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Julie, 22 ans, en BTS stylisme de mode


Après son bac ES, elle n'a pas eu peur de foncer vers les rivages incertains d'une carrière artistique pour enchaîner deux BTS à l'école Duperré, une référence en matière de mode et de textile. Libre conversation.




Comment décide-t-on de faire des études de mode ?

Julie, 22 ans, en BTS stylisme de mode
En fait, j'ai un parcours atypique car contrairement à d'autres étudiants dans ce milieu, je n'ai pas suivi de filière artistique au lycée : je n'ai pas fait le bac STI arts appliqués, ni même l'option arts plastiques au bac. C'est pas évident de s'orienter si jeune, moi je n'avais pas du tout pensé à mon avenir, et même en terminale, j'étais dépassée. Du coup, j'ai cherché au dernier moment, à fond, et j'ai trouvé : depuis que je suis toute petite et que je sais marcher, je bricole, j'avais ça en moi. Il fallait que je fasse un BTS d'arts appliqués, mais le problème, c'est que comme je n'avais pas le bac STI, il fallait faire une année de mise à niveau. Et pour entrer en mise à niveau, il y avait un concours...
Et là, j'ai eu une chance folle parce que je l'ai eu, direct après le bac, alors qu'on était des milliers et que je n'avais aucune préparation technique concrète. Chaque école a sa mise à niveau artistique (MANA) et son concours, et moi j'ai réussi celui de Duperré.

C'était dur ?

C'était dur sans être dur. Je me souviens qu'en trois heures on devait faire une création sur un format précis, avec un petit texte de 10 lignes et un photos-montage. Le thème, c'était : "Beau comme la rencontre fortuite entre un parapluie et une machine à coudre sur une table à dissection". Dans ce style de concours, c'est la personnalité qui compte. Mais c'est hyper aléatoire.

Et après, tu as commencé ton BTS ?

A la fin de la mise à niveau, il faut passer à nouveau des concours pour entrer en BTS d'arts appliqués. Cette fois, je ne les ai pas réussis. Alors, j'ai fait une prépa privée pendant un an, Françoise Conte à Paris, et c'est là que je me suis rendu compte que je voulais faire du textile. A la fin de l'année, j'ai donc présenté les trois écoles qui faisaient du textile : Mulhouse, Roubaix et Duperret. Et j'ai encore eu l'école Duperré, j'y ai donc passé mon BTS de textile et cette année, j'ai décidé d'y rester pour préparer un autre BTS de stylisme de mode. C'est un parcours inhabituel je sais, mais dans ce milieu, les diplômes n'ont pas tant d'importance que ça, ce qui compte, c'est le parcours créatif, il faut trouver sa voie...

Quelle est l'ambiance à l'école Duperré ?

C'est l'ambiance arts appliqués. On y trouve des personnalités très fortes, on a le droit de marcher au plafond si on veut, mais il y a beaucoup de travail, surtout en deuxième année, la pression est forte. En même temps, ce ne sont pas des bouquins à apprendre, mais uniquement des oeuvres à réaliser, des projets à mener. Il y a beaucoup de travail perso à fournir, et puis il faut être curieux, aller à des expos, être très autonome, avoir sa démarche créatrice.
Moi ça me plaît bien, mais je suis assez indépendante, je suis toujours en bataille permanente parce que je trouve quand même qu'on cherche à nous formater. Heureusement j'ai des bons feelings avec certains profs qui sont prêts à me consacrer des heures entières. C'est ça aussi Duperré, il faut donner de soi, mais il y a des profs qui donnent beaucoup aussi. Il faut trouver des profs qui croient en vous.

Le BTS de stylisme de mode, comment ça se passe ?

Julie, 22 ans, en BTS stylisme de mode
Comme j'ai déjà fait un premier BTS de textile, je ne suis pas trop perdue, et puis je ne fais plus les matières générales, cela me permet de bosser à côté, de développer mes propres projets. En ce moment, je monte ma collection de bijoux.
Autrement dans le cadre du stylisme de mode, on a plein de projets parallèles. En ce moment on travaille sur les cols, on choisit un univers de création. Moi j'ai pris un univers boudoir très rococo avec un rendu très graphique... On travaille à la fois sur les gammes de couleurs, les matières, les échantillons textiles, mais aussi sur la communication de mode. Mon univers me permet de développer le médaillon, le camée. Sur 30 élèves, avec le même sujet, il n'y aura pas deux sujets identiques.

Et à la sortie, ton avenir tu le vois comment ?

Moi j'aimerais faire des bijoux, si possible à mon compte. J'ai plutôt un profil de free-lance, d'indépendant. Maintenant créer les bijoux d'une marque, pourquoi pas...
C'est vrai que le secteur est bouché et qu'il y a une concurrence énorme, alors l'avenir ça sera sûrement un an de stages rémunérés à 300 euros par mois et manger des patates pendant quelque temps. En même temps, on se différencie par nos stages. Moi j'ai pu faire des stages supers chez "Les bijoux de Sophie", chez Christian Lacroix, et puis l'an dernier dans un bureau de style. Et puis mes profs m'aideront, ils ont des carnets d'adresses gros comme ça, Duperret c'est une référence aussi sur mon CV. Alors, j'ai confiance, j'ai confiance dans le hasard et les rencontres. Le secteur de la mode est bouché oui, mais on n'a jamais fait autant de fringues, autant de bijoux. Pour s'installer en free lance, il faut connaître des gens, repérer des filières, avoir un réseau. Est-ce que ça va marcher ? C'est pas évident mais j'ai mon idéal.


Vendredi 7 Juillet 2017


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