Pour la fille de Virginie, cette rentrée en 6ème semblait pourtant s'être bien passée... même si Laïa ne retrouvait dans sa classe aucun de ses camarades de primaire. Et puis quelques grains de sable - un stylo volé, la trahison d'un ami, une copie blanche rendue en français - ont enrayé la joie des premiers jours.
Dans son livre-témoignage, "Phobie scolaire, Mon enfant n'arrive plus à aller à l'école" (éd. du bateau vert et blanc), Virginie Landemaine décrit alors la montée chez sa fille d'un malaise insidieux. Des maux de tête récurrents. Une angoisse palpable dès le réveil, des petits déjeuners silencieux, des larmes quand il faut partir au collège. Des absences, une, puis deux fois par semaine.
Enfin, après les vacances de Noël, la collégienne crache le morceau : elle n'en peut plus d'être seule dans sa classe... elle voudrait aller au collège, mais n'y arrive pas. Quelques jours plus tard, elle est dans l'incapacité totale de se rendre en classe.
Dans son livre-témoignage, "Phobie scolaire, Mon enfant n'arrive plus à aller à l'école" (éd. du bateau vert et blanc), Virginie Landemaine décrit alors la montée chez sa fille d'un malaise insidieux. Des maux de tête récurrents. Une angoisse palpable dès le réveil, des petits déjeuners silencieux, des larmes quand il faut partir au collège. Des absences, une, puis deux fois par semaine.
Enfin, après les vacances de Noël, la collégienne crache le morceau : elle n'en peut plus d'être seule dans sa classe... elle voudrait aller au collège, mais n'y arrive pas. Quelques jours plus tard, elle est dans l'incapacité totale de se rendre en classe.
Phobie scolaire : un trop-plein d'anxiété
Emue, sonnée, déroutée, Virginie doit se rendre à l'évidence : sa fille souffre - comme de plus en plus de jeunes - de "phobie scolaire" ou "refus scolaire anxieux". Et ce n'est ni caprice, ni révolte, ni choix volontaire ou conséquence d'un manque d'autorité parentale, n'en déplaise aux insinuations de l'entourage toujours prompt à culpabiliser les parents !
Il y a là, plutôt, l'expression d'une souffrance psychique profonde, un trop-plein d'anxiété qui vient, chez certains jeunes, provoquer un blocage que Virginie Landemaine compare à un burn-out chez les adultes.
Souvent le corps est le premier à dire "stop", comme le montrent les autres témoignages de jeunes ou de parents de l'ouvrage. Erwann, 12 ans, avait des maux de ventre. Zélie, 14 ans, ne tenait plus sur ses jambes et ne pouvait plus marcher. Elsa, 18 ans, ne mangeait plus et avait des crises d'angoisse.
Il y a là, plutôt, l'expression d'une souffrance psychique profonde, un trop-plein d'anxiété qui vient, chez certains jeunes, provoquer un blocage que Virginie Landemaine compare à un burn-out chez les adultes.
Souvent le corps est le premier à dire "stop", comme le montrent les autres témoignages de jeunes ou de parents de l'ouvrage. Erwann, 12 ans, avait des maux de ventre. Zélie, 14 ans, ne tenait plus sur ses jambes et ne pouvait plus marcher. Elsa, 18 ans, ne mangeait plus et avait des crises d'angoisse.
Les galères d'une errance médicale
Alors commence souvent pour les familles une longue errance médicale. Après avoir fait le tour de ceux qui pouvaient soigner les maux de tête, Virginie fait suivre sa fille par une psychothérapeute-hypnothérapeute, et une art-thérapeute. Les professionnels tâtonnent, les parents espèrent puis désespèrent, d'autant qu'il faut aussi dialoguer avec l'école (trop d'absences non justifiées n'étant pas admises), courir d'un rendez-vous à l'autre en pleine journée, soutenir son enfant et trouver une solution pour sa scolarité.
Pour Laïa, la fille de Virginie, ni un changement de classe, ni plusieurs tentatives de reprise de la scolarité, ni l'inscription l'année suivante dans un collège-lycée spécialisé ne vont suffire à vaincre sa phobie toujours prête à resurgir. Déçus, ses parents vont se résoudre à l'inscrire au Cned tout en poursuivant les suivis.
"Ces événements nous aident à apprendre la patience !, écrit-elle. Prendre les choses comme elles viennent, arrêter de vouloir tout maîtriser (surtout quand on n'a absolument pas la main sur les événements) et accepter, tout simplement, que les choses sont comme elles sont, et que tout se mettra en place le moment venu".
"Il faut apprendre la patience. Prendre les choses comme elles viennent et accepter, tout simplement, que tout se mettra en place le moment venu".
Pour Laïa, la fille de Virginie, ni un changement de classe, ni plusieurs tentatives de reprise de la scolarité, ni l'inscription l'année suivante dans un collège-lycée spécialisé ne vont suffire à vaincre sa phobie toujours prête à resurgir. Déçus, ses parents vont se résoudre à l'inscrire au Cned tout en poursuivant les suivis.
"Ces événements nous aident à apprendre la patience !, écrit-elle. Prendre les choses comme elles viennent, arrêter de vouloir tout maîtriser (surtout quand on n'a absolument pas la main sur les événements) et accepter, tout simplement, que les choses sont comme elles sont, et que tout se mettra en place le moment venu".
La lumière tout de même au bout du tunnel
Une patience et une résilience qui finissent par porter leurs fruits. Pour Virginie, la prise de contact avec l'association Phobie Scolaire marque un tournant. On l'invite à consulter (encore !) une neuropsychologue spécialisée dans les difficultés d'apprentissage.
Pour les membres de l'association APS, en effet, la phobie est multifactorielle. "C'est la partie visible de l'iceberg, explique dans l'ouvrage Christelle Schnitzler, présidente, et nous invitons les familles à explorer ce qui est caché. Un trouble anxieux scolaire ne se met pas en place sans raisons précises, et cela cache fréquemment un comportement différent par rapport à la norme."
Le jeune souffre-t-il d'un trouble DYS (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie...), de troubles du spectre autistique (TSA), de l'attention (TDA), est-il hypersensible, précoce avec un "haut potentiel" (HPI) ? On comprend avec les témoignages du livre que ces difficultés - souvent ignorées - peuvent avoir entraîné des échecs, une perte de confiance en soi, une inadaptation au système scolaire obligeant l'enfant à de gros efforts de compensation. Un changement de cadre, ou un harcèlement peuvent aussi aggraver l'anxiété. Et déclencher une vraie phobie.
Pour les membres de l'association APS, en effet, la phobie est multifactorielle. "C'est la partie visible de l'iceberg, explique dans l'ouvrage Christelle Schnitzler, présidente, et nous invitons les familles à explorer ce qui est caché. Un trouble anxieux scolaire ne se met pas en place sans raisons précises, et cela cache fréquemment un comportement différent par rapport à la norme."
Le jeune souffre-t-il d'un trouble DYS (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie...), de troubles du spectre autistique (TSA), de l'attention (TDA), est-il hypersensible, précoce avec un "haut potentiel" (HPI) ? On comprend avec les témoignages du livre que ces difficultés - souvent ignorées - peuvent avoir entraîné des échecs, une perte de confiance en soi, une inadaptation au système scolaire obligeant l'enfant à de gros efforts de compensation. Un changement de cadre, ou un harcèlement peuvent aussi aggraver l'anxiété. Et déclencher une vraie phobie.
Quelles solutions pour en sortir ?
Les divers spécialistes - éducateurs, thérapeutes, membres d'association - interviewés à la fin de l'ouvrage apportent leur pierre à la compréhension du phénomène.
Psychologue au sein de l'association "De A à Zèbre", Julie Graff-Guitton confirme l'importance du diagnostic pour prévenir ou pour sortir d'une phobie scolaire avec des solutions adaptées. "Lorsque l'on a un jeune enfant qui sait qu'il est hypersensible ou haut potentiel, on anticipe et on s'organise. (...) Le parent peut chercher des solutions avec son enfant pour qu'il se sente bien et c'est déjà le rendre acteur".
Car des solutions existent ! Soit pour aménager la scolarité - à travers des "programmes d'accueil individualisés" de l'élève - soit pour bénéficier gratuitement des enseignements à distance du "Cned réglementé", ou encore du soutien de l'AHPADE (ex SAPAD) "accompagnement pédagogique à domicile à l'hôpital ou à l'école". Mais la "bonne" solution ne peut se mettre en place qu'à travers un dialogue régulier entre les parents, les thérapeutes et l'école, ce que l'association APS appelle le "trio gagnant".
Psychologue au sein de l'association "De A à Zèbre", Julie Graff-Guitton confirme l'importance du diagnostic pour prévenir ou pour sortir d'une phobie scolaire avec des solutions adaptées. "Lorsque l'on a un jeune enfant qui sait qu'il est hypersensible ou haut potentiel, on anticipe et on s'organise. (...) Le parent peut chercher des solutions avec son enfant pour qu'il se sente bien et c'est déjà le rendre acteur".
Car des solutions existent ! Soit pour aménager la scolarité - à travers des "programmes d'accueil individualisés" de l'élève - soit pour bénéficier gratuitement des enseignements à distance du "Cned réglementé", ou encore du soutien de l'AHPADE (ex SAPAD) "accompagnement pédagogique à domicile à l'hôpital ou à l'école". Mais la "bonne" solution ne peut se mettre en place qu'à travers un dialogue régulier entre les parents, les thérapeutes et l'école, ce que l'association APS appelle le "trio gagnant".
Une feuille de route pour aider les parents
Concrètement, que faire quand mon enfant ne veut plus aller en classe ? Pour guider les parents déboussolés sur un chemin parfois long et semé d'embûches, l'association Phobie scolaire (APS) a élaboré une précieuse feuille de route.
"La priorité est la prise en charge du trouble anxieux, explique Christelle Schnitzler, présidente d'APS. Faire baisser le taux d'anxiété de l'enfant pour voir ce qu'il reste comme comportement et en effet la première chose à faire. A partir de là, on peut envisager des bilans..."
L'association conseille donc de faire une pause scolaire d'environ trois semaines, et de mettre à profit ce temps pour entamer un dialogue "primordial" avec l'établissement, sans oublier l'écoute de son enfant.
Pour en savoir plus : https://phobie-scolaire.org/boite-a-outils/feuille-de-route/
Concrètement, que faire quand mon enfant ne veut plus aller en classe ? Pour guider les parents déboussolés sur un chemin parfois long et semé d'embûches, l'association Phobie scolaire (APS) a élaboré une précieuse feuille de route.
"La priorité est la prise en charge du trouble anxieux, explique Christelle Schnitzler, présidente d'APS. Faire baisser le taux d'anxiété de l'enfant pour voir ce qu'il reste comme comportement et en effet la première chose à faire. A partir de là, on peut envisager des bilans..."
L'association conseille donc de faire une pause scolaire d'environ trois semaines, et de mettre à profit ce temps pour entamer un dialogue "primordial" avec l'établissement, sans oublier l'écoute de son enfant.
Pour en savoir plus : https://phobie-scolaire.org/boite-a-outils/feuille-de-route/
Pourquoi tant de jeunes anxieux face à l'école ?
Reste ce constat préoccupant partagé par tous les spécialistes : les cas de jeunes souffrant d'anxiété face à l'école sont en forte augmentation en France, en particulier depuis les confinements sanitaires de 2020-2021.
Psychiatre à Nantes et spécialiste de ces questions, le Dr François Jubert invoque la pression de la réussite scolaire. "En France, dit-il dans l'ouvrage de Virginie Landemaine, les élèves sont évalués sans arrêt, ce qui est une folie à mon sens. Ce fonctionnement les met dans un stress continu tout au long de l'année, ce qui n'était pas le cas avant, il y a dix ou vingt ans".
Pédopsychiatre et chercheuse à l'université américaine de Yale ainsi qu'à l'Inserm, le Dr Laelia Benoit dénonce, elle, le culte français du diplôme qui ferait peser "une pression énorme sur les élèves angoissés par leurs performances" et entraînerait "une mauvaise culture de l'échec".
Dans d'autres pays (en Scandinavie, aux Etats-Unis), on valorise davantage l'engagement et la persévérance. "On y félicite l'enfant pour l'effort qu'il a fourni dans le but de réaliser un dessin, pas pour la beauté du dessin"..."En France, nous avons tendance, soit à ne pas faire de compliments du tout, soit à valoriser uniquement le résultat, lequel se traduit en général par les notes. Or, cela induit la peur de l'échec chez de nombreux jeunes."
Le développement des compétences émotionnelles et relationnelles ne serait pas assez intégré non plus au système scolaire. Art-thérapeute, Muriel Gravouil accompagne de nombreux enfants et adolescents en phobie scolaire : "Ce sont en effet, en général, des enfants très sensibles, qui ont déjà une grande capacité intuitive et émotionnelle".
Psychiatre à Nantes et spécialiste de ces questions, le Dr François Jubert invoque la pression de la réussite scolaire. "En France, dit-il dans l'ouvrage de Virginie Landemaine, les élèves sont évalués sans arrêt, ce qui est une folie à mon sens. Ce fonctionnement les met dans un stress continu tout au long de l'année, ce qui n'était pas le cas avant, il y a dix ou vingt ans".
Pédopsychiatre et chercheuse à l'université américaine de Yale ainsi qu'à l'Inserm, le Dr Laelia Benoit dénonce, elle, le culte français du diplôme qui ferait peser "une pression énorme sur les élèves angoissés par leurs performances" et entraînerait "une mauvaise culture de l'échec".
"En France, nous avons tendance, soit à ne pas faire de compliments du tout, soit à valoriser uniquement le résultat"
Dans d'autres pays (en Scandinavie, aux Etats-Unis), on valorise davantage l'engagement et la persévérance. "On y félicite l'enfant pour l'effort qu'il a fourni dans le but de réaliser un dessin, pas pour la beauté du dessin"..."En France, nous avons tendance, soit à ne pas faire de compliments du tout, soit à valoriser uniquement le résultat, lequel se traduit en général par les notes. Or, cela induit la peur de l'échec chez de nombreux jeunes."
Le développement des compétences émotionnelles et relationnelles ne serait pas assez intégré non plus au système scolaire. Art-thérapeute, Muriel Gravouil accompagne de nombreux enfants et adolescents en phobie scolaire : "Ce sont en effet, en général, des enfants très sensibles, qui ont déjà une grande capacité intuitive et émotionnelle".
Parents : comment garder le cap ?
Mais alors, comment accompagner au mieux, en tant que parents, ces enfants peut-être plus fragiles ? Virginie Landemaine conclut son livre sur une note d'espoir, sans taire pourtant les multiples questions qui l'habitent encore : "Comment les aider à trouver leur place tout en tenant compte de leurs singularités et leurs différences ?" Et comment se rendre présents, attentifs et aimants, sans centrer toute sa vie sur le problème du jeune ?
De ce point de vue les témoignages de parents concernés sont très encourageants : certes, ils racontent avoir été perdus et même emportés par une vraie tempête émotionnelle, être passés par des hauts et des bas, avoir souvent dû mettre en pause leur vie professionnelle...
De ce point de vue les témoignages de parents concernés sont très encourageants : certes, ils racontent avoir été perdus et même emportés par une vraie tempête émotionnelle, être passés par des hauts et des bas, avoir souvent dû mettre en pause leur vie professionnelle...
Un chemin sinueux et incertain qui fait pourtant grandir
Mais ils disent aussi avoir mieux découvert et compris leur enfant, avoir trouvé des solutions qui l'ont aidé à avancer et même, parfois, à se trouver.
Ainsi, Erwan, qui a pu bénéficier en 6ème d'un "service d'assistance pédagogique à domicile" (SAPAD) a conquis une belle assurance et fait sa 5ème et sa 4ème sans problème dans le même collège. Au passage il a eu le temps de développer ses talents numériques et veut s'orienter vers l'informatique !
Elsa, qui s'en est sortie grâce à sa passion des animaux et un accompagnement thérapeutique poursuit des études à distance pour devenir comportementaliste interprète animalière. Et Laïa, la fille de Virginie, a pu faire sa rentrée en classe de troisième et retrouver ses amis au collège...
La route peut donc être longue et sinueuse, incertaine parfois et même insécurisante pour les parents, mais "ce qui compte, c'est le chemin, pas la destination !", assure Virginie. En effet sur ces chemins, les jeunes qui ont été bien accompagnés retrouvent l'estime d'eux-mêmes, ils apprennent à se connaître, apaisent leurs angoisses et peuvent envisager l'avenir avec confiance.
Quant à vous parents, Virginie témoigne que "vous aurez appris sur vous, sur vos besoins, sur l'école, la vie. Vous en sortirez, et qui plus est, vous en sortirez grandis."
Ainsi, Erwan, qui a pu bénéficier en 6ème d'un "service d'assistance pédagogique à domicile" (SAPAD) a conquis une belle assurance et fait sa 5ème et sa 4ème sans problème dans le même collège. Au passage il a eu le temps de développer ses talents numériques et veut s'orienter vers l'informatique !
Elsa, qui s'en est sortie grâce à sa passion des animaux et un accompagnement thérapeutique poursuit des études à distance pour devenir comportementaliste interprète animalière. Et Laïa, la fille de Virginie, a pu faire sa rentrée en classe de troisième et retrouver ses amis au collège...
"Vous en sortirez, et qui plus est, vous en sortirez grandis."
La route peut donc être longue et sinueuse, incertaine parfois et même insécurisante pour les parents, mais "ce qui compte, c'est le chemin, pas la destination !", assure Virginie. En effet sur ces chemins, les jeunes qui ont été bien accompagnés retrouvent l'estime d'eux-mêmes, ils apprennent à se connaître, apaisent leurs angoisses et peuvent envisager l'avenir avec confiance.
Quant à vous parents, Virginie témoigne que "vous aurez appris sur vous, sur vos besoins, sur l'école, la vie. Vous en sortirez, et qui plus est, vous en sortirez grandis."
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