''C'était inespéré pour moi de devenir aide-soignante''
La mine fatiguée, ils sont encore quelques-uns à marcher au petit matin dans les ruelles de Gemmayze, un quartier branché de l’est de Beyrouth. Ce sont surtout des jeunes, habillés à l’occidentale, encore grisés par leur nuit de fête dans les bars et les boîtes des alentours.
Marchant seule sur un trottoir, une jeune fille à l’air timide pourrait passer pour l’une d’entre eux. Mais Sylvie n’est pas de ces papillons de nuit. Aide-soignante, elle sort tout juste de quinze heures de garde à l’hôpital du Rosaire.
Sa blouse blanche soigneusement pliée dans un sac, Sylvie n’en revient toujours pas. "Cela peut paraître banal, mais c’était inespéré pour moi de devenir aide-soignante et d’obtenir une place dans cet hôpital" confie-t-elle, en esquissant un sourire presque gêné.
Marchant seule sur un trottoir, une jeune fille à l’air timide pourrait passer pour l’une d’entre eux. Mais Sylvie n’est pas de ces papillons de nuit. Aide-soignante, elle sort tout juste de quinze heures de garde à l’hôpital du Rosaire.
Sa blouse blanche soigneusement pliée dans un sac, Sylvie n’en revient toujours pas. "Cela peut paraître banal, mais c’était inespéré pour moi de devenir aide-soignante et d’obtenir une place dans cet hôpital" confie-t-elle, en esquissant un sourire presque gêné.
Mes souvenirs d'enfance, ils ne sont pas très jolis
L’histoire de Sylvie commence à Ain Majdalain, un village du sud du Liban. Née il y a 22 ans dans une famille chrétienne, elle n’a guère pu profiter de son enfance : elle n’a que 5 ans quand son père est emprisonné en Syrie. "Nous étions trois sœurs et ma mère ne pouvait pas subvenir seule à nos besoins, se souvient-elle, émue. La vie est devenue très dure. Mes souvenirs, ils ne sont pas très jolis."
Sans autre recours, la famille se rend régulièrement au dispensaire du village, tenu par les sœurs de Besançon. Elles lui fournissent des produits de base tels que de la nourriture, des médicaments, ou encore des couches. Très vite, des liens se nouent avec les religieuses qui, aidées, par l’Ordre de Malte, achètent deux vaches pour Sylvie et sa famille. Un cadeau précieux qui leur permet de produire du labne, le lait caillé très prisé des Libanais. Cette activité assure à la famille des revenus "modestes, mais suffisants".
Sans autre recours, la famille se rend régulièrement au dispensaire du village, tenu par les sœurs de Besançon. Elles lui fournissent des produits de base tels que de la nourriture, des médicaments, ou encore des couches. Très vite, des liens se nouent avec les religieuses qui, aidées, par l’Ordre de Malte, achètent deux vaches pour Sylvie et sa famille. Un cadeau précieux qui leur permet de produire du labne, le lait caillé très prisé des Libanais. Cette activité assure à la famille des revenus "modestes, mais suffisants".
Je savais que ça demanderait du travail, mais je voulais devenir aide-soignante
Sur la colline, les quartiers de Beyrouth Est
Mais Sylvie envisage un autre avenir. "Une religieuse m’a parlé d’un collège à Beyrouth pour devenir aide-soignante. Je savais que ça demanderait du travail, mais je voulais atteindre cet objectif".
Pilotée par les sœurs, la jeune fille s’installe dans la capitale. Pour elle, c’est un nouveau rythme de vie, loin de sa famille. En plus des cours dans la journée, elle travaille la nuit dans un hôpital où elle s’occupe d’enfants malades. "Je les surveillais, je changeais leurs couches, je leur donnais à manger. C’était très fatigant au début, mais au bout de trois ans, on s’habitue."
Pilotée par les sœurs, la jeune fille s’installe dans la capitale. Pour elle, c’est un nouveau rythme de vie, loin de sa famille. En plus des cours dans la journée, elle travaille la nuit dans un hôpital où elle s’occupe d’enfants malades. "Je les surveillais, je changeais leurs couches, je leur donnais à manger. C’était très fatigant au début, mais au bout de trois ans, on s’habitue."
Malgré ce rythme effréné, Sylvie prend le temps de penser à sa vie familiale. Quelques années après son arrivée à Beyrouth, elle rencontre Charbel, un jeune militaire, originaire de la même région qu’elle. Le couple s’est marié en 2008 et vit aujourd’hui dans un quartier populaire de l’est de la ville. "On ne se voit pas assez, regrette la jeune fille. Comme il est militaire, il est souvent absent et avec mes horaires décalés, ce n’est pas toujours évident, mais nous sommes habitués et passionnés par notre métier." Cela n’empêche pas les jeunes mariés d’attendre avec impatience de fonder une famille.
"J'ai eu de la chance"
La jeune aide-soignante libanaise dans les rues de Beyrouth
Fière de sa réussite, Sylvie sait ce qu’elle doit aux sœurs de Besançon. "Je leur serai toujours reconnaissante. J’ai eu de la chance qu’elles soient là. Je les aime." Alors que sa vie semble désormais sur de bons rails, la jeune femme n’oublie pas sa famille. Elle héberge régulièrement sa soeur de 17 ans, qui ambitionne de devenir comptable. "C’est normal, je veux pour elle une vie plus facile que celle vécue par nos parents", raconte-t-elle en dénouant ses longs cheveux bouclés.
La rue s’est éveillée, le ballet assourdissant des voitures a repris, les premiers écoliers courent sur les trottoirs et les rideaux de fer des échoppes se lèvent les uns après les autres. Un nouveau jour se lève sur Beyrouth, Sylvie disparaît dans un vieux taxi, il est temps de rentrer dormir, dans quelques heures, une nouvelle garde commence.
La rue s’est éveillée, le ballet assourdissant des voitures a repris, les premiers écoliers courent sur les trottoirs et les rideaux de fer des échoppes se lèvent les uns après les autres. Un nouveau jour se lève sur Beyrouth, Sylvie disparaît dans un vieux taxi, il est temps de rentrer dormir, dans quelques heures, une nouvelle garde commence.