Pour les licences à pastille orange (très nombreuses en Ile-de-France), les lycéens étaient prévenus : quand le nombre de candidats est supérieur aux places disponibles, priorité est donnée aux lycéens de l'académie ayant choisi la licence en voeu numéro 1. Et si ce groupe est encore trop nombreux, le tirage au sort - désigné pudiquement par le terme officiel de "tri aléatoire" - est utilisé, puisque l'université française ne recourt pas à la sélection académique.
Pour réduire le recours au tirage au sort, depuis 2016, quatre filières universitaires (droit, psycho, Staps et PACES) demandent aux candidats de classer en "sous-voeux" toutes les universités de leur académie proposant la même formation. En 2016, malgré cela, le tirage au sort a été utilisé en Staps et le ministère s'attendait à nouveau à devoir y recourir en 2017 dans cette filière de plus en plus demandée.
Mais la mauvaise surprise est surtout venue d'un afflux de candidatures en PACES (première année d'études de santé), la filière qui ouvre les portes, notamment, des études de médecine.
Plus de 8000 candidatures en PACES en Ile-de-France
"En effet, explique le ministère de l'Enseignement supérieur dans un communiqué, lors de la première phase d'admission post-bac, l'U.F.R. Santé Ile-de-France (qui regroupe les 7 U.F.R. franciliennes de santé) a fait à 7 650 candidats une proposition d'admission en PACES. Elle n'a pas pu donner satisfaction à 1 004 candidats relevant du secteur géographique et ayant placé PACES en vœu 1 absolu, dont 857 avaient formulé les 6 vœux requis."
Ces 857 candidats ont donc eu la mauvaise surprise en se connectant le 8 juin sur APB de découvrir qu'ils étaient "en liste d'attente" (ceux n'ayant pas formulé de sous-voeux étant éliminés du voeu PACES).
Un tollé et une pétition de la Fage
Aussitôt, les réseaux sociaux se sont donc enflammés (sous le hashtag #TiréauSort), d'autant que le tirage au sort, par principe aléatoire, a éliminé d'excellents élèves ayant toutes leurs chances de réussir ces cursus difficiles. Rien de tel pour relancer la polémique sur l'introduction de la sélection à l'université ! "Le tirage au sort, c'est le plus mauvais système de sélection", avait lui-même convenu l'ancien secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur Thierry Mandon.
Sentant venir l'orage, l'ex ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a publié début mai, dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, une circulaire autorisant le recours au tirage au sort de la part des universités. Une façon d'éviter les recours en justice de lycéens victimes du "tri aléatoire" (déjà contesté les années précédentes).
Le syndicat étudiant FAGE a donc mis en ligne le 11 juin une pétition adressée à la nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur et demandant l'abrogation de cette circulaire et surtout une solution concrète pour ceux n'ayant pas obtenu leur voeu numéro 1 !
Dites NON à la sélection, dites NON au #TirageAuSort à l'Université ‼️ Signez la pétition 📝 : https://t.co/PloG7bCA3a #APB2017 #TiréAuSort pic.twitter.com/kgbALLoHiW
— FAGE (@La_FAGE) 11 juin 2017
La nouvelle ministre joue les pompiers
Le ministère indique dans son communiqué que "les discussions ont abouti à un consensus grâce à la mobilisation des présidents, des doyens et des recteurs franciliens. Tous les candidats relevant du secteur géographique d'Ile-de-France et ayant placé PACES en vœu 1 absolu se verront proposer une place en PACES le 26 juin lors de la deuxième phase d'APB".
Si vous êtes dans ce cas et êtes en liste d'attente, vous avez donc très bon espoir de vous voir proposer une place en PACES dès la seconde phase d'admission sur APB. Comment la solution a-t-elle été trouvée ? Les doyens des universités de médecine vont tout simplement accueillir plus d'étudiants qu'ils n'ont de places dans leurs amphithéâtres, ce qui promet aux étudiants des conditions d'études acrobatiques... Le recours aux cours en ligne devrait aussi s'accélérer.
Vers la fin du tirage au sort en 2018 ?
Elle souligne aussi avoir mené des discussions pour faire baisser très nettement le nombre de filières sous tension concernées par le tirage au sort : "Elles étaient au nombre de 320 le 24 mai et ce chiffre a baissé à 169 au 8 juin soit une baisse de 47% grâce à la mobilisation des universités et des rectorats", indique Frédérique Vidal.
Une cellule de suivi des admissions post-bac a été mise en place au ministère jusqu'à la fin du processus d'admission. Elle devrait donc gérer au mieux la crise pour 2017.
Quant à l'avenir, on pourrait s'orienter vers une mise en place rapide de "pré-requis" à l'entrée à l'université, une idée du programme éducation d'Emmanuel Macron : chaque filière pourrait indiquer quels critères il faut satisfaire pour avoir de bonnes chances de réussite. Ces critères seront-ils contraignants ? Autrement dit, des étudiants pourraient-ils être recalés s'ils ne remplissent pas les pré-requis ? Ce serait admettre la fin d'un tabou : la non sélection à l'entrée à l'université française. Mais le recours au tirage au sort "aléatoire" n'a-t-il pas changé peu à peu le regard sur la sélection au mérite ?
Beaucoup de ceux qui contestent le système actuel soulignent aussi l'importance d'améliorer l'accompagnement des choix d'orientation des lycéens. Un chantier de long terme pour les nouvelles équipes qui se mettent en place à l'Education nationale et à l'Enseignement supérieur.
Des difficultés avec APB ?
La Fage propose aussi de vous aider si vous n'êtes pas satisfait de votre affectation. Il vous suffit pour cela d'envoyer un mail à l'adresse : apb@fage.org
Parce que c'est intolérable !
Si tu rencontres des pb dans ton affectation APB, n'hésite pas à contacter @La_FAGE ! #TiréAuSort @La_FNEO pic.twitter.com/oJ0Ioc15Dy
— Pauline Feuga (@Pauline_FNEO) 11 juin 2017
Où s'orienter hors APB ?