Tricher aux examens : vos témoignages




Chaque année, avec les examens, la fraude est une vraie tentation. Tricher ? Le sujet est un peu tabou, et pourtant la triche est courante d'autant que les smartphones ont facilité les choses. Et vous, qu'en pensez-vous et que faites-vous ? Nous avons récolté vos témoignages.




Tricher aux examens : vos témoignages
Apparemment, votre attitude face à la triche varie selon l'enjeu. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, moins l'épreuve est importante, plus vous vous permettez de tricher. "J'ai eu l'occasion de tricher à chaque niveau : primaire, collège, lycée, BTS, mais seulement pour de petits contrôles sans importance. Jamais pour un examen ou un contrôle continu", explique Baptiste.
S'il n'a pas triché pour un "grand" examen, c'est d'abord par prudence : "Pas question de prendre de trop gros risque, d’être interdit d’examen si on me surprend en train de tricher dans une épreuve nationale".

Axelle distingue quant à elle les cours "utiles à apprendre" et les autres : "Je savais qu'au lycée, j’aurai besoin de toutes ces connaissances pour avoir mon bac. J'apprenais, donc pas besoin de tricher. Une fois à la fac, je savais que certains cours ne m'étaient utiles «que» pour avoir mon partiel. Donc là, j'avais moins de scrupules à regarder sur la feuille de ma voisine !".

Vous restez tout de même peu nombreux à avoir triché à un examen officiel, en tout cas à le revendiquer.

A chacun sa méthode

Tricher aux examens : vos témoignages
En théorie, donc, personne ne triche. Dans la réalité, le phénomène semble bien plus répandu que l’on veut bien l'admettre. D’ailleurs, très vite, les langues se délient. Certains confient même avoir leur "méthode".

"Au lycée, j'avais un «partenaire de triche», on s'arrangeait pour apprendre la moitié du cours chacun, et on s'échangeait les réponses durant le contrôle. Les tables étaient toutes collées, pas très compliqué de ne pas se faire attraper si on s'y prend bien !", explique Chloé. Une des pratiques les plus répandues consiste à "zieuter" sur la copie de son voisin (avec son accord, ou non !) "Ou alors parfois, on s'échangeait nos brouillons".

Hugo, lui, avait une toute autre façon de faire : "Soit j'écrivais dans des mouchoirs, ou sur mes semelle de chaussures. A ne pas faire trop à l'avance, sinon ça s'efface !", plaisante-t-il. J'ai déjà aussi testé l'intérieur de la gomme ou le dessous de règle."
 
"Les profs savent qu'on peut le faire et tout le monde le fait, alors..."

Charlotte est un peu plus techno : "Un truc que j'ai fait au lycée, et même pour mes épreuves de baccalauréat, c'est de rentrer les formules dans la calculatrice. Mais en soi, je ne sais pas si c'est vraiment tricher, car les profs savent qu'on peut le faire, et tout le monde le fait, donc bon…"

L'avènement massif des smartphones qui permettent de se connecter à internet (où tout peut être trouvé) a entrainé une inflation des fraudes. Bien sûr, les téléphones portables sont interdits durant les épreuves. Pour le bac, les candidats doivent déposer sacs et téléphones avant de gagner leur place. Comme cela ne suffisait pas, depuis 2012, l'Éducation nationale utilise pendant les épreuves du bac des détecteurs qui repèrent les ondes émises par des smartphones

Les sanctions vous font-elles peur ?

Tricher aux examens : vos témoignages
Face à l'augmentation des triches, les sanctions ont été durcies.

Pour beaucoup, elles sont dissuasives. "J’ai une amie qui s'est faite prendre pour plagiat [considéré comme une tricherie par le corps enseignant]. Au final, elle a dû tout refaire, avec une grosse pression venant des profs, et ils ont été plus sévères sur la notation finale. Alors, autant bien faire les choses honnêtement dès le début", explique Charlotte. "J'avais des sueurs froides tellement j’avais peur de me faire prendre", avoue Baptiste.

Malgré cela, certains sont prêts à prendre le risque, comme Amélie : "Déjà, sur le nombre de personnes qui trichent, peu se font surprendre, et sur ceux-là, beaucoup sont «relaxés», donc ça vaut le coup de tenter, pour grappiller des points ! En trichant finement…"

La crainte de la sanction n'est donc pas suffisante, en tout cas, pas pour tous. Et puis, il y a semble-t-il d'autres bonnes raisons de ne pas tricher.

Tricher, on n'en est pas très fier

Tricher aux examens : vos témoignages
"Je ne voulais pas me sentir humiliée non plus. C'est la honte de se faire attraper !" Comme Axelle, vous êtes beaucoup à évoquer cette "honte". "Même quand je trichais, je sentais que je rougissais, j’avais les mains moites", ajoute Baptiste.
"Ce n'est pas quelque chose qu'on crie sur les toits, on le garde pour soi, même après l’examen. On n'en est pas forcément fier", avoue Amélie.

Honteux, pas fier, humilié... Raphaël va plus loin et explique que pour lui, "tricher fait perdre toute estime de soi-même ! Jamais je ne jetterais volontairement un œil sur une copie à côté de moi pour tricher, et jamais je n'utiliserais d'antisèches car je veux pouvoir être fier de mon travail".
 
"Je préférais ne pas tricher pour voir ce que je valais vraiment"

Fier de son travail ! Le mot est dit et redit et il dévoile peut-être l'un des enjeux de la triche. Élève dans une grande école d'ingénieurs, Bruno confirme : "Dans notre promo, quasiment tout le monde trichait aux examens. Souvent, j'étais tenté de le faire aussi, mais comme j'avais travaillé, je préférais voir ce que je valais vraiment".

Mieux vaut une petite victoire durement conquise, qu'un triomphe non mérité, disent les "résistants". A contrario, le tricheur se prive de cette fierté d'avoir réussi une épreuve difficile par son travail... et risque de descendre les marches de la confiance en soi. Surtout s'il n'a pas acquis les connaissances requises pour poursuivre ses études.

Tricher... parce que les autres le font ?

Refuser la triche peut toutefois être héroïque. "J'étais parfois dégoûté de voir que je récoltais des notes médiocres, alors que la moyenne de classe était élevée, la triche faussait tout", se souvient Bruno, qui étudiait pourtant dans une "grande" école d'ingénieurs.

Alors, vous êtes nombreux à faire comme Arthur : tricher pour "faire comme les autres". "Les tricheurs, explique-t-il, réussissent sans se donner de mal, alors que les «honnêtes» galèrent et réussissent parfois moins bien, donc on ne se sent pas valorisé en travaillant normalement. Cette impression d'être désavantagé m'a parfois poussé à tricher… pour avoir les mêmes chances que les tricheurs". Ou comment l'élitisme nous tire non vers le haut mais vers le bas.

Cette tentation est d'autant plus grande lors de concours ! Le classement étant déterminant, beaucoup font tout pour grappiller des places, ce qui dévalorise ceux qui ne le font pas.

 
"En obtenant un classement qu'on ne mérite pas, on vole la place de quelqu'un"

Un étudiant, par ailleurs auteur d'un livre, Samuel Path-Laplagne, a vécu cette situation : "C'était en prépa intégrée, raconte-t-il, et notre classement déterminait nos futures spécialités. Beaucoup de mes camarades trichaient et chaque place qu'ils gagnaient en trichant était une place que je perdais ! Mais à ce moment-là, j'ai choisi de ne pas tricher."

Très à cheval sur les valeurs morales, Samuel explique : "Je me suis rendu compte de trois choses : en prétendant avoir des connaissances qu'on n'a pas, on ment. En obtenant un classement qu'on ne mérite pas, on vole la place de quelqu'un, et en désirant à tout prix avoir une bonne note, on se prosterne devant une idole, celle de la réussite scolaire à tout prix."

Une analyse qui a le mérite de mettre des mots sur le malaise que l'on peut ressentir en trichant : tricher, c'est mentir... Au fait, Samuel a finalement intégré l'INSA Lyon, l'une des meilleures écoles d'ingé postbac. Comme quoi les gagnants ne sont pas forcément du côté des tricheurs.
 


Samedi 23 Mai 2015

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