"Le scoutisme nous apprend à prendre des responsabilités"



Les mouvements de scoutisme proposent aux ados de s'épanouir par le jeu et le contact avec la nature. Mais c'est aussi un lieu de service et à partir de 17 ans, on peut y prendre des responsabilité pour aider les plus jeunes à grandir. Lycéens, étudiants ou jeunes pros, ils témoignent de leur choix d'être "chefs".



Scouts et guides lors du rassemblement scout mondial de 1996. Photo : Jörg Bürgis / Wikimédia
Claire est une jeune professionnelle de 23 ans qui exerce dans le monde médical. Depuis l'âge de 8 ans, elle a suivi tout le "parcours" proposé par les Scouts unitaires de France (SUF), un des mouvements du scoutisme français... et depuis ses 21 ans, elle a pris la relève et s’occupe des guides, les filles de 12 à 17 ans.

"Je me suis engagée aux SUF, mais le plus difficile, c'est de choisir son groupe car il y en a vraiment pour tous les goûts", souligne-t-elle.

Un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix

De fait, dans le monde du scoutisme, les mouvements ne manquent pas et cela dans tous les pays : certains sont mixtes, d’autres non. Certains sont de spiritualité catholique, d'autres protestante, ou musulmane, ou encore laïque… Mais tous proposent aux adolescents et aux étudiants de prendre des responsabilités progressives au service des plus jeunes.

Les enfants et ados sont eux-mêmes regroupés en petites équipes : chacun y a son rôle et progresse pour développer sa personnalité, sous la houlette d'un plus âgé. Le "chef" ou la "cheftaine" sont au service de cette progression.

Rien à voir avec l'encadrement militaire, même si le scoutisme fut fondé en 1907 par un général britannique à la retraite, lord Robert Baden-Powell. "À la fin de ma carrière militaire, disait-il, je me mis à l'œuvre pour transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix".

Le sens de l'autre, le goût de l'aventure

Est-ce ce grand idéal, le service des autres et la construction d'un monde meilleur, qui incite des jeunes de plus de 18 ans à revêtir le foulard et la chemise scoutes ? Sans doute en grande partie.

Les activités proposées - camps dans la nature, grands jeux, sport, voyages, actions humanitaires - attirent aussi les amateurs d'aventure.

Membre d'un groupe scout axé sur le secourisme (la Compagnie secouriste sainte-Barbe !), Alban veut permettre à d'autres jeunes de vivre des activités qu'il a beaucoup aimées : "Notre compagnie propose beaucoup de sport, des exercices de secourisme et de très belles veillées de prière. Alors j'ai voulu m'engager à mon tour pour transmettre ça".

Mais on peut aussi s'engager comme chef sans avoir jamais fait de scoutisme, du moment qu'on partage le projet éducatif et qu'on est prêt à se former. C'est le cas de Paul, étudiant en agronomie : "J'ai commencé le scoutisme directement en tant que chef. Et aujourd'hui, je regrette de ne pas en avoir fait plus tôt ! Mais pas besoin d'avoir 10 ans d'expérience derrière soi".

Un engagement très concret pour les enfants

Le scoutisme, disent tous ces jeunes chefs, c’est avant tout un engagement. Pour les plus petits qui prononcent la "promesse" de respecter la loi scoute devant le feu de camp, mais aussi les plus grands.
"Sur mon honneur, et avec la grâce de Dieu, je m'engage à servir de mon mieux (…)" Voilà ce que promettent solennellement chefs et cheftaines lors de leur investiture chez les Scouts unitaires de France.

Au quotidien, cet engagement est très concret : "On doit passer du temps à organiser les activités et les sorties avec nos louveteaux, explique Yaëlle, responsable d'un groupe de garçons de 8 à 12 ans et élève de terminale.

"Parfois il faut choisir entre la soirée super cool de dernière minute et le week-end prévu depuis longtemps"

Une activité exigeante dans un emploi-du-temps de lycéen ou d'étudiant : "Parfois, il faut choisir entre la soirée super cool de dernière minute, et le week-end prévu depuis longtemps. Finalement, la décision est vite prise. On est un maillon indispensable de la maîtrise, et quand on se rend compte à quel point les enfants comptent sur nous, on n’hésite plus !"
"Être chef, c’est un rôle à tenir auprès des jeunes , de leurs parents, et des autres chefs qui nous entourent", dit Claire.

L'engagement contraint, prend du temps, mais au final il fait progresser : "Organiser des activités avec des enfants accentue aussi le sens des responsabilités, dit Paul, car Il ne faut décevoir ni les enfants, ni les parents qui nous accordent leur confiance".

Claire confirme : "J'avais peur de ne pas avoir le temps, de manquer d'idées pour organiser les activités. Mais au final, grâce aux autres cheftaines et à mes chefs de groupe, nous avons pu vivre une superbe année avec les guides !

La loi des Scouts et Guides de France

Pour donner une idée des valeurs du scoutisme, voilà le texte de la "loi scoute" d'un des principaux mouvements française.

"La guide, le scout :
1. Parle en vérité et agit en cohérence
2. Est digne de confiance et sait faire confiance aux autres
3. Va au devant des autres et tisse des liens de fraternité avec les scouts et guides du monde entier
4. Emploie ses ressources avec sagesse
5. Affronte les difficultés avec optimisme
6. Participe à la construction d'un monde de justice et de paix
7. Aime et protège la création
8. Vit avec énergie et prend des initiatives
9. Accueille la Bonne Nouvelle par ses actes au service des autres
10. Est maître (responsable) de ses paroles, de ses actes et de ses pensées

Etre chef permet de progresser avec ses jeunes

Car ce bénévolat réserve de belles surprises. Accompagner durant une, deux voire trois années un groupe de jeunes permet aux chefs et cheftaines de les voir progresser. Mais ce n'est pas tout : Je me rends compte que le scoutisme m’apporte aussi énormément !", confie Paul. 

Chaque chef témoigne d'un beau "développement personnel" : "J'ai appris à avoir une organisation digne de ce nom, car pas question que les enfants subissent mes étourderies alors qu'ils attendent la sortie avec impatience !".

"J’ai aussi pris de l'assurance, explique Yaëlle, Quand le dimanche soir, on voit les enfants repartir chez eux avec un sourire jusqu’aux oreilles, quand les au-revoir après le camp d’été sont accompagnés de larmes mêlées aux beaux souvenirs, je me dis que l'on a fait quelque chose de beau !".

La cohésion entre chefs, l'apprentissage de la vie en équipe

Le scoutisme, c'est aussi prendre conscience que l'autre peut beaucoup apporter. Il faut souvent savoir reconnaître ses faiblesses pour accepter de l'aide, être humble afin de ne pas mettre en péril une activité.
Surtout quand il faut gérer l'imprévu : "Ce samedi-là, il pleuvait depuis 1h, raconte Claire, et évidemment, on avait prévu une super activité en plein air… Pas de panique, Marguerite, mon assistante, nous a organisé un grand jeu, sous le hangar, à l’abri, les guides en étaient ravies !".

On apprend ainsi à compter sur l'autre, à vivre en équipe et à mettre en commun les talents complémentaires : "Une autre de mes cheftaines, Jeanne, est très à l'aise avec les questions spirituelles, contrairement à moi. Je sais que je peux lui faire confiance pour se charger de cet aspect lors de nos activités !"

Témoignage
Alban : "Ne jamais se moquer les uns des autres"

"Dans notre unité de scouts secouristes, la solidarité est très forte, témoigne Alban. Les trois valeurs centrales sont l'altruisme, l'efficience et la cohésion, mais le plus important, c'est la cohésion. Je me souviens que quand j'ai commencé à 11 ans et que j'étais à la traîne dans les exercices de sport, il y en avait toujours un qui me tirait... On se soutient, comme quand un très bon ami a appris la mort de son père durant un camp. Avant de lui annoncer, l'aumônier nous a tous rassemblés, et nous avons tous été là pour le soutenir, ça l'a beaucoup aidé.

On essaye aussi de ne pas se moquer les uns des autres. Il y a eu une fois un garçon qui se pissait dessus tout le temps, mais personne n'a ri. Du coup, il a été guéri."

Solidarité, sens du groupe, cohésion... Des valeurs qui préparent excellemment à tout travail d'équipe, et même à la vie en entreprise.

Le chef n'est pas seul !

Oui, mais comment acquérir ces compétences et se lancer ? Si les jeunes chefs ont beaucoup de responsabilités, ils ne sont heureusement pas seuls : ils sont eux-mêmes encadrés et se voient proposer de nombreuses formations afin de s'occuper des enfants en tout sécurité : "ça m'a rassuré de partir en CEP1 (Camp-Ecole-Préparatoire 1er niveau) , j'y ai approfondi la pédagogie, et j'ai fait le plein de bonnes idées !", dit Yaëlle

En plus de s'occuper des garçons de 12 à 17 ans, Paul participe aux activités organisées pour les chefs et cheftaines de son groupe. "Ce sont de véritables moments d’échange, où on partage nos coups durs et nos belles surprises."
 
"Le scoutisme, c'est une véritable école de la vie"

Et puis, les chefs et cheftaines sont accompagnés par des adultes "chefs de groupe" qui suivent leurs activités tout au long de l’année mais aussi leur progression personnelle. Un engagement qui vaut bien des coachings !
On comprend un peu mieux cette réflexion d'une étudiante : "Le scoutisme, c'est une véritable école de la vie..."

Pour en savoir plus

N’hésitez pas à contacter les équipes nationales de mouvements, qui peuvent vous mettre en relation avec le groupe scout le plus proche de chez vous :

Sites officiels :
• Scouts Unitaires de France
• Scouts et Guides de France
. Guides et Scouts d'Europe
• Eclaireurs et Eclaireuses de la Nature
• Scouts Musulmans

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19 Décembre 2016
Anne Vanrapenbusch
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