Parents : apprenez à écouter vos ados


Vos relations avec vos grands enfants ressemblent trop souvent à un match de boxe et vous vous épuisez dans les conflits ? Et si vous commenciez par mieux les écouter ? Les conseils de Muriel Derhy, coach scolaire et parentale.



Chers parents,
Rappelez vous de la dernière discussion que vous avez eue avec votre adolescent : à quoi cela ressemblait il ? A un dialogue où chacun échangeait son point de vue dans un climat de sérénité et où la discussion s'est terminée par un accord commun. Superbe ! Continuez comme cela !
 

Ou peut être cela ressemblait-il à un match de boxe avec : D'un côté, vous, les parents : ces  personnes auxquelles vos enfants sont attachés par les liens du sang mais aussi par une  relation de communication, d’échange, d'affection ; De l'autre, eux, les adolescents : ces êtres que l'on a vus naître et grandir, au début sous notre surveillance et qui, peu à peu sont mus d’un désir de liberté et d'autonomie toujours plus grand. Les règles : le parent a le droit de… quoi ? On ne sait pas. Mais ce qu'il doit faire, c’est bien éduquer ses enfants, les aider à devenir des adultes responsables, respectueux et respectés, et enfin répondre à leurs besoins.


 

Répression ou compréhension : entre les deux, vous hésitez

Dans cette confrontation, des tendances s'opposent : Votre autorité contre la liberté réclamée par vos ados, Vous hésitez entre répression et compréhension, La rigidité ou la permissivité : entre les deux votre cœur balance ! N'y a-t-il pas un élément qui pourrait vous aider à concilier tout cela ? Comment certains parents réussissent-ils à garder cette atmosphère de sérénité qui mène à un dialogue constructif ? Cela se résume en un seul mot : l'écoute.

L'écoute active nous mobilise entièrement

Parler avec nos ados consiste tout d'abord à les ECOUTER.

L'écoute n'est pas une simple perception de l'oreille, mais une attitude qui mobilise tout notre être : Nos oreilles, bien sûr, pour capter ce qui est dit par notre enfant, Nos yeux pour observer son expression et les sentiments qu'il dégage Nos mains pour le toucher afin d'établir un contact plus charnel Et surtout notre cœur pour mettre de la bienveillance dans cette relation souvent conflictuelle : montrer à notre enfant notre intérêt pour lui et ce qui le concerne.
​"Tu existes, je te reconnais avec tes désirs, tes angoisses, tes revendications"


L'écoute, ainsi appliquée, permet de dire à notre ado : "Tu existes, je te reconnais avec tes désirs, tes angoisses, tes revendications !"

Ainsi, celui-ci se sent important et là un nouveau "match" commence : revenons sur notre ring, qui n'est plus celui d'un combat mais plutôt d'une écoute active.

1er round : se demander, tout d’abord, à qui appartient le problème

L'ado arrive avec une revendication, quelle qu'elle soit : il faut vous demander, tout d'abord, à qui appartient le problème. En effet, souvent nous demandons à notre ado de résoudre un problème alors que la source trouve son origine chez nous, évidemment l’ado ne voit pas le problème et pour cause... le problème est chez nous !

Par exemple votre fils prend sa douche tous les soirs, vers 23h30 : vous en discutez avec lui et cela vire à la dispute, mais il ne voit pas ce qu il pourrait faire ? Dans son esprit, il n y a rien de gênant à prendre sa douche à cette heure-ci, sauf que cela vous dérange, vous voudriez dormir et le bruit occasionné vous en empêche !
Donc, dans cette situation, c'est vous qui avez le problème du bruit, c'est donc à vous de trouver une solution, bienveillante pour tout le monde, pour éliminer votre gêne.

A l'inverse, votre jeune fille vient vous voir car elle ne supporte pas que sa petite sœur entre dans sa chambre pendant qu'elle travaille : il est évident qu'elle est dérangée par les intrusions de sa sœur et cela ne concerne qu'elle !

Dans ce cas, il est vivement conseillé de passer au deuxième round et de continuer dans l'écoute active.

2ème round : la pleine acceptation des revendications de notre enfant

En étant complètement disponible et attentif, il s'agit de bien ouvrir ses oreilles pour l'écouter, ses yeux pour l'observer et son cœur pour être en communion avec lui ou elle.

3ème round : reformuler ce qu'il a dit

Pour vous assurer que vous avez bien compris de quoi il s’agissait, mais aussi pour montrer à votre fils ou fille votre capacité à le comprendre, vous tâchez de reprendre ce qu'il vous a dit : "Si j'ai bien compris, tu te sens découragée par tes mauvaises notes, tu as l'impression de travailler mais comme tu ne réussis pas bien, tu n'as plus le moral pour travailler".

A ce stade, gardez-vous de donner un jugement ou un avis, ce n'est pas (encore) le moment, mieux vaut poursuivre l'écoute jusqu'au bout car les adolescents sont souvent un peu longs à se confier.

4ème round : accueillir ses sentiments de façon sincère

Cette attitude d'écoute bienveillante fait du bien à votre adolescent. Il voit que vous accueillez de façon sincère ses sentiments, que ce soit de la colère, de la révolte, de la joie ou de la déception. Une manière de lui dire : "Je te comprends"

Et là, un miracle s’opère devant vos yeux ! Votre ado, "gonflé de toutes ses émotions" va reprendre un aspect normal, c'est comme s'il se vidait de toute sa révolte.

A ce moment, la place est disponible pour un échange "d’égal à égal" : vous reconnaissez  votre ado et lui, trouve en vous un partenaire.

5ème round : qu'est-ce que tu peux faire ?

C'est LA phrase qui va révéler chez lui la possibilité d’agir seul, selon sa propre volonté, de façon autonome, en bref, rappelez-vous, tout ce qu'il revendique !

Insistez sur le fait qu'il doit décider mais aussi assumer les conséquences. Et évidemment, étant donné que vous l'autorisez à faire seul, il va vous demander votre avis, ainsi débutera un échange constructif entre vous.

Mais attention au piège : vous ne faites que donner votre avis, c'est lui qui a la décision finale.

6ème round : il a pris sa décision, c'est parfait !

Il a pris une bonne décision, car insidieusement, vous l'avez guidé par vos conseils, vos anecdotes, vos expérience personnelles... N'hésitez pas à le féliciter, encore et encore, pour ancrer chez lui votre reconnaissance de ses capacités.

Au final :
- Le jeune est rendu autonome, il s'est exprimé
- Il a été écouté
- Il a décidé tout seul
- Il est reconnu pour ses capacités à agir
- Il est devenu un être... presque adulte

Les parents eux, ont joué leur rôle : écouter, guider, faire grandir leur adolescent.

 Tout va pour le mieux... jusqu’à la prochaine fois !

Une méthode gagnant-gagnant

Eh oui, l’adolescence est comme une compétition de haut niveau, il y a beaucoup de matches avant la finale, mais là, il y a deux gagnants :
- Vous, qui par votre écoute active avez renforcé des liens avec votre adolescent
- Votre enfant qui, par votre autorisation et votre reconnaissance, agit de façon autonome.

Cette écoute active est essentielle dans nos relations avec nos enfants mais est aussi très utile envers notre conjoint, nos amis, nos collègues. Pensez –y ! A bon entendeur...
 

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Mercredi 8 Septembre 2021
Muriel Derhy
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