Logement étudiant : la colocation et l'habitat partagé se renouvellent


Alors que les loyers dans le privé restent élevés en 2023, les résidences étudiantes continuent de se développer et des startups simplifient la colocation. Point commun : les espaces partagés montent en gamme pour répondre au besoin croissant d'échanges et de lien social.




La formule des résidences étudiantes n'est pas nouvelle, mais elle rencontre un succès croissant et les bailleurs privés ou publics continuent d'en ouvrir chaque année.

A Toulouse, en cette rentrée 2023, la résidence universitaire Déodat de Séverac accueille ses premiers étudiants dans le quartier des arènes. Construite à l'initiative d'un bailleur social (CDC Habitat) qui en a remis la gestion au Crous, elle vient grossir le parc de logements pour les étudiants boursiers ou modestes avec une proposition innovante dans l'air du temps : non seulement les 331 logements de 16 m2 à 27m2 sont meublés et connectés, non seulement les étudiants peuvent aussi profiter d'espaces collectifs (salle de coworking, laverie, local à vélos...), mais un centre de formation professionnelle jouxte leur résidence.

Exploité par le GRETA-CFA Midi-Pyrénées, cet espace proposera des formations dans 15 domaines et pour tous les publics : demandeurs d’emploi, salariés, apprentis, candidats à une reconversion professionnelle, décrocheurs... Une façon de matérialiser la notion d'apprentissage tout au long de la vie et de rapprocher les générations.
 

Un lien fort entre habitat, lien social et bien-être des jeunes

Autre acteur du logement social étudiant, l'association Arpej ouvre 8 nouvelles résidences étudiantes, soit 974 logements en France entre juillet et décembre 2023 : à Vincennes, Saint-Ouen, Saint-Mandé,  Villeneuve d’Ascq, Roubaix, Marseille, Pierrefitte et à Suresnes. Ce qui fera au total, fin 2023, 11 571 logements dans 84 résidences pour étudiants et jeunes actifs en France.

Mais pour l'association, la qualité de vie offerte est tout aussi importante que l'espace et le montant du loyer. "Chez ARPEJ, nous sommes convaincus qu’il existe un lien fort entre habitat et le bien-être des jeunes, explique Anne Gobin, directrice générale. Une résidence est une somme de logements qui permet de vivre en autonomie, augmentée d’espaces communs et de projets destinés à l’épanouissement de nos locataires."

Des jardins partagés, des ateliers et un accompagnement

Un jardin partagé dans une résidence ARPEJ
Certaines de ces résidences ont par exemple des jardins partagés et des ruches où les résidents peuvent venir jardiner, se fournir en légumes et s'initier à la biodiversité. Des ateliers variés (cours de cuisine, séances de sport) ou des moments de convivialité sont aussi proposés.

Les jeunes peuvent aussi être accompagnés par l'association dans leurs démarches et bénéficier d'une aide ponctuelle (repas, colis alimentaires et produits d’hygiène, aides alimentaires en urgence, etc.) Cette année, plus de 5000 jeunes ont ainsi été aidés à surmonter des problèmes d’argent, de santé ou d’isolement.

- Pour trouver une résidence, voir le site www.arpej.fr

Des logements Crous trop peu nombreux et en voie de rénovation

Les étudiants boursiers ou à revenus modestes peuvent toujours obtenir une chambre à petit prix dans les résidences universitaires gérées par les Crous en remplissant un "dossier social étudiant". Mais le nombre de places reste insuffisant d'où l'ouverture de nouvelles résidences dans les académies où la tension est la plus forte, notamment en Ile-de-France, Nouvelle Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France.
Ainsi 2 990 nouvelles places ont été proposées aux étudiants soit construites en maîtrise d'ouvrage directe par les Crous (1 586 places), soit par des bailleurs sociaux sous gestion Crous (1 404 places).

Autre problème, la vétusté de ces logements que l'Etat a commencé à réhabiliter : 3 514 places ont été réhabilités en 2022 mais il en reste 8 000 à rénover sur les 175 000 lits des résidences Crous. 

Et de nouvelles résidences étudiantes privées à Nancy,

Pour ceux, très nombreux, qui n'ont pas accès à ces chambres soumises à conditions de ressources, restent les résidences étudiantes proposées par des groupes privés qui ont bien su répondre aux attentes des 18-25 ans.

Ainsi, le Groupe Odalys (engagé au départ dans l'immobilier touristique) multiplie les ouvertures : à Montpellier, Angers, Poitiers et Rennes en 2021, puis au Havre(Les Docks Vauban), Reims (Reims Universités), Caen (Rives de l’Orne) et Porto au Portugal.

​Et en cette rentrée 2023, il ouvre une seconde résidence étudiante Odalys Campus à Nancy à proximité du campus Artem ce qui porte à 28 le nombre de ses résidences.

Un studio dans une résidence Odalys Campus à Reims
Situées à proximité du centre-ville et des établissements d'enseignement supérieur, elles offrent de nombreux services (réception 7j/7, accès sécurisé avec vidéosurveillance, laverie, local à vélo, parking) et disposent d'une salle de fitness, d'un salon de détente, d'un espace coworking et d'une cafétéria.

Les loyers des studios sont d'environ 390 euros à Orléans ou Perpignan, 500 euros à Nancy, au Havre ou à Amiens, 634 euros à Lyon et 799 euros pour la proche région parisienne. Des prix plutôt concurrentiels pour les services offerts (les APL peuvent être mobilisées), ce qui explique le succès de la formule.

 

Des colocations pour un habitat collectif, social et urbain

Enfin, des startups surfent sur l'envie des étudiants, des jeunes actifs et des expatriés de trouver dans les centres villes des colocations dotées de beaux espaces communs. Avec la possibilité de voir et de réserver en ligne. Et pour de courtes durées.

C'est le cas de Wellow, fondée en 2020, qui propose des places dans 120 colocations - pour l'instant sur Paris - réservables en un clic, mais avec l'ambition de constituer une communauté qui échange les bons plans, partage ensemble des événements et favorise la création de liens.

Les dirigeants prétendent créer un "nouveau modèle d’habitat collectif, social et urbain". La location courte est possible (même pour un mois).

Le coliving pour les jeunes actifs dans des maisons de rêve

Dans la même veine, pour répondre aux attentes de la jeune génération, Alexis Ducoulombier et Luke Toulemonde ont fondé à Lille en 2020 la startup IvyNest qui propose là encore un service clé en main de colocation abordable pour étudiants et jeunes actifs.

L'originalité d'Ivynest est d'installer ses colocations dans des grandes maisons anciennes souvent pleines de charme - comme il y en a dans le Nord - mais refaites à neuf. Les deux lillois rénovent le bâti de façon plus durable afin de garantir son efficacité énergétique, et soignent la déco en mêlant l'ancien et le design.

Le résultat est plutôt bluffant si l'on en croit les visites virtuelles de ces "maisons de rêve" sur le site ivynest.fr. On peut aussi réserver en ligne, par exemple, une chambre de 14,5m2 et sa salle de bain privative pour 675 euros par mois.

Générations Part'âges : un logement gratuit dans une résidence senior

Enfin, l'engouement pour le logement transgénérationnel se poursuit avec l'essor de startups qui permettent aussi aux étudiants de trouver une chambre dans l'appartement d'un senior sur des plateformes en ligne.

Les résidences senior Domitys, elles, ont lancé en 2017 l'initiative "Générations Part‘âges" : elles proposent à un.e étudiant.e de résider gratuitement dans un confortable appartement de 35m² entièrement équipé, et de profiter des espaces communs (salle de sport, piscine, salon multimédia…). 

En échange, il ou elle s'engage à consacrer 15 heures par semaine (soit 59 heures par mois) aux résidents en assurant des tâches d'animation : prendre les repas du soir avec les résidents, échanger avec eux, les accompagner lors de sorties, préparer ou animer des fêtes et des soirées...

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Depuis la création de ce programme, 47 étudiants, aux profils variés (en formation dans le médical, social, économique, informatique ou encore commercial) ont participé à l'expérience. 
En cette rentrée 2023, il reste encore quelques places disponibles dans des villes comme Lille, Rouen, Brest, Mulhouse, Metz, Nancy, Marseille, Cherbourg-en-Cotentin, Quimper, Sens, Châlons en Champagne, Chalon sur Saône, ou encore Cahors et Alès.
 
Pour postuler pour l’année scolaire 2023-2024 : https://www.domitys.fr/lpr/generation-part-ages/
 

 




Rédigé par La rédaction le Mardi 12 Septembre 2023
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