midi par semaine, ce qui lui convient très bien.

Mais aussi une relation humaine enrichissante

Illustration : Colette / DR
Illustration : Colette / DR
A écouter les témoignages, le plus gros avantage de ces colocs entre générations semble en effet être la relation humaine qui peut se nouer entre l'hôte et son locataire : 

Jusqu'à la pandémie, on y voyait surtout l'opportunité pour le retraité ou la personne âgée de rompre la solitude.

Mais depuis les confinements, beaucoup d'étudiants eux-mêmes redoutent de se retrouver seuls dans une chambre en ville ! Ils apprécient finalement de rentrer dans une maison habitée, de pouvoir raconter leur journée à quelqu'un, et même de s'enrichir de la rencontre d'une personne de 40 ans leur aînée...

Enfin, la crise Covid a aussi stimuler les envies de solidarité et d'entraide : du côté des jeunes qui ont souvent découvert qu'ils pouvaient aisément prendre soin des personnes âgées, et du côté des seniors soucieux d'aider les jeunes fragilisés dans leur psychisme ou leurs études.


La preuve avec cette série de vidéos réalisée par la startup Colette auprès de ses duos :




Rédigé par le Vendredi 20 Août 2021

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