Pascal, jeune tailleur de pierre


Depuis l'enfance, il a la passion des cailloux. A 26 ans, Pascal Lapeyre est artisan tailleur de pierre et a créé son entreprise : "Pro-pose marbre et granit". Un métier dur et beau comme ces matériaux qu'il travaille avec amour.



"La pierre pour moi, c'est une histoire de séduction, c'est de la sensualité. Et puis c'est un matériau qui a une histoire : la pierre nous a vu naître, elle a une histoire architecturale, c'est beau ! Alors pour la comprendre, c'est comme pour une femme... Il ne suffit pas de voir, il faut la toucher, la palper, la caresser..."
Ce n'est pas un poète qui parle ainsi, mais Pascal, artisan spécialisé dans la pose, la restauration et le façonnage du marbre et du granit. Entre lui et ce métier d'art, on le comprend, il y a comme une histoire de coeur, une passion forte venue de très loin. "Tout gamin j'ai commencé à collectionner les cailloux, raconte-t-il. J'ai toujours aimé les pierres."

Au collège il s'intéresse aussi à la nature, à l'environnement, à la géologie et à l'architecture. La Terre et ses matériaux millénaires le fascinent. "J'ai pensé un temps m'orienter vers les eaux et forêts, mais un jour en troisième, mon prof de français nous a parlé des Compagnons du devoir qui formaient des tailleurs de pierre.
J'ai été très étonné car je pensais qu'il n'y avait plus de tailleurs de pierre depuis le temps des cathédrales". Etonné et conquis. Dès l'année suivante, Pascal rejoint les compagnons du devoir à Périgueux pour préparer son CAP de travail de la pierre.

Chez les compagnons du devoir, j'ai appris le sens du dépassement

De ces années d'apprentissage avec les compagnons, il garde des souvenirs forts et mêlés : celui d'abord d'un travail intense très exigeant : "On s'engage à 150%. C'est très difficile ! La journée d'un compagnon commence à 6 heures chez le patron pour finir à 18 heures. Puis de 20 h à 22 h on est en cours pour apprendre tout l'art du tracé, et ensuite il faut encore travailler sur le chef d'oeuvre que chaque compagnon doit réaliser."

Il en a eu des moments difficiles de révolte et de découragement ! "Je me souviens qu'un jour j'avais mis 60 heures à réaliser un travail très complexe pour tailler une pièce sur un chef d'oeuvre. Mais quand le maître de stage est arrivé, il a trouvé un très léger défaut, et j'ai dû jeter la pierre et recommencer tout !" Cela dit Pascal est aussi conscient d'avoir reçu un héritage : "Les compagnons m'ont apporté tout ce que je sais pour mon métier, et puis une façon d'être et de vivre. J'y ai gagné le goût du dépassement, le respect du travail, le goût aussi de la transmission du métier : pour l'instant je travaille seul mais j'espère pouvoir un jour transmettre ce que je sais à un jeunen apprenti."

Créateur de sa propre entreprise à 26 ans

Aujourd'hui voilà un an tout juste qu'il a monté son entreprise individuelle : "La société où j'étais a déposé le bilan, et ç'a été le déclic. J'ai mis un an pour mettre mon projet en place". Pour cette nouvelle aventure, Pascal Lapeyre a été bien aidé par le dispositif Envie d'Agir qui lui a d'abord accordé une première bourse régionale en 2006. Juste de quoi acheter le camion, un outil stratégique : "Plutôt que d'avoir un local, j'ai fait le choix d' installer mon atelier dans ce camion. Comme ça je suis plus mobile et plus réactif".

Sympa le camion-atelier, et aussi le nom de l'entreprise : Pro-pose marbre et granit", tout un programme ! Avec sa passion à tout crin et ses bonnes idées, Pascal a séduit une seconde fois Envie d'Agir (lire notre article) qui lui a accordé un premier prix national cette fois en 2007 : 10000 euros, c'est toujours bienvenu quand on monte sa boîte.

Au volant de son camion, Pascal peut sillonner les routes et les chantiers de Gironde. Un jour il pose un dallage chez un particulier, un autre il restaure un marbre sur un vieux meuble, ou il travaille à assembler une marquetterie. "Je viens aussi de terminer une cave de dégustation de vins : on a tout refait comme en 1700", raconte-t-il avec enthousiasme.

Plus tard, c'est sûr, cet amoureux d'architecture aimerait faire davantage de restauration. Sur des monuments historiques ? "Pour l'instant, je préfère rester petit et faire un travail de qualité", répond prudemment le jeune tailleur de pierre qui veut garder la tête froide. Fidèle à son amour du métier avant tout, et droit comme une paroi de granit.

Vendredi 7 Juin 2013
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