Une pétition exige le droit de passer le permis de conduire


L'Union nationale des indépendants de la conduite (Unic) lance une pétition sur Internet pour obtenir de l'Etat un "droit opposable à l'examen du permis de conduire". Une façon de protester contre les délais et le manque de place pour passer le permis.




"Quand un jeune s'inscrit dans une école de conduite, il dépose une demande de permis de conduire. En regard de cela, il a l'obligation de faire 20 heures de conduite mais l'Etat ne lui garantit pas d'avoir une place d'examen", explique Philippe Colombani, président de L'Union nationale des indépendants de la conduite (Unic), une association rassemblant des gérants d'écoles de conduite.

En fait, l'Unic pointe le manque d'inspecteurs, d'où des délais trop longs et une "course" aux places d'examen. "Aujourd'hui, 4 millions de candidats au permis de conduire sont en attente d'une place d'examen. Chaque année, l'Etat ne donne que 2,7 millions de places d'examens !", dénonce l'Unic, qui dit aussi vouloir briser la "loi du silence" dont souffrent les auto-écoles : "Le système repose sur la pression du ministère sur les écoles de conduite les obligeant à toujours exiger plus des élèves sans pour autant assumer la situation."

L'association a donc lancé sur Internet la pétition apoilsanspermis.com qui demande que soit inscrit au Code de la route un "droit opposable à l'examen du permis". Tout candidat qui se serait préparé dans les conditions réglementaires aurait le droit de passer l'examen théorique et pratique "dans des délais raisonnables", de huit jours pour le Code et quinze jours pour la conduite.

"Le permis, c'est pas un dû de l'avoir, mais de le passer, c'est un droit, ou plutôt ça devrait l'être, on demande que ce soit gravé dans le marbre de manière à ce que l'Etat prenne ses responsabilités", a déclaré Philippe Colombani à l'AFP. L'Unic a aussi mis en ligne une vidéo pour expliquer son combat.

Permis de conduire, la grande injustice


Le débat des délais : deux mois ou quatre mois ?

Mais les délais pour passer le permis sont-ils aussi longs que le dénonce l'Unic ? Dans son bilan d'étape de mai 2010 sur la réforme du permis, le ministère affirmait que  les délais de passage à l’examen ont été réduits à deux mois dans près de 80 % des départements, grâce notamment à trois mesures :
- Le recrutement exceptionnel de 35 inspecteurs en 2009 et 20 en 2010.
- Le dégagement de 43 133 places d'examens  le samedi en 2009, initiative qui se poursuit en 2010
- La possibilité, pour une école de conduite, de présenter ses candidats à l’épreuve pratique du permis  sur un centre d’examen situé dans un département voisin de celui de l’agrément de sa domiciliation professionnelle.
 
"Ce sont des améliorations marginales très insuffisante, c'est de la poudre aux yeux, réagit Phlilippe Colombani. Dans les Yvelines, par exemple, il y a 50 places le samedi, que voulez-vous que nous fassions avec cela ? Ce ne sont pas des miettes que nous voulons !". Selon l'Unic, le délai de passage de l'examen pratique serait de quatre à cinq mois dans certains départements et les chiffres du ministère ne prendraient pas en compte les élèves "en attente" que les auto-écoles ne peuvent présenter.

Le magazine Auto Plus du 8 juin 2010 confirme ces difficultés après avoir enquêté département par département : si les délais pour repasser le permis après un premier échec ont été bien raccourcis en Haute-Saône, dans le Gard, en Seine-Maritime et dans l'Indre (4 semaines d'attente), ils ont plutôt rallongé en Seine-Saint-Denis (25 semaines !), dans le Pas-de-Calais (23), les Bouches-du-Rhône (23) ou la Sarthe (22). Globalement, l'attente est plus longue dans les grandes agglomérations (11 semaines à Paris) que dans les  zones rurales (3 dans la Creuse).

Quelles solutions ?

Pour l'Unic, si le gouvernement ne veut pas créer davantage de postes d'inspecteurs fonctionnaires, il faut soit privatiser la filière, soit créer un établissement public agréé. La pétition qu'elle a lancée compte bien faire pression sur l'Etat pour qu'il bouge.

Certains candidats, eux,  vont parfois passer leur permis à l'étranger et l'échangent ensuite contre un permis français grâce aux accords entre la France et un certain nombre de pays. D'après Le Parisien du 4 juin, 10% des permis délivrés en France auraient été passés à l'étranger.

Une autre solution peut aussi permettre de ne pas se ruiner en cours de conduite : la conduite "accompagnée" est maintenant ouverte aux plus de 18 ans, pour une première tentative ou après un échec. Il faut conduire durant au moins trois mois et faire 1000 kilomètres pour pouvoir être représenté à l'examen. C'est la conduite supervisée, une nouvelle option à ne pas négliger.



Rédigé par le Lundi 7 Juin 2010
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