"Quand ce que vous pensez, ce que vous dites, ce que vous faites sont en harmonie, le bonheur vous appartient". C'est par ce genre de phrase que Gwendal et Jean, tous deux 23 ans, auraient pu accrocher leur interlocuteur. La citation est de Gandhi. Mais chacun d'eux l'a fait sienne, ils la respirent, la contemplent, et même, pourrait-on dire, ils la mangent.
Jean travaille aujourd'hui chez Radian, embauché juste après son stage de fin d'études lorsqu'il étudiait à l'ESCE, une école de commerce parisienne. Gwendal y finit sa dernière année d'étude. Les voilà toutes voiles dehors, avec un projet en commun pas tout à fait commun...
Pour partir à la rencontre des auteurs de "Changer le monde depuis sa chambre", manifeste écolo bien senti, il faut viser entre Montparnasse et St-Lazare à Paris, histoire d'accommoder tout le monde. Ce sera un déjeuner rue Réaumur ; deux grandes salades pour ces jeunes hommes, "sans les œufs, précise Gwendal à un serveur interloqué. J'en fais un peu plus que dans le manifeste, des œufs de batteries, non merci". Jean lui, s'en satisfera.
Jean travaille aujourd'hui chez Radian, embauché juste après son stage de fin d'études lorsqu'il étudiait à l'ESCE, une école de commerce parisienne. Gwendal y finit sa dernière année d'étude. Les voilà toutes voiles dehors, avec un projet en commun pas tout à fait commun...
Gwendal: "J'en fais un peu plus que dans le manifeste"
Pour partir à la rencontre des auteurs de "Changer le monde depuis sa chambre", manifeste écolo bien senti, il faut viser entre Montparnasse et St-Lazare à Paris, histoire d'accommoder tout le monde. Ce sera un déjeuner rue Réaumur ; deux grandes salades pour ces jeunes hommes, "sans les œufs, précise Gwendal à un serveur interloqué. J'en fais un peu plus que dans le manifeste, des œufs de batteries, non merci". Jean lui, s'en satisfera.
Changer ses habitudes en se nourrissant de produits frais et de saison
A peine installés, nos deux invités ont pris le journaliste par les cornes : "Ecoutez, attaque Jean, je mange bio, et je dépense 30% de moins que ma coloc, pourtant, je ne peux vraiment pas me plaindre ".
Et il n'a pas tellement tort. Ce jeune diplômé d'école de commerce fait un bon mètre quatre-vingt, le visage élancé, et mange très certainement de manière plus saine que ses congénères. "Ce n'est absolument pas contraignant, reprend Gwendal, changer ses habitudes en se nourrissant de produits frais et de saison, c'est certainement un peu plus compliqué qu'aider une vieille dame à traverser la rue, mais au fond, on se sent plus libres".
De son côté, Jean a "converti " sa coloc, qui ne mange plus que ce que le jeune homme lui met dans son frigo. Et autant dire que cela n'a pas dû lui déplaire.
Et il n'a pas tellement tort. Ce jeune diplômé d'école de commerce fait un bon mètre quatre-vingt, le visage élancé, et mange très certainement de manière plus saine que ses congénères. "Ce n'est absolument pas contraignant, reprend Gwendal, changer ses habitudes en se nourrissant de produits frais et de saison, c'est certainement un peu plus compliqué qu'aider une vieille dame à traverser la rue, mais au fond, on se sent plus libres".
Jean a "converti" sa coloc
Dans la colocation qu'il partage avec sept autres personnes dans l'ouest parisien, Gwendal vit d'une ascèse beaucoup plus sympathique que "les étudiants aux knackis", comme il dit. Ils se sont mis aux AMAP, ces associations pour le maintien d'une agriculture paysanne. Ils reçoivent par paniers des produits frais et de saison qu'ils se répartissent entre eux. De son côté, Jean a "converti " sa coloc, qui ne mange plus que ce que le jeune homme lui met dans son frigo. Et autant dire que cela n'a pas dû lui déplaire.
Une société qui produit en batterie doit revoir certaines choses
D’où leur vient cette espérance indéracinable ? Un père directeur d’hôpital et une mère à la Banque de France pour Gwendal, pas de quoi dessiner un portrait hippie.
Chez Jean, les parents dirigent une entreprise d'agriculture à côté de leur boite d’informatique. Une piste ? "Pas vraiment, mon père fait dans l'agriculture intensive. On en a déjà débattu, il ne comprend pas". Alors quoi ? "C'est assez simple, nous dit Gwendal, quand tu aimes la vie, tu considères qu'une société qui produit en batterie, même ses habitants, doit revoir certaines choses."
Et puis le mot est lâché : "C’est générationnel", lance Jean. Les parents de Jean et Gwendal ont cru comme beaucoup d'autres que la croissance serait infinie, c’était les années 80, la production allait bon train, l'emploi fleurissait encore. C’était avant que n'émergent des crises de fond, crise de l’identité, anthropologique, économique...
Ils sont nombreux de la génération des 18-25 ans à ne pas comprendre qu’on puisse épuiser les sols par l'usage de pesticides et l'agriculture intensive. Idem pour les bovins : "Un bout de viande, ce n'est pas un bout de pain. Je refuse de ne pas savoir ce qu'on en a fait ", clame Jean.
Chez Jean, les parents dirigent une entreprise d'agriculture à côté de leur boite d’informatique. Une piste ? "Pas vraiment, mon père fait dans l'agriculture intensive. On en a déjà débattu, il ne comprend pas". Alors quoi ? "C'est assez simple, nous dit Gwendal, quand tu aimes la vie, tu considères qu'une société qui produit en batterie, même ses habitants, doit revoir certaines choses."
"C'est générationnel"
Et puis le mot est lâché : "C’est générationnel", lance Jean. Les parents de Jean et Gwendal ont cru comme beaucoup d'autres que la croissance serait infinie, c’était les années 80, la production allait bon train, l'emploi fleurissait encore. C’était avant que n'émergent des crises de fond, crise de l’identité, anthropologique, économique...
Ils sont nombreux de la génération des 18-25 ans à ne pas comprendre qu’on puisse épuiser les sols par l'usage de pesticides et l'agriculture intensive. Idem pour les bovins : "Un bout de viande, ce n'est pas un bout de pain. Je refuse de ne pas savoir ce qu'on en a fait ", clame Jean.
"S'engager par plaisir et par conviction"
De fil en aiguille, leur est venue l’idée d'un manifeste qui aide à "Changer le monde depuis sa chambre" par des gestes concrets et simples. De quoi redonner espoir à ceux qui trouvaient l'ambition démesurée. Il ne suffit pas de grand-chose, six piliers pour retrouver un peu de cohérence, sauf si bien sûr, vous êtes un ultra-libéral assoiffé de compétitivité et de rendement !
Pour les autres, Gwendal et Jean vous rassurent : "Nous ne sommes pas obligés d'aller vivre dans une yourte mongole pour économiser de l'électricité ". Question lumière, Jean en connaît un rayon. Son entreprise d'appareils d'éclairage affiliée à l’ESS, l'économie sociale et solidaire, le rend cohérent jusque dans sa fiche de paie. Gwendal, lui, a lancé un projet d'entreprise solidaire avec l'Inde. "Favoriser le développement des économies sociales et solidaires" est d'ailleurs l'engagement numéro 5 ; un autre pilier du manifeste : "Choisir de s'engager par plaisir et par conviction. L'Abbé Pierre, Mère Térése, Chuck Norris… et moi ?".
Ils rient de bon cœur, puis lancent une anecdote : "ce manifeste, dit Jean, on l'a rédigé sur un tandem. Paris-Bourgogne sous la flotte, cela vous donne des idées". "A vrai dire, conteste Gwendal, c'est quand ça a cessé de tomber qu'on a eu les idées plus claires".
Pour les autres, Gwendal et Jean vous rassurent : "Nous ne sommes pas obligés d'aller vivre dans une yourte mongole pour économiser de l'électricité ". Question lumière, Jean en connaît un rayon. Son entreprise d'appareils d'éclairage affiliée à l’ESS, l'économie sociale et solidaire, le rend cohérent jusque dans sa fiche de paie. Gwendal, lui, a lancé un projet d'entreprise solidaire avec l'Inde. "Favoriser le développement des économies sociales et solidaires" est d'ailleurs l'engagement numéro 5 ; un autre pilier du manifeste : "Choisir de s'engager par plaisir et par conviction. L'Abbé Pierre, Mère Térése, Chuck Norris… et moi ?".
"Nous ne sommes pas obligés d'aller vivre dans une yourte mongole"
Ils rient de bon cœur, puis lancent une anecdote : "ce manifeste, dit Jean, on l'a rédigé sur un tandem. Paris-Bourgogne sous la flotte, cela vous donne des idées". "A vrai dire, conteste Gwendal, c'est quand ça a cessé de tomber qu'on a eu les idées plus claires".
L'idée d'écrire ce manifeste pour une vie plus saine leur est venue comme une nécessité : "Si on ne l’écrivait pas, si on ne posait pas les bases, on n'avait plus qu'à rentrer à la maison", reprennent-ils. Alors ils se sont mis au boulot, et une fois le travail achevé, ils l'ont diffusé sur internet par le biais des réseaux sociaux.
Depuis quelques semaines, ils ont décidé d'en parler à "leurs grand frères", de Nicolas Hulot jusqu'à Tugdual Derville. La démarche a pris, la page Facebook égrène chaque jour ses liens et ses conseils pour une vie de meilleure qualité. A terme, ils voudraient publier ce manifeste après l'avoir développé plus en profondeur.
Depuis quelques semaines, ils ont décidé d'en parler à "leurs grand frères", de Nicolas Hulot jusqu'à Tugdual Derville. La démarche a pris, la page Facebook égrène chaque jour ses liens et ses conseils pour une vie de meilleure qualité. A terme, ils voudraient publier ce manifeste après l'avoir développé plus en profondeur.
Réenchanter le monde !
C'est tout le paradoxe d'une vie où les techniques se développent mais ne résolvent rien, où l'homme prend de l'avance, certes, mais jamais de hauteur. Comme Gwendal et Jean, les 18-25 ans avouent être prêts à changer leurs habitudes de vie, comme l’a montré tout récemment une enquête sur la génération Y, une génération sacrifiée, dit-on, qui a hérité d'une société disloquée et morose.
Réenchanter le monde est leur mission, bien qu'elle paraisse démesurée : "On s'est pris des scuds de tous les côtés, lance Gwendal. On nous a dit que changer le monde était impossible". Comme si ceux qui les avaient précédés avaient consommé gaiement et qu'ils laissaient aux jeunes payer la facture à leur place.
Une épreuve que nos deux jeunes amis, l'espérance chevillée au corps et l'imagination débordante vivent dans un enthousiasme confiant. Qu'importe l'addition, pourvu qu'il y ait l'ivresse de l'engagement. Et en parlant d'addition, en voilà une qui leur sera offerte !
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Consommer autrement, c'est possible
"On s'est pris des scuds de tous les côtés !"
Réenchanter le monde est leur mission, bien qu'elle paraisse démesurée : "On s'est pris des scuds de tous les côtés, lance Gwendal. On nous a dit que changer le monde était impossible". Comme si ceux qui les avaient précédés avaient consommé gaiement et qu'ils laissaient aux jeunes payer la facture à leur place.
Une épreuve que nos deux jeunes amis, l'espérance chevillée au corps et l'imagination débordante vivent dans un enthousiasme confiant. Qu'importe l'addition, pourvu qu'il y ait l'ivresse de l'engagement. Et en parlant d'addition, en voilà une qui leur sera offerte !
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