Les projets d'Emmanuel Macron pour les jeunes et l'éducation


Un Pass Culture de 500 euros pour tous les jeunes qui fêtent leurs 18 ans, un bac allégé, un service militaire d'un mois... Faisons le tour des projets pour les jeunes d'Emmanuel Macron, élu 25è président de la République française le 7 mai 2017.




Photo du bulletin scolaire de l'étudiant Emmanuel Macrain publié par Sciences Po Paris.
C'est devenu rituel et sans doute un peu rhétorique : tous les 5 ans, le président de la République fraichement élu dit qu'il veut faire de la jeunesse "sa priorité".

Mais il est vrai qu'Emmanuel Macron a un avantage : il n'a que 39 ans et incarne à lui seul un renouvellement de génération à la tête de l'Etat. "Si les Françaises et Français m'accordent leur confiance, la France aura pour la première fois de son histoire un président de moins de 40 ans", écrivait-il le 18 avril 2017 dans une "Lettre ouverte à la jeunesse".

Dans cette missive, le futur chef de l'Etat déclinait donc ses projets avec une idée force : desserrer les blocages qui selon lui étouffent les énergies et empêchent la réussite d'une partie de la jeunesse. Pour cela, il veut faire sauter 4 verrous.

1/ Budget, formation, emploi des jeunes, logement

Emmanuel Macron dit vouloir donner aux jeunes les moyens d'être indépendants, notamment en améliorant l'accès à la formation et à l'emploi de ceux qui en sont éloignés :

- Il veut étendre la Garantie Jeunes à 200 000 jeunes éloignés de l'emploi. Ce dispositif, lancé par François Hollande, accorde aux 16-25 ans qui ne sont ni en emploi ni en formation une allocation de 461 euros par mois et surtout un accompagnement d'un an par la mission locale.

Le but est d'aider chaque bénéficiaire à trouver sa voie et à rebondir mais l'efficacité dépend en réalité de la qualité de l'accompagnement (et des moyens) de chaque mission locale. Or un récent rapport a montré qu'un quart de ces structures associatives étaient déficitaires... En comparaison, le Réseau des écoles de la 2ème chance dont les moyens sont plus élevés que ceux des missions locales a de bien meilleurs résultats d'insertion.

- Emmanuel Macron dit vouloir lancer un plan de formation pour 1 million de jeunes. Il s'agirait "de vraies formations qualifiantes" mais on n'en sait pas plus pour l'instant.

- Il va créer dans les quartiers prioritaires de la ville des "emplois francs" : les entreprises qui embaucheront un jeune de ces quartiers toucheront une subvention de 15 000 euros sur trois ans pour un CDI, 5 000 euros sur deux ans pour un CDD. Dans le passé, la subvention était accordée aux entreprises qui venaient s'installer dans ces quartiers (mais pas forcément embaucher).

- Pour les jeunes qui travaillent et touchent de petits salaires, la lettre évoque une augmentation de la "prime d'activité" mais sans donner de chiffres. Et elle souligne que la baisse des cotisations sociales dont vont bénéficier tous les salariés devraient aussi gonfler leur fiche de paie : un jeune payé au Smic devrait gagner 100 euros nets de plus. Dont acte.

- Autre promesse : étendre la couverture internet et réseau à toutes les zones rurales.

- Et pour le logement : construire 80 000 logements pour les jeunes et leur réserver une part du logement social.

2/ Ecole, lycée, bac, entrée à l'université : ce qui va (sans doute) changer

Emmanuel Macron le 14 mai devant l'Hôtel de ville de Paris. © Présidence de la République
- Emmanuel Macron dit vouloir réformer le baccalauréat en limitant les épreuves à 4 matières, le reste étant évalué par le contrôle continu. Une réforme mesurée -  depuis longtemps dans les tuyaux mais toujours repoussée - qui aurait l'avantage de conserver l'examen et le diplôme et de simplifier l'organisation de l'usine à gaz qu'est chaque année le bac. La réforme devrait ainsi permettre de faire des économies...

- Il veut rendre l'orientation "plus transparente" en obligeant tous les établissements d'enseignement supérieur à publier des chiffres sur leurs taux de réussite et l'insertion de leurs anciens étudiants. En fait, les universités et écoles du dispositif APB doivent déjà le faire.

- Sur la question très contestée de la sélection pour l'entrée à l'université, il avance habilement : "Chacun doit être libre de choisir son parcours c'est pourquoi je n'introduirai pas de sélection à l'université", dit-il dans sa lettre mais il poursuit : "En revanche, il faudra que chacun ait validé des prérequis avant de se lancer dans un cursus. Chaque université affichera clairement les prérequis nécessaires aux formations qu'elle propose et chacun pourra se remettre à niveau si nécessaire".

Autrement dit : les universités pourront donc bien refuser des étudiants qui n'auraient pas les prérequis. Et si le nombre de ceux qui ont les prérequis dépasse le nombre de places disponibles ? Le tirage au sort sera-t-il maintenu ? La question reste entière.

- Emmanuel Macron dit vouloir créer dans les universités 100 000 licences professionnelles. Ces formations ouvertes aux titulaires d'un bac+2 donnent en un an une qualification professionnelle spécialisée très appréciées des entreprises. Et l'insertion des diplômés d'une licence pro est excellente, sur des postes de techniciens supérieurs.
En homme pragmatique, le nouveau chef de l'Etat veut donc développer ce qui marche dans le système universitaire français.

- Il veut aussi développer l'alternance, notamment dans les lycées professionnels. Une mesure qui ne dépend cependant pas uniquement de l'Education nationale mais de toutes les branches professionnelles. Le pré-apprentissage devrait aussi être développé.

"Depuis plusieurs années, l’apprentissage a tendance à se développer dans le supérieur et à reculer au niveau de qualification inférieure (CAP, lycée pro…), commente le Think Tank "Vers le haut". Cet engagement fort en faveur de l’apprentissage devra surtout porter sur les qualifications les moins élevées.

D'autres mesures annoncées pour l'école

- Emmanuel Macron a dit vouloir donner priorité au primaire. Dans les zones d'éducation prioritaire, il veut dédoubler les classes pour que les élèves ne soient pas plus de 12. Et revenir aux "apprentissages fondamentaux" (lire, écrire, compter).

- Au collège, il veut rétablir les classes bilangues et les sections internationales supprimées par la réforme du collège. Il veut donner plus de liberté aux établissements pour appliquer cette réforme (notamment les enseignements interdisciplinaires, les EPI).

- Il veut développer les bilans personnalisés, le soutien, et les stages de remise à niveau pour les collégiens avant la rentrée.

- Pour les lycéens et étudiants, il veut rétablir les bourses au mérite que les gouvernements précédents avaient quasiment supprimées au profit des bourses sur critères sociaux.

3/ Nouvelle Sécu étudiante, Pass Culture de 500 euros

- Il l'a promis mais osera-t-il le faire : Emmanuel Macron veut supprimer la Sécurité sociale étudiante ! "L'assurance-maladie de tous les étudiants sera prise en charge par la Cnam. Chacun conservera sa carte Vitale, mais il n'y aura plus de discontinuité ou de défaillance dans la Sécurité sociale des étudiants".

Il y a des années en effet que l'on pointe la complexité et l'inefficacité du système proposé aux étudiants : mais les bastions que sont les "mutuelles étudiantes" - largement contrôlés par l'Unef et des militants du Parti socialiste - seront-ils vraiment détrônés ?

- Autre promesse en forme de cadeau d'anniversaire : pour ses 18 ans, chaque jeune Français recevra un "Pass Culture" de 500 euros. Le chef de l'Etat dit vouloir aussi étendre les horaires d'ouverture des bibliothèques en soirée et le wee-end, un mouvement déjà entamé qu'il veut poursuivre.

4/ Service civique et militaire, citoyenneté

Enfin, le nouveau président s'est engagé sur quelques mesures fortes destinées à renforcer l'engagement des jeunes.

- Il s'est engagé à conserver et à développer le service civique. Ce dispositif créé en 2010 sous la présidence de Nicolas Sarkozy a largement fait ses preuves mais sous la présidence de François Hollande, il a parfois été envisagé de le rendre obligatoire, de le raccourcir (le service civique dure actuellement six à douze mois), ou de supprimer l'indemnité de 600 euros pour le rendre bénévole.

Finalement, le service civique volontaire et indemnisé a été conservé, et Emmanuel Macron s'est donc engagé à "le pérenniser en conservant ses fondamentaux".

- Emmanuel Macron s'est toutefois distingué par une proposition nouvelle : il a dit vouloir créer un service militaire d'un mois que tous les jeunes Français - garçons et filles - devraient réaliser dans les trois ans suivant leurs 18 ans. Ceci afin de développer la cohésion républicaine et "un esprit de défense et de secours".

Passera-t-il aux actes ? Rien n'est moins sûr, des experts ayant fait remarquer que cette mesure aurait un coût important, l'armée française n'ayant plus les structures et les effectifs pour accueillir ainsi des centaines de milliers de jeunes.

- Enfin, il dit vouloir "démocratiser" Erasmus, en permettant à davantage de jeunes de partir un semestre en Europe, notamment des apprentis. Un engagement qui n'étonne pas de la part d'un Européen convaincu mais qui n'a rien de nouveau : depuis plusieurs mois déjà, l'Union européenne et la France tentent d'aider les jeunes des filières professionnelles à bénéficier des bourses Erasmus...

Le nouveau président a tout de même fixé un objectif chiffré : permettre à 200 000 jeunes par an de partir en Erasmus d'ici la fin du quinquennat. Une mesure sans doute plus populaire que l'institution d'un service militaire.

Une chose est sûre : les nouveaux ministres chargés de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la jeunesse vont avoir du pain sur la planche pour réaliser toutes ces promesses.



Rédigé par le Mardi 16 Mai 2017
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