Vers un service civique universel et une grande école du numérique


François Hollande a annoncé le 5 février la création d'un service civique universel auquel tout jeune aura droit dès le 1er juin 2015. Autre annonce : une "grande école du numérique" sera créée.




© Présidence de la République
Lors de sa cinquième conférence de presse, le 5 février 2015, le président de la République a fait la part belle aux mesures concernant les jeunes et l'éducation.

Ce n'est pas une surprise puisqu'à la suite des attentats terroristes du 7 janvier, François Hollande avait réaffirmé son intention de renforcer la cohésion nationale et la transmission des valeurs de la République. Il avait ainsi évoqué l'idée d'un service civique obligatoire pour tous les jeunes Français, idée qui avait fait débat.

François Hollande a donc dévoilé ses choix le 5 février face à la presse.

Un service civique de 8 mois

Il a annoncé le lancement d'un "service civique universel" : celui-ci ne sera pas donc pas obligatoire, il reste soumis au volontariat comme l'actuel service civique en place depuis 2010.

Par contre, "tout jeune de moins de 25 ans qui souhaitera faire un service civique de huit mois pourra le faire dès le 1er juin", a déclaré François Hollande. L'État s'engage donc à fournir un service civique, c'est-à-dire une mission d'intérêt général au sein d'une association ou d'une collectivité publique à tout jeune qui en fera la demande à l'Agence du service civique : c'est là la nouveauté, puisque jusqu'à présent,  environ 35 000 jeunes pouvaient faire un service civique chaque année, alors qu'il y a quatre fois plus de demandes, a expliqué le chef de l'État.

"Cela va supposer de mettre toutes les collectivités, les associations, les ministères, en capacité de proposer environ 150 000 missions dans un délai particulièrement court", a indiqué François Hollande. L'Agence du service civique, actuellement dirigée par François Chérèque va donc être "renforcée".

La question de la rémunération reste en suspens

La vraie difficulté toutefois jusqu'à présent n'est pas tant de trouver des missions que de les financer, les volontaires touchant 573 euros par mois, financés par l'État. En juillet 2014, le budget du service civique avait été gratifié de 100 millions d'euros supplémentaires, pour lui permettre d'accueillir 60 000 jeunes en 2017.

On se demande comment il pourrait être possible d'en financer soudainement 150 000, à moins que la rémunération allouée diminue, voire disparaisse. François Hollande s'était d'ailleurs déclaré favorable à un "service civique plus court mais non rémunéré", lors de ses vœux au Français début janvier.

Il est apparemment revenu à la formule d'un service civique long, d'une durée de 8 mois (le service civique actuel dure 6 à 12 mois), mais on ignore encore exactement ce qu'adviendra sa rémunération. Lors de sa conférence de presse, il a toutefois déclaré qu'un "contrat civique" allait être créé et qu'il concernera aussi une "réserve citoyenne" destinée à "tous les Français, tous ceux qui veulent participer à l'élan collectif, donner le meilleur d'eux-mêmes".

Satisfecit des associations

Les associations, qui était très hostiles à l'idée d'un service civique obligatoire, ont plutôt bien accueillies l'annonce du président. Elles se disent prêtes à relever le challenge pour trouver suffisamment de missions d'ici juin.

"On peut faire un grand programme dans les collèges pour les débats sur l'éducation et la citoyenneté. Les jeunes qui parlent aux jeunes ça marche très bien", a suggéré sur RTL François Chérèque, le président de l'Agence du service civique.

Le service militaire adapté

Autre mesure concernant la jeunesse, le service militaire adapté (SMA), un dispositif d'insertion via les armées pour l'heure seulement en vigueur outre-mer, sera expérimenté en métropole avec la création de trois centres.

Le SMA consiste à accueillir dans des centres militaires des jeunes sans formation en situation précaire. Ils suivent une formation professionnelle encadrée par des militaires et sont aidés à bâtir un projet professionnel. A l'issue du SMA, 3 jeunes sur 4 trouvent une solution d'insertion, soit dans un emploi, soit dans une formation.

Le système, qui existe depuis 1961, a survécu à la disparition du service militaire dans les dom-tom.

Une grande école du numérique

Enfin, François Hollande a créé la surprise avec une annonce moins attendue que celle sur le service civique : "Une grande école du numérique sera créée, a-t-il dévoilé, elle sera chargée de diffuser ses formations partout sur le territoire en plus de ce qui va être fait dans le cadre de l'enseignement", a dit le président.

On ignore encore à peu près tout sur ce futur établissement, son statut ou le contenu de ses formations, mais la nouvelle est importante sur un marché de l'enseignement supérieur où nombre de groupes privés ont créé leurs propres écoles.

François Hollande a aussi évoqué une liste d'objectifs et de chantiers concernant l'école en général, dont beaucoup sont déjà connus : la lutte contre le décrochage scolaire, la nécessité de mieux maîtriser le français dès la maternelle, la formation des enseignants (qui doit bien sûr être "améliorée"), la revalorisation de l'enseignement supérieur, la nécessité d'enseigner la laïcité...

Une série de mesures à travers lesquelles François Hollande dit vouloir prolonger "l'esprit du 11 janvier".



Rédigé par la rédaction le Jeudi 5 Février 2015
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