Ma passion pour les sciences de la Terre : un coup de foudre sur les volcans d'Auvergne
Jean-Baptiste, étudiant chercheur en climatologie, spécialiste du climat martien
Lorsque nous étions tout petits, nos parents nous ont emmenés à un musée à Marcenac, en Auvergne, sur la foudre et les orages du Cantal. Je me souviens être resté 30 min devant chaque panneau explicatif, et avoir dû me presser pour finir l'exposition avant que la maison ne ferme ses portes. Après ce coup de foudre, à chaque fois que l'on se baladait sur les volcans d'Auvergne, mille questions me venaient à l'esprit : comment se forment les nuages, les éclairs, pourquoi en montant nous avons froid, et d'ailleurs, comment se forme le vent ?
Je me suis alors penché sur la météorologie, et au lycée j'ai vite compris qu'il fallait que je fasse de la physique et que je suive une filière scientifique pour poursuivre dans cette voie.
Je me suis alors penché sur la météorologie, et au lycée j'ai vite compris qu'il fallait que je fasse de la physique et que je suive une filière scientifique pour poursuivre dans cette voie.
Garder le sens de l'orientation : fac ou prépa ?
C'est à la fin du lycée que le choix se corse quand on veut faire des sciences, et en gros, toute la problématique peut se résumer ainsi : fac ou prépa ? Je me souviens que mes profs, voulant mon bien, m'ont dit "la prépa c'est la meilleure voie", et je les ai écoutés, ce que je ne regrette pas d'ailleurs ! Mais au début de ma seconde année de prépa, j'ai réalisé que la méthode de travail ne me réussissait vraiment pas, et que mon moral commençait à tendre sérieusement vers zéro. Quand j'ai annoncé à mes profs et collègues de prépa que j'allais à la FAC, j'ai eu le sentiment d'être fou aux yeux de beaucoup.
En effet, l'université des sciences en France est souvent considérée comme une voie molle et sans issue, à éviter au profit de la prépa. Et c'est un énorme problème de notre société. L'université, au même titre que les classes préparatoires, est une formation excellente, et à la fin du lycée, les bacheliers ont deux choix de niveau théorique parfaitement équivalent, mais de méthodologie complètement différente.
La prépa, ce sont des enseignants et colleurs nombreux qui, au jour le jour, soutiennent les étudiants dans leur formation, les forcent à travailler énormément, pour passer un concours, où il leur faudra être les meilleurs. C'est très bien. L'université, c'est une équipe enseignante plus petite mais très accessible, qui laisse aux étudiants la totale liberté d'étudier selon leurs envies et leurs idées, pour décrocher un bon dossier et une entrée dans une école d'ingénieur ou un bon Master 2 Recherche ou Pro (les anciens DEA et DESS). Et c'est très bien aussi.
A la fin du lycée, le choix est donc fonction avant tout de la personnalité de chacun, car quel que soit le parcours choisi, des passerelles existent entre les écoles et les facs. La prépa requiert une grande résistance physique et psychologique, ainsi qu'une grande vitesse d'assimilation. La fac nécessite une autonomie immense, une forte détermination, et laisse plus de temps pour assimiler.
En effet, l'université des sciences en France est souvent considérée comme une voie molle et sans issue, à éviter au profit de la prépa. Et c'est un énorme problème de notre société. L'université, au même titre que les classes préparatoires, est une formation excellente, et à la fin du lycée, les bacheliers ont deux choix de niveau théorique parfaitement équivalent, mais de méthodologie complètement différente.
La prépa, ce sont des enseignants et colleurs nombreux qui, au jour le jour, soutiennent les étudiants dans leur formation, les forcent à travailler énormément, pour passer un concours, où il leur faudra être les meilleurs. C'est très bien. L'université, c'est une équipe enseignante plus petite mais très accessible, qui laisse aux étudiants la totale liberté d'étudier selon leurs envies et leurs idées, pour décrocher un bon dossier et une entrée dans une école d'ingénieur ou un bon Master 2 Recherche ou Pro (les anciens DEA et DESS). Et c'est très bien aussi.
A la fin du lycée, le choix est donc fonction avant tout de la personnalité de chacun, car quel que soit le parcours choisi, des passerelles existent entre les écoles et les facs. La prépa requiert une grande résistance physique et psychologique, ainsi qu'une grande vitesse d'assimilation. La fac nécessite une autonomie immense, une forte détermination, et laisse plus de temps pour assimiler.
A la découverte d'un nouveau monde : Le prédoctorat des Sciences de la planète Terre (ENS Paris)
A g. : le sol de Titan, le petit satellite de Saturne, à dr. : le sol lunaire à la même échelle
Après être entré à l'université des sciences de Paris et pris une option de "découverte" Météorologie, j'ai retrouvé une confiance en moi que j'avais pas mal perdu en prépa, et j'ai entendu parler par hasard d'une formation appelée "Prédoctorat des sciences de la planète Terre" à l'Ecole Normale Supérieure (ENS) de Paris, qui comprenait une formation très complète en météorologie. J'ai présenté mon dossier et ai été accepté pour faire la 3ème année de license (L3) et le Master (M1) dans cette école.
Cette formation inclut un stage d'un mois en L3 et de 6 mois à l'étranger en M1, ce dernier étant un avantage énorme. Au moment de choisir mon stage de L3 au début de l'année 2005, la sonde Cassini lâchait dans l'atmosphère opaque de Titan une sorte de soucoupe volante, nommée Huygens. A son arrivée sur le petit satellite de Saturne, le robot photographia un monde orange fait de nuages d'hydrocarbures planant au-dessus d'un sol de glace sale, aujourd'hui célèbre (voir l'image ci-contre). Devant ces images, j'ai eu envie, comme devant les nuages auvergnats, de comprendre cette météorologie extraterrestre. Je suis donc allé dans les bureaux de planétologie du Laboratoire de météorologie dynamique, à l'université Paris 6, où l'équipe travaille encore aujourd'hui sur la modélisation de l'atmosphère de Titan. Pendant mon stage de L3 dans cette équipe, j'ai découvert la climatologie comparée des planètes, et mon champ de vision s'est élargi.
Cette formation inclut un stage d'un mois en L3 et de 6 mois à l'étranger en M1, ce dernier étant un avantage énorme. Au moment de choisir mon stage de L3 au début de l'année 2005, la sonde Cassini lâchait dans l'atmosphère opaque de Titan une sorte de soucoupe volante, nommée Huygens. A son arrivée sur le petit satellite de Saturne, le robot photographia un monde orange fait de nuages d'hydrocarbures planant au-dessus d'un sol de glace sale, aujourd'hui célèbre (voir l'image ci-contre). Devant ces images, j'ai eu envie, comme devant les nuages auvergnats, de comprendre cette météorologie extraterrestre. Je suis donc allé dans les bureaux de planétologie du Laboratoire de météorologie dynamique, à l'université Paris 6, où l'équipe travaille encore aujourd'hui sur la modélisation de l'atmosphère de Titan. Pendant mon stage de L3 dans cette équipe, j'ai découvert la climatologie comparée des planètes, et mon champ de vision s'est élargi.
Mon stage de master 1 à Boston fut une révolution : explorer l'univers magnifique de Mars !
La planète Mars entourée de son atmosphère magnifique.
Pour le stage long de M1, je suis donc parti, grâce à la même équipe de Paris 6, à la Brown University, près de Boston, pour faire des études de géologie et climatologie de la planète Mars, qui a une atmosphère magnifique, comme le montre l'image ci-contre prise par la sonde Rosetta. Ce stage fut une révolution, et depuis, je continue d'explorer l'univers magnifique de la planète rouge.
J'étudie le climat actuel et passé de la planète rouge
Après avoir fait le Master 2 Recherche de Planétologie Ile-de-France et un stage à l'Institut d'astrophysique spatiale d'Orsay sur un instrument de la sonde Mars Express, je débute cette année un doctorat au Laboratoire de Météorologie Dynamique sur le climat actuel et passé de la planète Mars.
Mon travail consiste dans un premier temps à modéliser des phénomènes physiques et à les inclure dans un modèle climatique, du même type que ceux utilisés pour la prévision du changement climatique terrestre. C'est la modélisation numérique du climat. Ensuite, les résultats du modèle sont comparés à des données de sonde spatiale, qui doivent être traitées pour tirer d'un simple signal radio envoyé par la sonde une information physique, comme la température, la pression, l'humidité... C'est ce qu'on appelle la télédétection. Enfin, après cette étape de validation, le modèle climatique peut être utilisé pour explorer l'histoire de la planète : c'est la paléoclimatologie.
Sur Terre, le climat change constamment à différentes échelles de temps. Un signal très périodique, de quelques dizaines de milliers d'années, est dû aux variations d'insolation de la Terre, dont l'orbite autour du Soleil change au cours du temps. C'est la théorie de Milankovitch. Mars a connu le même type de changements climatiques dont l'étude, bizarrement, est plus facile que sur Terre, par absence d'océans, de tectonique récente, et de vie. Mars est donc un laboratoire idéal pour l'étude du climat, et nous apprend énormément de choses sur la physique de notre propre planète.
Mon travail consiste dans un premier temps à modéliser des phénomènes physiques et à les inclure dans un modèle climatique, du même type que ceux utilisés pour la prévision du changement climatique terrestre. C'est la modélisation numérique du climat. Ensuite, les résultats du modèle sont comparés à des données de sonde spatiale, qui doivent être traitées pour tirer d'un simple signal radio envoyé par la sonde une information physique, comme la température, la pression, l'humidité... C'est ce qu'on appelle la télédétection. Enfin, après cette étape de validation, le modèle climatique peut être utilisé pour explorer l'histoire de la planète : c'est la paléoclimatologie.
Sur Terre, le climat change constamment à différentes échelles de temps. Un signal très périodique, de quelques dizaines de milliers d'années, est dû aux variations d'insolation de la Terre, dont l'orbite autour du Soleil change au cours du temps. C'est la théorie de Milankovitch. Mars a connu le même type de changements climatiques dont l'étude, bizarrement, est plus facile que sur Terre, par absence d'océans, de tectonique récente, et de vie. Mars est donc un laboratoire idéal pour l'étude du climat, et nous apprend énormément de choses sur la physique de notre propre planète.
La recherche : 50 heures de travail par semaine, mais un véritable bonheur
La thèse, et plus généralement la recherche, est un métier chaque jour surprenant et fascinant, car fondé sur une constante remise en question et découverte du savoir. Cet exercice est un véritable bonheur, et représente aussi beaucoup de travail. Décrocher une thèse, et ensuite la mener à bien, nécessitent 50 à 60 heures de travail par semaine, et il est essentiel d'être passionné par son sujet, et d'aimer étudier. Il est également indispensable d'avoir un bon directeur de thèse et une équipe dynamique qui sauront bien mener la barque.
Les projets d'un étudiant chercheur : toujours la climatologie extra-terrestre
Après ces trois années de thèse, j'aimerais beaucoup continuer à travailler sur la climatologie comparée, et ce dans d'autres pays, à défaut d'une autre planète ! Quelques idées commencent à s'articuler, mais tout cela est très préliminaire ; la Terre est si grande !