Il a fallu plusieurs mois de consultations, le rapport de la députée Céline Calvez et du chef étoilé Régis Marcon, et un hackathon pour faire émerger des pistes de réforme pour la voie professionnelle scolaire.
Après avoir engagé la réforme du bac général (qui entrera en vigueur en 2021) et celle de l'entrée dans l'enseignement supérieur, le gouvernement avait en effet ouvert un chantier spécifique pour rénover la voie professionnelle, objet de nombreux débats.
L'enjeu est de taille car un lycéen sur trois en France étudie dans la "voie professionnelle", c'est-à-dire dans un lycée professionnel. Il y entre en général après la troisième, pour décrocher en trois ans un bac professionnel, plus rarement un CAP.
En tout, 665 000 élèves étudient en 2018 dans un lycée pro : 538 000 en bac pro, 115 000 en CAP, 4 800 en mention complémentaire (formation postbac ou post CAP en un an), 3 200 en BTS (formation postbac en deux ans).
Après avoir engagé la réforme du bac général (qui entrera en vigueur en 2021) et celle de l'entrée dans l'enseignement supérieur, le gouvernement avait en effet ouvert un chantier spécifique pour rénover la voie professionnelle, objet de nombreux débats.
L'enjeu est de taille car un lycéen sur trois en France étudie dans la "voie professionnelle", c'est-à-dire dans un lycée professionnel. Il y entre en général après la troisième, pour décrocher en trois ans un bac professionnel, plus rarement un CAP.
En tout, 665 000 élèves étudient en 2018 dans un lycée pro : 538 000 en bac pro, 115 000 en CAP, 4 800 en mention complémentaire (formation postbac ou post CAP en un an), 3 200 en BTS (formation postbac en deux ans).
Une insertion professionnelle insuffisante
Créé en 1985, le baccalauréat professionnel a la particularité de permettre une insertion directe sur le marché du travail grâce au volume horaire de ses enseignements métiers. Or cette insertion est actuellement très inégale selon les spécialités (il y en a plus de 300 !).
Dans certaines filières en effet, du fait de l'élévation du niveau de compétences nécessaire, les entreprises ont tendance à préférer les titulaires d'un BTS aux bacheliers professionnels.
D'autre part, les lycéens ayant préparé leur bac pro dans la voie scolaire classique en lycée professionnel sont souvent distancés également par ceux qui l'ont fait par la voie de l'apprentissage, plus proche des entreprises.
Enfin, depuis plusieurs années, les bacheliers professionnels sont de plus en plus nombreux à vouloir poursuivre des études. Or là encore, leur taux échec reste élevé (comme l'indiquent les chiffres ci-dessous), beaucoup ayant un niveau trop faible dans les enseignements généraux.
Dans certaines filières en effet, du fait de l'élévation du niveau de compétences nécessaire, les entreprises ont tendance à préférer les titulaires d'un BTS aux bacheliers professionnels.
D'autre part, les lycéens ayant préparé leur bac pro dans la voie scolaire classique en lycée professionnel sont souvent distancés également par ceux qui l'ont fait par la voie de l'apprentissage, plus proche des entreprises.
Enfin, depuis plusieurs années, les bacheliers professionnels sont de plus en plus nombreux à vouloir poursuivre des études. Or là encore, leur taux échec reste élevé (comme l'indiquent les chiffres ci-dessous), beaucoup ayant un niveau trop faible dans les enseignements généraux.
Infographie du ministère de l'Education nationale.
Trois leviers pour rénover la voie professionnelle
La réforme prévoit donc de garder ce qui marche - l'apprentissage, le lien avec les entreprises, la pédagogie par l'action - mais de rénover le reste, avec trois grandes transformations qui devraient agir comme des "leviers" :
- La création de campus innovants : pour rompre avec les "lycées ghettos" que sont devenus au fil du temps certains établissements professionnels, le gouvernement veut créer des "campus" comparables à ceux des universités.
Ces campus seraient à la fois des lieux d'enseignement et de vie avec un lycée pro et un internat mais aussi un CFA, une pépinière d'entreprises, des fablabs, des équipements sportifs et culturels, des établissements d'enseignement supérieur partenaires, des labos de recherche, etc.
Ces campus seraient aussi reliés entre eux par réseaux professionnels. Le gouvernement veut faire émerger au moins trois campus de ce type par région d'ici 2022.
- Des formations mieux adaptées aux métiers de demain. Concrètement, les filières offrant peu de débouchés vont être transformées, comme par exemple le bac pro Gestion-Administration qui est celui qui accueille le plus d'élèves (75 000 !) et pour lequel 34% seulement sont en emploi sept mois après le bac !
Et à l'inverse, les formations vers les métiers qui recrutent vont être développées, en lien avec les branches professionnelles.
C'est l'un des plus gros enjeux de cette réforme dans un pays où l'opinion publique voit traditionnellement dans les études classique longues l'unique voie de réussite et les voies professionnelles, un lieu de relégation et d'échec.
- Des pédagogies innovantes : le lycée pro va garder son côté professionnalisant, mais le lien avec les enseignements généraux, l'acquisition de savoir-être et le travail d'équipe vont être développés. La pédagogie par projet, le décloisonnement des enseignements généraux et professionnels et le numérique devraient accélérer cette transformation.
- La création de campus innovants : pour rompre avec les "lycées ghettos" que sont devenus au fil du temps certains établissements professionnels, le gouvernement veut créer des "campus" comparables à ceux des universités.
Ces campus seraient à la fois des lieux d'enseignement et de vie avec un lycée pro et un internat mais aussi un CFA, une pépinière d'entreprises, des fablabs, des équipements sportifs et culturels, des établissements d'enseignement supérieur partenaires, des labos de recherche, etc.
Ces campus seraient aussi reliés entre eux par réseaux professionnels. Le gouvernement veut faire émerger au moins trois campus de ce type par région d'ici 2022.
- Des formations mieux adaptées aux métiers de demain. Concrètement, les filières offrant peu de débouchés vont être transformées, comme par exemple le bac pro Gestion-Administration qui est celui qui accueille le plus d'élèves (75 000 !) et pour lequel 34% seulement sont en emploi sept mois après le bac !
Et à l'inverse, les formations vers les métiers qui recrutent vont être développées, en lien avec les branches professionnelles.
C'est l'un des plus gros enjeux de cette réforme dans un pays où l'opinion publique voit traditionnellement dans les études classique longues l'unique voie de réussite et les voies professionnelles, un lieu de relégation et d'échec.
- Des pédagogies innovantes : le lycée pro va garder son côté professionnalisant, mais le lien avec les enseignements généraux, l'acquisition de savoir-être et le travail d'équipe vont être développés. La pédagogie par projet, le décloisonnement des enseignements généraux et professionnels et le numérique devraient accélérer cette transformation.
Des parcours plus diversifiés
Le monde bouge de plus en plus vite et l'on voit aujourd'hui des bacheliers généraux s'inscrire en CAP, des adultes reprendre une formation ou des titulaires de bac pro devenir ingénieur...
La réforme veut donc favoriser la diversité des parcours, d'une part en multipliant les passerelles, d'autre part en diversifiant les voies de formation possibles. Cela devrait se traduire par plusieurs nouveautés :
- la possibilité de faire tous les CAP en un, deux ou trois ans.
Actuellement le CAP se prépare en deux ans après la troisième et permet ensuite d'accéder à la première professionnelle. Il existe aussi quelques CAP que l'on peut préparer en un an, par exemple si l'on a déjà le bac et que l'on veut juste apprendre un métier. La formule remportant un gros succès, elle va donc être généralisée.
Le CAP en trois ans, lui, pourra être proposé à des jeunes ayant des difficultés.
- Un choix de spécialité de bac pro progressif
En seconde, les élèves choisiront une famille de métiers très large, puis ils choisiront leur spécialité de bac pro en première. Le système actuel proposait déjà un choix progressif, mais le gouvernement veut le rendre plus lisible pour les élèves et leur famille afin qu'aucun jeune ne choisisse son bac par défaut.
- L'apprentissage proposé dans tous les lycées professionnels
Tous les élèves de lycée professionnel pourront, s'ils le veulent, faire leur terminale en apprentissage. Pour préparer son bac pro en apprentissage, il fallait jusqu'à présent entrer dans un CFA dès la fin de troisième ou de de seconde car le lycée pro offrait une formation scolaire classique de la seconde à la terminale.
Les deux univers devrait donc se rapprocher dans l'intérêt des jeunes.
- Un choix entre insertion pro ou poursuite d'études
En terminale, les jeunes mûriront leur choix entre l'insertion ou la poursuite d'études : ils pourront alors suivre un module de préparation à l'insertion professionnelle s'ils veulent travailler après le bac, ou un module de renforcement s'ils veulent poursuivre des études.
La réforme veut donc favoriser la diversité des parcours, d'une part en multipliant les passerelles, d'autre part en diversifiant les voies de formation possibles. Cela devrait se traduire par plusieurs nouveautés :
- la possibilité de faire tous les CAP en un, deux ou trois ans.
Actuellement le CAP se prépare en deux ans après la troisième et permet ensuite d'accéder à la première professionnelle. Il existe aussi quelques CAP que l'on peut préparer en un an, par exemple si l'on a déjà le bac et que l'on veut juste apprendre un métier. La formule remportant un gros succès, elle va donc être généralisée.
Le CAP en trois ans, lui, pourra être proposé à des jeunes ayant des difficultés.
- Un choix de spécialité de bac pro progressif
En seconde, les élèves choisiront une famille de métiers très large, puis ils choisiront leur spécialité de bac pro en première. Le système actuel proposait déjà un choix progressif, mais le gouvernement veut le rendre plus lisible pour les élèves et leur famille afin qu'aucun jeune ne choisisse son bac par défaut.
- L'apprentissage proposé dans tous les lycées professionnels
Tous les élèves de lycée professionnel pourront, s'ils le veulent, faire leur terminale en apprentissage. Pour préparer son bac pro en apprentissage, il fallait jusqu'à présent entrer dans un CFA dès la fin de troisième ou de de seconde car le lycée pro offrait une formation scolaire classique de la seconde à la terminale.
Les deux univers devrait donc se rapprocher dans l'intérêt des jeunes.
- Un choix entre insertion pro ou poursuite d'études
En terminale, les jeunes mûriront leur choix entre l'insertion ou la poursuite d'études : ils pourront alors suivre un module de préparation à l'insertion professionnelle s'ils veulent travailler après le bac, ou un module de renforcement s'ils veulent poursuivre des études.
Des élèves mieux accompagnés
D'autre part le ministère veut aider les lycéens professionnels, comme ceux des lycées généraux et technologiques, à mieux choisir leur orientation et à combler leurs lacunes éventuelles.
Dès la rentrée 2018, les élèves de seconde professionnelle passeront un test de positionnement pour faire le point sur leurs acquis, et bénéficier le cas échéant d’une "consolidation des connaissances fondamentales en français et en mathématiques".
Ils bénéficieront aussi d'un accompagnement à l’orientation chaque année pour construire leur projet en particulier en seconde, pour choisir leur spécialité et en terminale, pour se préparer à s'insérer ou à poursuivre des études.
Les autres innovations se déploieront progressivement de 2019 à 2022 avec l'ambition de faire de la voie professionnelle une voie d'excellence mais aussi de redorer son blason dans l'opinion.
Dès la rentrée 2018, les élèves de seconde professionnelle passeront un test de positionnement pour faire le point sur leurs acquis, et bénéficier le cas échéant d’une "consolidation des connaissances fondamentales en français et en mathématiques".
Ils bénéficieront aussi d'un accompagnement à l’orientation chaque année pour construire leur projet en particulier en seconde, pour choisir leur spécialité et en terminale, pour se préparer à s'insérer ou à poursuivre des études.
Les autres innovations se déploieront progressivement de 2019 à 2022 avec l'ambition de faire de la voie professionnelle une voie d'excellence mais aussi de redorer son blason dans l'opinion.