Claire Giuliani, 29 ans, Sales Developer chez Stonyfield France (Danone)
"Je me suis toujours laissée guider par mes passions, j'ai donc naturellement choisi un master de recherche en littérature. A quelques semaines de la fin des cours, je n'avais, cependant, aucune idée de ce que j'allais faire par la suite. Je n'avais jamais été attirée par l'enseignement. J'ai bien pensé à approfondir mes recherches en Doctorat, mais je craignais que l'environnement de travail ne corresponde ni à mes attentes, ni à ma personnalité. Je traversais donc une période de doutes, lorsque, dans un couloir, je suis tombée sur une affiche de l’Opération Phénix.
Je ne m’étais jamais posée la question du monde de l'entreprise. Avec mon profil littéraire, je le voyais un peu comme un ‘sens interdit’. Alors pour en savoir plus sur ce dispositif, j’ai contacté d’anciens étudiants, puis j’ai participé au forum Phénix, l’occasion de rencontrer et d’échanger avec les entreprises partenaires.
J’ai passé un premier entretien chez Danone, et là je me suis dit : ‘ce sera là ou nulle part ailleurs’. C’était risqué mais j’ai tout misé sur cette entreprise et le poste de ‘Chef de Marché Manager’ qu’elle proposait. Concrètement, il s’agissait de gérer un portefeuille de clients, comme par exemple Carrefour, Casino ou Intermarché, et de développer le chiffre d'affaires grâce à des techniques de promotions ou de marchandising.
Après une série d’entretiens, j’ai décroché le poste. J'ai été missionnée sur le secteur Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout en commençant la formation en alternance à la Sorbonne.
Les profils atypiques peuvent vraiment apporter aux entreprises : de la fraîcheur, un œil nouveau, de l'esprit critique. Personnellement, et peut-être est-ce lié à mon parcours universitaire, je ne me sens jamais freinée par des a priori. Les différences permettent aussi de susciter le débat, de créer de la richesse et de voir toutes les aspérités d’un projet.
Aujourd'hui, je fais face à de nouveaux défis. Après trois ans dans l'entreprise, j'ai changé de poste et suis désormais Sales Developer chez Stonyfield France, une filiale du groupe Danone qui commercialise les produits biologiques «Les 2 Vaches». Nous fonctionnons à 15 personnes, comme une strt-up, et il y a beaucoup à inventer. C'est une belle évolution, avec des tâches transversales, qui correspond à l'envie que j’ai toujours eue de construire et d'interagir."
Je ne m’étais jamais posée la question du monde de l'entreprise. Avec mon profil littéraire, je le voyais un peu comme un ‘sens interdit’. Alors pour en savoir plus sur ce dispositif, j’ai contacté d’anciens étudiants, puis j’ai participé au forum Phénix, l’occasion de rencontrer et d’échanger avec les entreprises partenaires.
"J’aime l’idée de construire des projets en équipe"
En découvrant les postes proposés et les entreprises partenaires, j'ai eu le sentiment que mes compétences acquises à l’université – l'analyse, la synthèse, l’expression orale et écrite - pouvaient intéresser. J’ai aussi fait le parallèle entre la gestion de projets et les recherches effectuées dans le cadre d’un mémoire universitaire. Il y a cette dimension créative, cette idée de construire quelque chose. J’ai passé un premier entretien chez Danone, et là je me suis dit : ‘ce sera là ou nulle part ailleurs’. C’était risqué mais j’ai tout misé sur cette entreprise et le poste de ‘Chef de Marché Manager’ qu’elle proposait. Concrètement, il s’agissait de gérer un portefeuille de clients, comme par exemple Carrefour, Casino ou Intermarché, et de développer le chiffre d'affaires grâce à des techniques de promotions ou de marchandising.
Après une série d’entretiens, j’ai décroché le poste. J'ai été missionnée sur le secteur Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout en commençant la formation en alternance à la Sorbonne.
"Les profils atypiques peuvent vraiment apporter aux entreprises"
Dès le départ, je me suis sentie bien intégrée à l’entreprise et n’ai reçu aucun traitement particulier. L’esprit d’entreprise, l’idée de se battre collectivement pour construire quelque chose, d’avoir un objectif commun, m’a d’emblée beaucoup plu. J’ai eu très vite le sentiment d’être à ma place, que mon tempérament pourrait s’exprimer pleinement. Les profils atypiques peuvent vraiment apporter aux entreprises : de la fraîcheur, un œil nouveau, de l'esprit critique. Personnellement, et peut-être est-ce lié à mon parcours universitaire, je ne me sens jamais freinée par des a priori. Les différences permettent aussi de susciter le débat, de créer de la richesse et de voir toutes les aspérités d’un projet.
Aujourd'hui, je fais face à de nouveaux défis. Après trois ans dans l'entreprise, j'ai changé de poste et suis désormais Sales Developer chez Stonyfield France, une filiale du groupe Danone qui commercialise les produits biologiques «Les 2 Vaches». Nous fonctionnons à 15 personnes, comme une strt-up, et il y a beaucoup à inventer. C'est une belle évolution, avec des tâches transversales, qui correspond à l'envie que j’ai toujours eue de construire et d'interagir."
L'opération Phénix, c'est quoi ?
Depuis 2007, Phénix est une opération de recrutement lancée chaque printemps par quelques grandes entreprises (en 2016 : HSBC, L’Oréal, La Bred, PwC, Vinci et Ipsos) en partenariat avec des universités. Elle s'adresse exclusivement à des étudiants ayant décroché un master2 recherche en lettres, sciences humaines et sciences (avec mémoire de recherche) dans une université française.
Les postes proposés sont d'abord publiés sur le site www.operationphenix.fr et les candidats peuvent postuler en ligne sur un à trois postes. Un Forum Phénix leur permet aussi de rencontrer les recruteurs pour se renseigner. Les étudiants pré-sélectionnés passent les entretiens de recrutement d'usage, puis ceux qui sont retenus démarrent par une première année en alternance : ils sont en poste et suivent en parallèle une formation dispensée à l'université Paris Sorbonne et sanctionnée par un master professionnel "Métiers de l'entreprise". Ils poursuivent ensuite dans leur poste à temps plein.
Les emplois proposés sont des postes de cadre, en général en CDI, mais des CDD sont aussi proposés depuis 2015 "afin de permettre aux entreprises partenaires d'offrir davantage de postes aux étudiants", indiquent les responsables de l'opération. Environ 250 diplômés ont été recrutés via l'opération Phénix depuis 2007.
Lire aussi : Opération Phénix 2015 : 13 grandes entreprises recrutent des diplômés de l'université
Depuis 2007, Phénix est une opération de recrutement lancée chaque printemps par quelques grandes entreprises (en 2016 : HSBC, L’Oréal, La Bred, PwC, Vinci et Ipsos) en partenariat avec des universités. Elle s'adresse exclusivement à des étudiants ayant décroché un master2 recherche en lettres, sciences humaines et sciences (avec mémoire de recherche) dans une université française.
Les postes proposés sont d'abord publiés sur le site www.operationphenix.fr et les candidats peuvent postuler en ligne sur un à trois postes. Un Forum Phénix leur permet aussi de rencontrer les recruteurs pour se renseigner. Les étudiants pré-sélectionnés passent les entretiens de recrutement d'usage, puis ceux qui sont retenus démarrent par une première année en alternance : ils sont en poste et suivent en parallèle une formation dispensée à l'université Paris Sorbonne et sanctionnée par un master professionnel "Métiers de l'entreprise". Ils poursuivent ensuite dans leur poste à temps plein.
Les emplois proposés sont des postes de cadre, en général en CDI, mais des CDD sont aussi proposés depuis 2015 "afin de permettre aux entreprises partenaires d'offrir davantage de postes aux étudiants", indiquent les responsables de l'opération. Environ 250 diplômés ont été recrutés via l'opération Phénix depuis 2007.
Lire aussi : Opération Phénix 2015 : 13 grandes entreprises recrutent des diplômés de l'université
Clément Budiman, 25 ans, auditeur senior chez PwC
"Lorsque j’étais étudiant en master 2 de recherche en histoire des relations internationales, je me voyais bien devenir professeur à la fac et chercheur au CNRS. Cependant, la liste d’attente pour obtenir un poste étant d’une dizaine d’années, on m’a vivement conseillé de m’orienter vers le privé.
C’est un secteur qui ne m'a jamais effrayé car depuis l’âge de 16 ans, j’ai toujours enchaîné les petits boulots - serveur, barman, physionomiste, commercial - pour gagner de l’argent. J’avais aussi la volonté de sortir de ma zone de confort à l’université dont je connaissais déjà bien les codes.
J’ai donc commencé à chercher du côté de l’alternance et de l’apprentissage jusqu'au jour où l'un de mes professeurs m'a parlé de l'opération Phénix. Je suis allé au forum, j’ai étudié les descriptions des postes. Puis, je me suis engagé dans le processus de recrutement. J’ai eu le choix entre deux options et j’ai choisi de devenir auditeur financier chez PwC.
C'est un métier qui s’appuie sur la recherche de preuves, qui allie rigueur technique et contact humain. J'y ai tout de suite vu des analogies avec mon travail de recherche. Au quotidien, il s'agit de se documenter pour vérifier que les comptes d’une entreprise reflètent bien son activité.
Grâce à la formation en alternance qu’offre l'opération Phénix, nous ne sommes pas 'parachutés' dans une entreprise du jour au lendemain, il y a une vraie transition, un atterrissage en douceur. On a une remise à niveau dans différents domaines, économique, financier ou encore juridique. Et on profite de cette période pour s'approprier la culture de l’entreprise, ce qui est un gros morceau pour des gens issus de l'université.
C’est une opportunité de dépasser bien des clichés, de s’offrir de nouvelles perspectives et de gagner en stabilité.
Après trois ans dans mon entreprise, j'y suis très heureux. J'échange beaucoup avec mes collègues, nous croisons nos compréhensions et nos différences de perception, ce qui crée de la richesse. Mes études en sciences humaines me servent tous les jours. Elles m’ont donné la volonté de toujours approfondir pour comprendre les tenants et les aboutissements d’une situation. J’y ai acquis beaucoup d’autonomie.
Cette formation m'a aussi permis d'avoir une autre approche de ma relation avec mes clients. Je ne connais pas tous les postulats de comportements que l'on enseigne dans les écoles de commerce, du coup cela amène peut-être plus de spontanéité.
D’ailleurs, après trois ans passés au sein de mon entreprise, je pense que, même s'il y a pu avoir un peu de curiosité au départ, personne ne remet en question mon savoir ou mes méthodes de travail aujourd'hui. Et je constate que mon profil commence vraiment à intéresser les professionnels."
C’est un secteur qui ne m'a jamais effrayé car depuis l’âge de 16 ans, j’ai toujours enchaîné les petits boulots - serveur, barman, physionomiste, commercial - pour gagner de l’argent. J’avais aussi la volonté de sortir de ma zone de confort à l’université dont je connaissais déjà bien les codes.
"J'ai tout de suite vu des analogies entre le métier d'auditeur et mon travail de recherche"
J’ai donc commencé à chercher du côté de l’alternance et de l’apprentissage jusqu'au jour où l'un de mes professeurs m'a parlé de l'opération Phénix. Je suis allé au forum, j’ai étudié les descriptions des postes. Puis, je me suis engagé dans le processus de recrutement. J’ai eu le choix entre deux options et j’ai choisi de devenir auditeur financier chez PwC.
C'est un métier qui s’appuie sur la recherche de preuves, qui allie rigueur technique et contact humain. J'y ai tout de suite vu des analogies avec mon travail de recherche. Au quotidien, il s'agit de se documenter pour vérifier que les comptes d’une entreprise reflètent bien son activité.
Grâce à la formation en alternance qu’offre l'opération Phénix, nous ne sommes pas 'parachutés' dans une entreprise du jour au lendemain, il y a une vraie transition, un atterrissage en douceur. On a une remise à niveau dans différents domaines, économique, financier ou encore juridique. Et on profite de cette période pour s'approprier la culture de l’entreprise, ce qui est un gros morceau pour des gens issus de l'université.
C’est une opportunité de dépasser bien des clichés, de s’offrir de nouvelles perspectives et de gagner en stabilité.
"Mes études en sciences humaines me servent tous les jours"
Après trois ans dans mon entreprise, j'y suis très heureux. J'échange beaucoup avec mes collègues, nous croisons nos compréhensions et nos différences de perception, ce qui crée de la richesse. Mes études en sciences humaines me servent tous les jours. Elles m’ont donné la volonté de toujours approfondir pour comprendre les tenants et les aboutissements d’une situation. J’y ai acquis beaucoup d’autonomie.
Cette formation m'a aussi permis d'avoir une autre approche de ma relation avec mes clients. Je ne connais pas tous les postulats de comportements que l'on enseigne dans les écoles de commerce, du coup cela amène peut-être plus de spontanéité.
D’ailleurs, après trois ans passés au sein de mon entreprise, je pense que, même s'il y a pu avoir un peu de curiosité au départ, personne ne remet en question mon savoir ou mes méthodes de travail aujourd'hui. Et je constate que mon profil commence vraiment à intéresser les professionnels."
Tanguy Pincemin, 28 ans, conseiller advance chez HSBC
"Lorsque j’ai découvert l’opération Phénix, je travaillais déjà depuis deux ans. J’avais eu un master 2 de recherche en histoire moderne et je venais de passer deux ans à la coopération universitaire au sein du ministère des Affaires étrangères. Dans le cadre de ces fonctions, je venais aussi de passer quelque temps au Congo.
Mais alors que mon contrat de vacataire se terminait, j’ai eu envie, après deux ans dans l’administration, de me tourner vers le secteur privé. Je n’avais jamais rejeté le monde de l’entreprise et je commençais à avoir envie de découvertes et d’une certaine stabilité financière et professionnelle.
C’est à ce moment-là qu’un de mes anciens professeurs m’a parlé de l’opération Phénix. J’ai donc suivi les procédures de recrutement pour des postes chez PwC et chez HSBC. C’est un processus intéressant car ces recruteurs sont à la recherche de profils, peut-être moins techniques que des diplômés d’écoles de commerce ou d’ingénieurs, mais disposant d’autres qualités comme la curiosité ou les capacités d’analyse. Mes jobs d’été chez BNP Paribas et la Société Générale ont été une valeur ajoutée à mon CV mais ce sont bien mon profil et mon parcours qui m’ont permis d’être embauché.
Chez HSBC, Je suis chargé de recevoir les clients 'Premiums’, d’être à l’écoute de leurs besoins, et de leur apporter des solutions en termes de gestion de patrimoines, d’immobilier ou de protection de la famille.
La première année se fait donc en alternance et les débuts peuvent être un peu compliqués car l’entreprise vous confie des missions, or vous n’êtes pas présent à temps plein. Il faut donc un temps pour s’adapter à ce rythme particulier.
Il est vrai qu’au départ, certains collègues se sont un peu interrogés sur ce que je faisais là. Ils me demandaient si j’avais raté quelque chose ou pourquoi je bifurquais de la sorte. C’est vrai qu’en France, on a souvent envie d’associer un métier à un diplôme. Pour moi, cela représentait simplement une évolution. Mes études d’histoire me servent encore aujourd’hui, elles me permettent souvent de créer un lien supplémentaire avec certains clients. Les diplômés en sciences humaines ont aussi souvent acquis des qualités de patience et d’écoute, ce qui est important lorsque l’on travaille dans le conseil.
Je continue aussi à apprendre de mes collègues, qui ont des parcours différents. Ils m’ont toujours apporté leur culture du métier, leur expérience et leur recul. Cette diversité est fondamentale car elle crée une émulation qui contribue à éviter les blocages. Et aujourd’hui, je crois que je fais aussi bien mon métier que des gens qui ont une formation plus classique. En tout cas, je réussis bien dans mon domaine puisque je négocie en ce moment même une belle promotion au sein de mon entreprise."
Mais alors que mon contrat de vacataire se terminait, j’ai eu envie, après deux ans dans l’administration, de me tourner vers le secteur privé. Je n’avais jamais rejeté le monde de l’entreprise et je commençais à avoir envie de découvertes et d’une certaine stabilité financière et professionnelle.
"Les recruteurs recherchent des qualités comme la curiosité ou les capacités d'analyse"
C’est à ce moment-là qu’un de mes anciens professeurs m’a parlé de l’opération Phénix. J’ai donc suivi les procédures de recrutement pour des postes chez PwC et chez HSBC. C’est un processus intéressant car ces recruteurs sont à la recherche de profils, peut-être moins techniques que des diplômés d’écoles de commerce ou d’ingénieurs, mais disposant d’autres qualités comme la curiosité ou les capacités d’analyse. Mes jobs d’été chez BNP Paribas et la Société Générale ont été une valeur ajoutée à mon CV mais ce sont bien mon profil et mon parcours qui m’ont permis d’être embauché.
Chez HSBC, Je suis chargé de recevoir les clients 'Premiums’, d’être à l’écoute de leurs besoins, et de leur apporter des solutions en termes de gestion de patrimoines, d’immobilier ou de protection de la famille.
La première année se fait donc en alternance et les débuts peuvent être un peu compliqués car l’entreprise vous confie des missions, or vous n’êtes pas présent à temps plein. Il faut donc un temps pour s’adapter à ce rythme particulier.
"En France on a souvent tendance à associer un métier à un diplôme"
Il est vrai qu’au départ, certains collègues se sont un peu interrogés sur ce que je faisais là. Ils me demandaient si j’avais raté quelque chose ou pourquoi je bifurquais de la sorte. C’est vrai qu’en France, on a souvent envie d’associer un métier à un diplôme. Pour moi, cela représentait simplement une évolution. Mes études d’histoire me servent encore aujourd’hui, elles me permettent souvent de créer un lien supplémentaire avec certains clients. Les diplômés en sciences humaines ont aussi souvent acquis des qualités de patience et d’écoute, ce qui est important lorsque l’on travaille dans le conseil.
Je continue aussi à apprendre de mes collègues, qui ont des parcours différents. Ils m’ont toujours apporté leur culture du métier, leur expérience et leur recul. Cette diversité est fondamentale car elle crée une émulation qui contribue à éviter les blocages. Et aujourd’hui, je crois que je fais aussi bien mon métier que des gens qui ont une formation plus classique. En tout cas, je réussis bien dans mon domaine puisque je négocie en ce moment même une belle promotion au sein de mon entreprise."