Ostéopathe : l'art du geste qui soulage


Reconnu en France depuis 2002, le métier d'ostéopathe attire de plus en plus d'étudiants séduits par cette médecine alternative qui soigne par le geste. Mais toutes les écoles ne se valent pas et les débouchés commencent à poser problème...



Photos : SFDO
On dit du docteur Still (1828- 1918), l'un des fondateurs de l'ostéopathie, que son sens du toucher était si développé qu'il pouvait reconnaître à la main les structures les plus profondes de l'organisme.

Aujourd'hui l'ostéopathie est une vraie discipline médicale, basée sur une connaissance fine de l'anatomie et des fonctions du corps humain, mais son originalité est de n'utiliser aucun médicament ou instrument. Ses techniques reposent uniquement sur des gestes manuels pour diagnostiquer une maladie ou soulager une douleur. Mal de dos, torticolis, mais aussi migraines, problèmes respiratoires, musculaires...

L'exemple de Carole, jeune ostéopathe

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Comment devenir ostéopathe ?

Une cinquantaine d'écoles, toutes privées, proposent une formation après un bac (scientifique de préférence) en trois à cinq années. Vous avez donc l'embarras du choix mais attention : toutes ne se valent pas et  le Syndicat français des ostéopathes (SFDO) invite les étudiants à la plus grande vigilance.

Ne vous fiez donc pas uniquement à "l'agrément" de l'école, mais préférez l'une des dix écoles d'ostéopathie ayant obtenu en 2011 une certification du Registre national de certification professionnelle (RNCP). Le SFDO recommande aussi de privilégier les écoles en cinq ans qui dispensent au moins 4200 heures d'enseignement (durée conseillée par l'Organisation mondiale de la santé), et qui permettent de faire de vrais stages pratiques, c'est-à-dire de manipuler des patients. "Assurez-vous que vous pouvez faire au moins 1000 heures de pratique, insiste Philippe Sterlingot, ostéopathe depuis 20 ans et président du SFDO. C'est vraiment  le critère déterminant pour choisir son école car c'est un métier qui marche sur la tête et les mains".

Apprendre les gestes sur de vrais patients

Tiphaine, 25 ans, est en cinquième année au Collège ostéopathique de Provence. "J'y suis allée sans être sûre que j'avais cette vocation, témoigne-t-elle, mais cela m'a tout de suite plu. On étudie beaucoup l'anatomie du corps humain et l'on met aussitôt en pratique ce que l'on apprend."
Des TP sur des mannequins ? "Pas du tout, explique Tiphaine. Nous apprenons d'abord les gestes entre étudiants. On est successivement l'ostéopathe et le patient, ce qui est très formateur car on n'a pas peur de se dire ce qu'on ressent. Dans mon école, on étudie toutes les articulations durant les deux premières années, puis à partir de la troisième année, on apprend les corrections, c'est-à-dire les techniques de soins à raison d'une technique par an."

Depuis sa troisième année, l'étudiante a aussi commencé à suivre de "vrais" patients, sous l'encadrement d'un professeur, dans la clinique d'application qui dépend de l'école et qui est ouverte au public, une des formules recommandées par la profession. "J'ai pu voir 64 patients en 4ème année et plus de 80 cette année, dit-elle. Cela m'a permis de faire beaucoup de progrès car  l'expérience compte énormément dans ce métier, et les cinq années ne sont pas de trop".

Des débouchés assez problèmatiques

Une fois diplômés, les jeunes ostéopathes peuvent donc "visser leur plaque", entendez s'installer en cabinet libéral puisque le métier d'ostéopathe est reconnu par l'Etat depuis 2002.
"Mais le nombre de praticiens augmentant proportionnellement plus que la demande en ostéopathie, les professionnels les plus jeunes et les moins expérimentés rencontrent des difficultés économiques", assure le Syndicat français des ostéopathes.

L'équation est simple : en 2011, il y a près de 14500 ostéopathes en France (contre moins de 10 000 en 2008). Et avec toutes les écoles qui ont ouvert, 2500 jeunes diplômés s'y ajoutent chaque année. Trop nombreux, ils ont donc du mal à trouver suffisamment de patients pour vivre, d'autant que la consultation, pour 50 euros en moyenne, dure 30 à 45 minutes et n'est pas remboursée par la Sécurité sociale (des mutuelles les prennent toutefois en charge). Un ostéopathe peut aussi travailler pour un club sportif ou une clinique privée mais les places y sont rares.
"Je sais que l'installation ne sera pas facile, surtout dans ma région à Marseille, dit Tiphaine, qui prépare ses derniers examens".

Les qualités qui font la différence

"La sélectivité est plus forte qu'avant, reconnaît Philippe Sterlingot. Sur 10 jeunes diplômés, seuls 2 ou 3 s'en sortiront, ceux qui ont vraiment toutes les qualités pour faire ce métier."

Et quelle est  la martingale des qualités à avoir ? "D'abord il faut une véritable empathie avec les patients, il faut aimer les gens qu'on soigne. Ensuite, il faut aimer le toucher car on est dans un corps à corps permanent avec nos patients et être à l'aise avec son propre corps, avoir une bonne kinesthésie. Enfin, il faut savoir appréhender la complexité du corps humain et être bien formé."

Vous vous y retrouvez ? "Alors, il y aura toujours de la place pour ceux qui ont une tête bien faite et bien pleine, et surtout, pour ceux qui savent bien communiquer avec l'autre !", conclut cet ostéopathe expérimenté. La preuve : 99% d'une clientèle se constitue par le bouche à oreille.

Pour en savoir plus :
www.sfdo.info Les dix écoles inscrites au Répertoire des certifications professionnelles : - Collège ostéopathique européen formation initiale (COE)
- Collège ostéopathique européen formation professions de santé (COE)
- Centre européen d'enseignement supérieur de l'ostéopathie (CEESO-Lyon et CEESO-Paris)
- Centre international d'ostéopathie (CIDO)
- Collège ostéopathique de Provence (COP)
- Ecole supérieure d'ostéopathie (ESO)
- Institut des hautes études ostéopathiques (IDHEO)
- Institut supérieur d'ostéopathie Lyon (ISOSTEO)
- Institut toulousain d'ostéopathie (ITO)


7 Juin 2013
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