Réorientation après une Paces : les écoles d'ingénieurs multiplient les prépas "rebond"


De plus en plus d'écoles d'ingénieurs postbac ouvrent des cursus pour accueillir en février les étudiants en échec en Paces, la première année d'études de santé : les étudiants peuvent ainsi rejoindre en six mois le cursus de 2ème année sans perdre un an.




À Paris, l'ECE est une des premières écoles d'ingénieurs à avoir ouvert la porte aux déçus de médecine. Depuis 2009, cette école accessible directement après le bac (via le concours Avenir) leur propose de rejoindre en février son programme PREPAC (pour "prépa accélérée").

Le principe est en gros toujours le même : les étudiants qui s'aperçoivent en décembre-janvier qu'ils ne pourront passer la barre du fameux concours peuvent intégrer la PREPAC dès le début du deuxième semestre : là, ils suivent en six mois un programme intensif dans le but de rejoindre les étudiants de deuxième année à la rentrée suivante.

Le groupe ISEN, avec des écoles à Brest, Lille et Toulon, propose lui aussi sa "prépa rebond". HEI fait de même à Lille. A Rouen, l'ESIGELEC ouvre en cette année 2015 son année "passerelle".

Certes, l'entrée est sélective et il ne faut pas perdre de temps : dès novembre, les étudiants souhaitant se réorienter peuvent aller frapper à la porte des écoles qui les intéressent. L'admission se fait en général au vu du dossier scolaire et de la motivation (testée en entretien).
Mais certaines écoles poursuivent le "recrutement" jusqu'en février : on peut ainsi postuler à la "passerelle" de l'ESIGELEC jusqu'au 31 janvier et à l'ECE Paris jusqu'au 20 février 2015.

La réorientation dans une école du réseau Polytech

Une autre option est proposée par le réseau d'écoles d'ingénieurs Polytech. Ces écoles de statut universitaire proposent une réorientation en deuxième année de "prépa intégrée", non en cours d'année mais à la rentrée suivante.

Les candidatures sont à déposer sur le site d'admission du réseau Polytech entre janvier et juillet. L'admission est sélective, en fonction du dossier et de l'entretien.

Deux voies sont proposées : vous pouvez postuler à l'école Polytech partenaire de votre université (s'il y en a une), ou participer à la sélection nationale. Rens. pour l'entrée des Paces dans une école Polytech

L'intérêt pour les étudiants

Pour les étudiants issus de Paces, la réorientation en école d'ingé est intéressante à plusieurs titres : ces prépas peuvent éviter de perdre une année, d'autant que beaucoup d'étudiants sont souvent des "doublants" qui tentaient leur deuxième Paces.

D'autre part, les écoles d'ingénieurs délivrent un titre toujours très convoité en France, le fameux "titre d'ingénieur" (pour celles qui sont habilitées par la CTI, la Commission des titres d'ingénieurs), et elles ouvrent sur des carrières scientifiques et techniques de cadre offrant de beaux débouchés.

Certes, il n'est pas évident de renoncer à une carrière médicale, à forte motivation humaine, pour se réorienter dans l'électronique ou les transports... Mais les écoles mettent toutes en avant la diversité des spécialisations possibles, notamment dans la branche biomédicale, en fort développement.

Ainsi, l'ECE Paris propose en deuxième année du cycle ingénieur une majeure "Santé et Technologie", qui forme aux sciences et techniques médicales au travers d’enseignements en imagerie et instrumentation médicale, robotique médicale, TIC et systèmes d’information pour la santé, ainsi que sur les principes d'anatomie, physiologie et physiopathologie.

Pour les écoles : de bonnes étudiantes scientifiques

Si les écoles d'ingénieurs multiplient ainsi les dispositifs pour "récupérer" les étudiants de Paces, c'est aussi qu'elles y trouvent un intérêt : la France manque d'ingénieurs et trop peu de bacheliers choisissent une orientation réellement scientifique.

Les écoles d'ingénieurs manquent aussi cruellement de filles (elles représentent moins de 20% des effectifs), or celles-ci sont très nombreuses à choisir les études de santé et donc à s'inscrire en Paces.
 
"Fini la galère : je suis soulagée !"

En créant une "prépa rebond", les écoles espèrent donc capter de bons étudiants scientifiques, notamment des jeunes filles.

Et ça marche ! En décembre 2014, une étudiante expliquait ainsi en commentaire d'un de nos articles qu'elle a décidé de postuler pour différentes écoles d'ingénieurs dès novembre  : "J'ai passé les entretiens pour l'UTC (Université de technologie de Compiègne) en novembre, et j'ai aussi postulé à l'ESIGILEC de Rouen, qui propose une dominante ISYMED (pour les systèmes médicaux). J'ai passé mon entretien pour ESIGILEC et je sais déjà que je suis prise, ils donnent la réponse directement après. Je suis trop contente : fini la galère. Je suis soulagée de savoir que je serais prise dans une école qui me plait ! Maintenant, je peux me remettre aux maths, à la physique de terminale et je vais partir en voyage en Angleterre en attendant la rentrée en février".

Une réorientation qui réussit à 90%

Reste à savoir si cette réorientation peut déboucher sur une réussite puisqu'il ne faut pas oublier que ces prépas intensives sont bien sûr soumises à une évaluation, soit sous forme de contrôle continu, soit sous forme de test en fin d'année.

L'accès en deuxième année de prépa intégrée n'est donc pas acquis d'avance, et le programme scientifique à avaler est plutôt dense. Mais apparemment, les étudiants de Paces, déjà habitués à fournir un travail intense, s'en sortent très bien. Et la sélection n'a rien à voir avec celle du concours de médecine. Les étudiants sont d'autre part bien encadrés et très aidés par les enseignants des écoles qui font tout pour les aider à franchir la marche.

Ainsi, à l'ECE Paris, 94% des étudiants Prépac passent en deuxième année du cycle préparatoire ingénieur. Parmi eux, deux tiers viennent de Paces, ce genre de classes étant généralement ouvertes aussi à des étudiants scientifiques ayant abandonné une CPGE, ou une L1.
 

D'autres réorientations possibles à l'université

Les universités proposent aussi aux étudiants de Paces des options de réorientations dès le deuxième semestre de L1 dans des disciplines scientifiques variées. On peut aussi s'orienter vers un IUT, certains proposant une rentrée décalée en février.

Il faut bien sûr aller se renseigner dans le CIO de son université sur les diverses filières.

Lire : Se réorienter en première année de fac, c'est possible

 

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Rédigé par le Lundi 26 Janvier 2015
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