Le gouvernement veut supprimer l'inscription "automatique" de droit de tout bachelier à l'université. Ce n'est pas une surprise puisque Emmanuel Macron avait annoncé dès la campagne présidentielle qu'il voulait mettre en place des "prérequis" qu'il faudrait remplir pour pouvoir être admis dans une licence.
Toujours écarté dans le passé au motif qu'il s'agirait d'une sélection à l'entrée, ce dispositif devrait se mettre en place à partir de 2018. Comment ? C'est pour préciser les choses que le gouvernement lance le 17 juillet 2017 une grande consultation auprès des universités mais aussi des syndicats étudiants, enseignants et autre partenaires de l'orientation postbac.
Si cette réforme est lancée tambour battant, c'est qu'il y a urgence après le fiasco des inscriptions à l'université via la plateforme APB en 2017. Au 14 juillet 2017, date d'ouverture de la troisième vague de résultats sur le site Admission-postbac, 642 135 candidats étaient toujours inscrits sur APB et on comptait 86 969 candidats sans proposition, selon les chiffres fournis dans un communiqué du ministère publié le même jour.
Toujours écarté dans le passé au motif qu'il s'agirait d'une sélection à l'entrée, ce dispositif devrait se mettre en place à partir de 2018. Comment ? C'est pour préciser les choses que le gouvernement lance le 17 juillet 2017 une grande consultation auprès des universités mais aussi des syndicats étudiants, enseignants et autre partenaires de l'orientation postbac.
Si cette réforme est lancée tambour battant, c'est qu'il y a urgence après le fiasco des inscriptions à l'université via la plateforme APB en 2017. Au 14 juillet 2017, date d'ouverture de la troisième vague de résultats sur le site Admission-postbac, 642 135 candidats étaient toujours inscrits sur APB et on comptait 86 969 candidats sans proposition, selon les chiffres fournis dans un communiqué du ministère publié le même jour.
APB : pourquoi tant d'étudiants sans proposition ?
En 2016 à la même période, il y avait 90 887 étudiants sans proposition, mais le problème en 2017 est que "9 726 candidats ayant formulé un voeu 1 absolu dans une licence non sélective (!) de leur secteur sont en attente de proposition sur leur premier choix".
Autrement dit : le ministère de l'Enseignement supérieur et les universités ont manifestement raté l'évaluation des capacités d'accueil de certaines licences et les indiquant comme "non sélectives", alors que le nombre de candidats y a largement dépassé le nombre de places.
Deux facteurs cumulés expliqueraient cette bévue : l'augmentation démographique du nombre de bacheliers (inévitable mais prévisible) et l'obligation faite aux étudiants de L1 souhaitant se réorienter de passer pour la première fois par la plateforme APB (prévisible et évitable). Des Data Scientists n'auraient-ils pu anticiper ces flux et éviter cet embouteillage ?
Certes, depuis juin, le ministère a pris le taureau par les cornes en demandant aux universités d'accueillir plus d'étudiants que prévu ou de trouver des solutions in extremis : entre le deuxième et le troisième tour d'APB, 7000 candidats souhaitant intégrer une licence ont ainsi eu une proposition.
Et parmi les 9 726 candidats attendant encore une proposition au 14 juillet, 6 098 (soit 63%) ont reçu une proposition sur un de leurs autres voeux. Sur ces 9 726 candidats, il faut noter que "seulement" 2 465 sont des "néo-bacheliers" (c'est-à-dire qu'ils sortent de terminale), les autres étant des étudiants ayant déjà fait un an d'études postbac, un chiffre qui pose aussi question : pourquoi tant d'étudiants en échec ou en demande de réorientation après une première année de licence ? C'est aussi un des points sur lesquels veut agir la réforme.
Autrement dit : le ministère de l'Enseignement supérieur et les universités ont manifestement raté l'évaluation des capacités d'accueil de certaines licences et les indiquant comme "non sélectives", alors que le nombre de candidats y a largement dépassé le nombre de places.
Deux facteurs cumulés expliqueraient cette bévue : l'augmentation démographique du nombre de bacheliers (inévitable mais prévisible) et l'obligation faite aux étudiants de L1 souhaitant se réorienter de passer pour la première fois par la plateforme APB (prévisible et évitable). Des Data Scientists n'auraient-ils pu anticiper ces flux et éviter cet embouteillage ?
Certes, depuis juin, le ministère a pris le taureau par les cornes en demandant aux universités d'accueillir plus d'étudiants que prévu ou de trouver des solutions in extremis : entre le deuxième et le troisième tour d'APB, 7000 candidats souhaitant intégrer une licence ont ainsi eu une proposition.
Et parmi les 9 726 candidats attendant encore une proposition au 14 juillet, 6 098 (soit 63%) ont reçu une proposition sur un de leurs autres voeux. Sur ces 9 726 candidats, il faut noter que "seulement" 2 465 sont des "néo-bacheliers" (c'est-à-dire qu'ils sortent de terminale), les autres étant des étudiants ayant déjà fait un an d'études postbac, un chiffre qui pose aussi question : pourquoi tant d'étudiants en échec ou en demande de réorientation après une première année de licence ? C'est aussi un des points sur lesquels veut agir la réforme.
Quelles sont les licences en tension ?
Le ministère se félicite toutefois d'être parvenu à faire baisser le nombre de filières en tension concernées par le tirage au sort. Selon son communiqué, "Elles étaient au nombre de 320 le 24 mai, puis de 169 au 8 juin, et de 115 au 26 juin. Au 14 juillet, 92 formations de licences publiques avec des candidats du secteur les ayant demandées en voeu absolu 1, sont en attente, soit 23 de moins que lors de la 2ème phase. Parmi ces formations, on compte 14 'pastilles vertes', soit 5 de moins que lors de la 2ème phase.
Ces 92 formations concernent 17 académies (21 académies au 26 juin) : Aix-Marseille (2 formations), Bordeaux (4 formations), Caen (2 formations), Créteil (10 formations), Dijon (2 formations), Lille (6 formations), Lyon (6 formations), Mayotte (4 formations), Montpellier (5 formations), Nantes (1 formation), Nice (1 formation), Orléans-Tours (1 formation), Paris (25 formations), Poitiers (2 formations), Strasbourg (2 formations), Toulouse (5 formations), Versailles (14 formations)."
L'Ile-de-France est donc fortement touchée par le manque de places et partout la filière STAPS qui correspond à 30 de ces 92 formations (soit 32,6% du total). "Il ne sera malheureusement pas possible de satisfaire tous les voeux 1 absolus en STAPS", indique le communiqué du ministère et cela malgré le déblocage de moyens supplémentaires par certaines universités. "Le nombre de places supplémentaires correspondantes sera connu dans les prochains jours, permettant à une partie des candidats toujours en liste d’attente, d’être appelés via APB afin d’intégrer cette formation."
Le ministère se félicite toutefois d'être parvenu à faire baisser le nombre de filières en tension concernées par le tirage au sort. Selon son communiqué, "Elles étaient au nombre de 320 le 24 mai, puis de 169 au 8 juin, et de 115 au 26 juin. Au 14 juillet, 92 formations de licences publiques avec des candidats du secteur les ayant demandées en voeu absolu 1, sont en attente, soit 23 de moins que lors de la 2ème phase. Parmi ces formations, on compte 14 'pastilles vertes', soit 5 de moins que lors de la 2ème phase.
Ces 92 formations concernent 17 académies (21 académies au 26 juin) : Aix-Marseille (2 formations), Bordeaux (4 formations), Caen (2 formations), Créteil (10 formations), Dijon (2 formations), Lille (6 formations), Lyon (6 formations), Mayotte (4 formations), Montpellier (5 formations), Nantes (1 formation), Nice (1 formation), Orléans-Tours (1 formation), Paris (25 formations), Poitiers (2 formations), Strasbourg (2 formations), Toulouse (5 formations), Versailles (14 formations)."
L'Ile-de-France est donc fortement touchée par le manque de places et partout la filière STAPS qui correspond à 30 de ces 92 formations (soit 32,6% du total). "Il ne sera malheureusement pas possible de satisfaire tous les voeux 1 absolus en STAPS", indique le communiqué du ministère et cela malgré le déblocage de moyens supplémentaires par certaines universités. "Le nombre de places supplémentaires correspondantes sera connu dans les prochains jours, permettant à une partie des candidats toujours en liste d’attente, d’être appelés via APB afin d’intégrer cette formation."
La procédure complémentaire est ouverte jusqu'en septembre
Le ministère rappelle aussi que "le 3ème tour d’APB ne marque pas la fin du processus d’admission pour la rentrée universitaire 2017". Comme chaque année ce qu'on appelle la "procédure complémentaire" ouverte fin juin se poursuit en effet jusqu’en septembre. Ce quatrième round propose toutes les places encore vacantes et cela pourrait cette année intéresser davantage de candidats, ceux n'ayant eu aucune proposition ou n'ayant pas obtenu leur voeu numéro 1 à l'université.
Dans cette procédure, "Le nombre total de places restant à pourvoir est de 201 641, dont plus de 158 000 en licence publique non sélective", indique le ministère à la date du 14 juillet.
Notez que l'on trouve aussi dans cette procédure des places en IUT ou en BTS, ce qui peut permettre de revoir astucieusement son projet d'orientation. Autre avantage de la procédure complémentaire : on peut postuler dans plusieurs formations en parallèle (jusqu'à 12), sans avoir à les classer.
- Pour en savoir plus, consultez le guide de la procédure complémentaire (en pdf) à télécharger sur la plateforme Admission-posbac.
Dans cette procédure, "Le nombre total de places restant à pourvoir est de 201 641, dont plus de 158 000 en licence publique non sélective", indique le ministère à la date du 14 juillet.
Notez que l'on trouve aussi dans cette procédure des places en IUT ou en BTS, ce qui peut permettre de revoir astucieusement son projet d'orientation. Autre avantage de la procédure complémentaire : on peut postuler dans plusieurs formations en parallèle (jusqu'à 12), sans avoir à les classer.
- Pour en savoir plus, consultez le guide de la procédure complémentaire (en pdf) à télécharger sur la plateforme Admission-posbac.
Ce qui va changer : tirage au sort, prérequis, échec à l'université
Interrogée sur France-Inter le 17 juillet 2017, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a précisé les pistes envisagées pour la réforme de l'entrée à l'université :
- L'information des lycéens devrait être améliorée afin d'aboutir à une orientation plus réfléchie. La ministre a ainsi évoqué l'expérience positive d'universités où il n'y a pas eu de tirage au sort car les lycéens sont mieux accompagnés en amont. Un dispositif dit "d'orientation active" existe cependant depuis des années sur APB : les lycéens qui le souhaitent sont censés remplir un dossier ou un questionnaire ou solliciter un entretien pour savoir si la formation est adaptée à leur profil. L'avis donné reste consultatif.
- Chaque université va travailler pour établir une liste de prérequis filière par filière. Pourraient alors s'inscrire les candidats ayant ces prérequis. Et les autres ? Les pré-requis seront-ils coercitifs ? "L'objectif n'est pas de dire non mais de dire comment on arrive vers la réussite, a expliqué la ministre. Nous devrons proposer une solution aux étudiants n'ayant les prérequis". Cela pourrait prendre la forme de stage de rattrapage ou de modules évoquant les expériences de licence année 0 proposées par certaines universités.
- Chaque étudiant signerait ainsi son "contrat de réussite" : il choisirait une orientation réaliste et un chemin susceptible de le faire réussir, soit en s'inscrivant en L1 s'il a les prérequis, soit en passant d'abord par d'autres voies. Une chose est sûre : "on ne peut pas envoyer des bacheliers professionnels dans les filières générales où ils n'ont que 1,6% de réussite" a déclaré Frédérique Vidal.
- Avec tout cela, le gouvernement dit vouloir parvenir à supprimer le tirage au sort totalement en 2018. "Le tirage au sort fait que ceux qui auraient toutes les chances de réussir n'y ont pas accès et d'autres y entrent alors qu'ils vont échouer", a dit Frédérique Vidal qui a reconnu que "l'on est face à une situation à la fois injuste et qui n'a aucun sens".
La plateforme APB elle-même ne serait pas donc remise en question en tant qu'outil, mais ce sont les critères d'affectation des inscriptions qui vont évoluer.
Le podcast de l'intervention de Frédérique Vidal sur France Inter :
- L'information des lycéens devrait être améliorée afin d'aboutir à une orientation plus réfléchie. La ministre a ainsi évoqué l'expérience positive d'universités où il n'y a pas eu de tirage au sort car les lycéens sont mieux accompagnés en amont. Un dispositif dit "d'orientation active" existe cependant depuis des années sur APB : les lycéens qui le souhaitent sont censés remplir un dossier ou un questionnaire ou solliciter un entretien pour savoir si la formation est adaptée à leur profil. L'avis donné reste consultatif.
- Chaque université va travailler pour établir une liste de prérequis filière par filière. Pourraient alors s'inscrire les candidats ayant ces prérequis. Et les autres ? Les pré-requis seront-ils coercitifs ? "L'objectif n'est pas de dire non mais de dire comment on arrive vers la réussite, a expliqué la ministre. Nous devrons proposer une solution aux étudiants n'ayant les prérequis". Cela pourrait prendre la forme de stage de rattrapage ou de modules évoquant les expériences de licence année 0 proposées par certaines universités.
- Chaque étudiant signerait ainsi son "contrat de réussite" : il choisirait une orientation réaliste et un chemin susceptible de le faire réussir, soit en s'inscrivant en L1 s'il a les prérequis, soit en passant d'abord par d'autres voies. Une chose est sûre : "on ne peut pas envoyer des bacheliers professionnels dans les filières générales où ils n'ont que 1,6% de réussite" a déclaré Frédérique Vidal.
- Avec tout cela, le gouvernement dit vouloir parvenir à supprimer le tirage au sort totalement en 2018. "Le tirage au sort fait que ceux qui auraient toutes les chances de réussir n'y ont pas accès et d'autres y entrent alors qu'ils vont échouer", a dit Frédérique Vidal qui a reconnu que "l'on est face à une situation à la fois injuste et qui n'a aucun sens".
La plateforme APB elle-même ne serait pas donc remise en question en tant qu'outil, mais ce sont les critères d'affectation des inscriptions qui vont évoluer.
Le podcast de l'intervention de Frédérique Vidal sur France Inter :