Une trentaine d'universités encore en partie bloquées


Environ une trentaine d'universités, 36 selon l'UNEF sur 85, sont encore partiellement ou totalement bloquées par des étudiants grévistes qui demandent le retrait de la loi sur l'autonomie des universités votée cet été. Le mouvement ne fait donc pas l'unanimité auprès des étudiants souvent inquiets pour leur année.




La situation restait confuse dans de nombreuses facs au soir de la grande journée de grève du 20 novembre qui a vu défiler à Paris des milliers de fonctionnaires auxquels s'étaient joints des étudiants. 36 universités sur 85 seraient bloquées par les étudiants protestataires. Certaines comme Nanterre ont été débloquées par les forces de l'ordre. Dans d'autres comme Tolbiac à Paris, le déblocage a été voté électroniquement à 75,8 %. 7743 étudiants ont participé au vote soit 25% des 29 869 inscrits de l'université.

Le mouvement ne fait donc pas l'unanimité, tout d'abord en raison des méthodes, jugées peu démocratiques, utilisées par la Coordination étudiante : vote à main levée, noyautage d'assemblée générale, blocage des facs empêchant les étudiants qui le voulaient de se rendre en cours...

Dans des manifestations ou des AG, plusieurs journalistes ont aussi noté la défiance de la Coordination étudiante vis à vis de la presse. Dans ce contexte, le débat sur la loi Pécresse, qui motive le mouvement, s'est souvent transformé en une controverse sur le principe même du blocage. "Je suis contre la loi Pécresse, mais je viens voter contre le blocage", explique une étudiante sur un forum.
En région parisienne d'autre part, les grèves de transport qui empêchent étudiants et enseignants de se rendre en cours contribuent à la confusion. De nombreux amphis sont vides ou clairsemés sans qu'on sache bien si les étudiants font grève ou s'ils n'ont pu venir.

Le point sur les négociations avec la ministre Valérie Pécresse

Côté négociations, la situation est au point mort depuis la rencontre entre Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, et les organisations syndicales étudiantes le 16 novembre. La ministre n'a fait aucune annonce particulière, mais a redit qu'"il[n'y aurait pas de désengagement de l'Etat, pas de sélection à l'entrée des universités, pas d'augmentation des frais d'inscription]i". Elle répondait ainsi aux préoccupations des étudiants qui craignent une "privatisation" des universités.

Votée cet été en pleines grandes vacances, la loi sur l'autonomie des universités avait déjà donné lieu à négociations puis à un accord avec les présidents d'universités et des organisations étudiantes comme l'UNEF. (Lire La loi sur l'autonomie des universités).

Pour permettre aux universités françaises, assez pauvres en moyens, de rattraper leur retard sur leurs concurrentes des autres pays, le texte prévoit notamment la possibilité pour elles de nouer des relations avec des entreprises et des fondations, d'embaucher elles-mêmes leur personnel, de confier des tâches rémunérées à des étudiants (lire ).

La sélection en master, inscrite dans un premier temps dans le texte, avait été abandonnée. De même, l'idée de proposer à des universités "volontaires" d'adopter ce nouveau statut, les présidents d'universités ayant craint qu'on ne crée des établissements à deux vitesses. Le même statut est finalement proposé par la loi à toutes les universités à qui l'on donne cinq ans pour s'adapter.

L'UNEF dépassée par des mouvements plus extrémistes

Principal syndicat étudiant, l'UNEF, pourtant traditionnellement classé à gauche, avait participé au cours de l'été à la négociation sur la loi Pécresse, et en avait admis les grands principes, tout en demandant plus de moyens et des nouvelles mesures pour améliorer les conditions de vie étudiante. Ce dossier était en chantier ainsi que celui sur l'échec en première année auquel le ministère souhaite s'attaquer quand le mouvement actuel a éclaté prenant l'UNEF de cours.
Pour ne pas se laisser dépasser par la Coordination étudiante, l'UNEF a finalement rallié les mouvements de grève et de blocage des facs, sans toutefois demander l'abrogation de la loi. Cela explique l'amplification du mouvement souvent lancé au départ par des étudiants d'extrême-gauche assez isolés.
La ministre aura sans doute du mal à échapper à de nouvelles négociations, sans qu'on sache encore bien sur quelles bases concrètes celles-ci pourraient s'ouvrir tant la contestation a peu permis de discussions concrète sur la loi elle-même.



Rédigé par le Mercredi 21 Novembre 2007
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