Julien est apprenti cuisinier au CFA des Maisons familiales et rurales de Vendée. Mais cette année, il est parti poursuivre sa formation pendant un an à Como en Italie. Belle expérience pour voir du pays, apprendre l'italien et maîtriser les secrets de la cuisson des pâtes !
L'apprenti fait partie des 60 chanceux qui ont bénéficié du projet pilote lancé à titre expérimental par l'Union européenne, sous l'impulsion du député européen français Jean Arthuis. Les 60 apprentis - de diverses nationalités européennes - ont pu passer 6 à 12 mois de leur cursus dans un autre pays de l'UE que le leur.
Un dispositif exceptionnel mais complexe à mettre en oeuvre du fait de l'alternance dans la vie de l'apprenti entre le temps de formation (en école ou CFA) et le travail en entreprise. Sans oublier les questions de responsabilité, et la diversité des systèmes de formation entre les 28 pays membres de l'UE.
L'apprenti fait partie des 60 chanceux qui ont bénéficié du projet pilote lancé à titre expérimental par l'Union européenne, sous l'impulsion du député européen français Jean Arthuis. Les 60 apprentis - de diverses nationalités européennes - ont pu passer 6 à 12 mois de leur cursus dans un autre pays de l'UE que le leur.
Un dispositif exceptionnel mais complexe à mettre en oeuvre du fait de l'alternance dans la vie de l'apprenti entre le temps de formation (en école ou CFA) et le travail en entreprise. Sans oublier les questions de responsabilité, et la diversité des systèmes de formation entre les 28 pays membres de l'UE.
Développer la mobilité des apprentis pour revaloriser l'apprentissage
Le 3 juillet 2017, les divers partenaires participant à l'expérience ont donc fait le point au Sénat français et travaillé sur la façon de généraliser cette expérience. Car même si elle est complexe à mettre en oeuvre, pour les jeunes, les bienfaits sont multiples : apprentissage d'une langue, enrichissement personnel mais aussi professionnel.
Les Compagnons du Devoir, eux, utilisent depuis longtemps l'international pour enrichir la formation de leurs apprentis : en faisant un Tour de France puis un Tour d'Europe grâce au réseau de maisons des Compagnons, ces apprentis vivent une expérience extrêmement formatrice. Les Compagnons du Devoir font d'ailleurs partie des 36 centres de formation européens qui ont permis l'expérimentation menée par Jean Arthuis.
L'Union européenne a donc prévu de consacrer dès 2018 une partie des budgets du programme Erasmus + aux apprentis : cela leur permettrait d'obtenir des bourses Erasmus pour pouvoir partir comme le font les étudiants, de quoi redorer le blason de l'apprentissage en Europe !
Le témoignage de Julien, 20 ans :
Les Compagnons du Devoir, eux, utilisent depuis longtemps l'international pour enrichir la formation de leurs apprentis : en faisant un Tour de France puis un Tour d'Europe grâce au réseau de maisons des Compagnons, ces apprentis vivent une expérience extrêmement formatrice. Les Compagnons du Devoir font d'ailleurs partie des 36 centres de formation européens qui ont permis l'expérimentation menée par Jean Arthuis.
L'Union européenne a donc prévu de consacrer dès 2018 une partie des budgets du programme Erasmus + aux apprentis : cela leur permettrait d'obtenir des bourses Erasmus pour pouvoir partir comme le font les étudiants, de quoi redorer le blason de l'apprentissage en Europe !
Le témoignage de Julien, 20 ans :
Encore trois grands obstacles à vaincre
L'idée est belle, mais il y a 28 pays dans l'Union européenne. Trois obstacles majeurs à la mobilité des apprentis ont ainsi été diagnostiqués :
1. La diversité de la formation professionnelle en Europe
En Europe, il y a autant (voire plus) de dispositifs que d'États membres. Dans certains pays, la formation en alternance est quasi inexistante. Cette réalité rend difficile la construction des parcours pédagogiques lors de la mobilité et rend quasi impossible la continuité du statut : dans certains pays, l'apprenti a un statut de salarié en formation, dans d'autres il est étudiant, stagiaire ou encore salarié !
2. Le contrat de travail et la responsabilité de l'employeur
En France, un apprenti est aujourd’hui sous statut de salarié à travers un contrat d’apprentissage. Lorsqu'il part à l'international, l'entreprise reste responsable de lui pendant toute la durée de la mobilité, y compris en cas d’accident de travail, et doit continuer à lui verser son salaire. Cela n'encourage pas beaucoup l'employeur à laisser partir son apprenti... Une des solutions envisagées serait alors de placer l'apprenti sous un statut d’étudiant des métiers pendant sa période de mobilité.
3. La validation des compétences
Aujourd’hui, les compétences acquises par les apprentis à l'international ne sont que très rarement valorisées. La plupart des Etats n'ont aucune politique volontariste sur les questions de validation et de reconnaissance des acquis suite à une mobilité.
1. La diversité de la formation professionnelle en Europe
En Europe, il y a autant (voire plus) de dispositifs que d'États membres. Dans certains pays, la formation en alternance est quasi inexistante. Cette réalité rend difficile la construction des parcours pédagogiques lors de la mobilité et rend quasi impossible la continuité du statut : dans certains pays, l'apprenti a un statut de salarié en formation, dans d'autres il est étudiant, stagiaire ou encore salarié !
2. Le contrat de travail et la responsabilité de l'employeur
En France, un apprenti est aujourd’hui sous statut de salarié à travers un contrat d’apprentissage. Lorsqu'il part à l'international, l'entreprise reste responsable de lui pendant toute la durée de la mobilité, y compris en cas d’accident de travail, et doit continuer à lui verser son salaire. Cela n'encourage pas beaucoup l'employeur à laisser partir son apprenti... Une des solutions envisagées serait alors de placer l'apprenti sous un statut d’étudiant des métiers pendant sa période de mobilité.
3. La validation des compétences
Aujourd’hui, les compétences acquises par les apprentis à l'international ne sont que très rarement valorisées. La plupart des Etats n'ont aucune politique volontariste sur les questions de validation et de reconnaissance des acquis suite à une mobilité.
Vers un contrat d’apprentissage “parcours international” ?
Pour lever ces obstacles, le consortium European Apprenticeship Ambassadors (EAA) et les acteurs fédérés par Jean Arthuis plaident pour la création d'un contrat d'apprentissage particulier, dit “parcours international” :
– Il intégrerait, dès la signature du contrat d'apprentissage, une période de mobilité à l’international, évitant ainsi les refus des employeurs d'autoriser le départ des jeunes à l'étranger, même pour une période inférieure à 6 mois ;
– Pendant la période à l'étranger, le contrat d'apprentissage se poursuivrait, mais le statut de salarié pourrait être mis en veille pour limiter la responsabilité de l'employeur ;
– Le jeune resterait inscrit dans le centre de formation d'origine et le CFA aurait la responsabilité d’encadrer la poursuite du parcours de formation ;
– La préparation de la mobilité inclurait la mise en place d'un programme de formation co-construit par les centres de formation d'envoi et d'accueil, et préciserait les conditions d'évaluation des acquis nécessaires à l'obtention d’un diplôme ou d’une certification dans le pays d'origine et/ou d’accueil ;
– En matière de rémunération, l'apprenti bénéficierait des bourses Erasmus, à égalité avec les étudiants, auxquelles pourraient s'ajouter des indemnités versées par l’entreprise d'accueil ;
–Au retour de la période à l'étranger, le contrat d’apprentissage étant toujours en cours de validité, l'apprenti réintègrerait son entreprise d'origine pour y poursuivre sa formation.
– Il intégrerait, dès la signature du contrat d'apprentissage, une période de mobilité à l’international, évitant ainsi les refus des employeurs d'autoriser le départ des jeunes à l'étranger, même pour une période inférieure à 6 mois ;
– Pendant la période à l'étranger, le contrat d'apprentissage se poursuivrait, mais le statut de salarié pourrait être mis en veille pour limiter la responsabilité de l'employeur ;
– Le jeune resterait inscrit dans le centre de formation d'origine et le CFA aurait la responsabilité d’encadrer la poursuite du parcours de formation ;
– La préparation de la mobilité inclurait la mise en place d'un programme de formation co-construit par les centres de formation d'envoi et d'accueil, et préciserait les conditions d'évaluation des acquis nécessaires à l'obtention d’un diplôme ou d’une certification dans le pays d'origine et/ou d’accueil ;
– En matière de rémunération, l'apprenti bénéficierait des bourses Erasmus, à égalité avec les étudiants, auxquelles pourraient s'ajouter des indemnités versées par l’entreprise d'accueil ;
–Au retour de la période à l'étranger, le contrat d’apprentissage étant toujours en cours de validité, l'apprenti réintègrerait son entreprise d'origine pour y poursuivre sa formation.
La France favorable à Erasmus Pro
Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait inscrit la création d'un Erasmus de l'apprentissage dans son programme.
"Les adaptations législatives éventuelles seront opérées au printemps 2018 au plus tard. Le ministère réfléchit à un objectif chiffré", a fait savoir la ministre du Travail, Muriel Penicaud dans un message énoncé le 3 juillet au Sénat.
D'autre part, Jean Arthuis a été nommé le 20 juillet 2017 représentant spécial de la ministre du Travail chargé du développement d'Erasmus Pro pour l’apprentissage. Le dossier de la la mobilité des apprentis en Europe va donc être bien poussé par la France.
La ministre veut doubler le nombre d'apprentis qui partent en Erasmus pour atteindre, d'ici à 2022, 15 000 départs par an. Il y a du chemin à parcourir puisqu'ils n'ont été que 6 800 en 2017, contre 43 000 étudiants.
"Les adaptations législatives éventuelles seront opérées au printemps 2018 au plus tard. Le ministère réfléchit à un objectif chiffré", a fait savoir la ministre du Travail, Muriel Penicaud dans un message énoncé le 3 juillet au Sénat.
D'autre part, Jean Arthuis a été nommé le 20 juillet 2017 représentant spécial de la ministre du Travail chargé du développement d'Erasmus Pro pour l’apprentissage. Le dossier de la la mobilité des apprentis en Europe va donc être bien poussé par la France.
La ministre veut doubler le nombre d'apprentis qui partent en Erasmus pour atteindre, d'ici à 2022, 15 000 départs par an. Il y a du chemin à parcourir puisqu'ils n'ont été que 6 800 en 2017, contre 43 000 étudiants.
Un site internet pour soutenir la mobilité européenne des apprentis
Créée en juin 2016, l'association Euro App’ (European Apprenticeship Programme) fait connaître le projet pilote initié par Jean Arthuis et fédère les CFA pionniers qui s'y sont engagés, avec les Compagnons du Devoir et du Tour de France.
À l’occasion du rassemblement organisé au Sénat le 3 juillet, Euro App’ a présenté son site internet, alliant informations sur l’expérimentation, témoignages de jeunes et évolution du projet. On peut aussi y signer un appel demandant que la mobilité longue des apprentis soit développée.
A découvrir sur www.euroapp.eu
À l’occasion du rassemblement organisé au Sénat le 3 juillet, Euro App’ a présenté son site internet, alliant informations sur l’expérimentation, témoignages de jeunes et évolution du projet. On peut aussi y signer un appel demandant que la mobilité longue des apprentis soit développée.
A découvrir sur www.euroapp.eu