Le développement durable : une philosophie de l'économie


Le développement durable est souvent invoqué mais que signifie-t-il exactement ? Un chef d'entreprise, une architecte et un philosophe en présentent les principes qui touchent à la façon de produire, de consommer, de construire... Une vraie philosophie qui peut inspirer toute l'économie.




Si pour fabriquer un produit nous prenons davantage à la nature que ce que nous fournissons au final à l'homme, alors le bilan est négatif. Or c'est malheureusement le type de développement économique qui a prévalu depuis la révolution industrielle dans la plupart des pays occidentaux !

On comprend aisément que ce développement n'est pas "durable" : à force de puiser dans certaines ressources limitées à un rythme supérieur à leur renouvellement, les stocks disponibles s'épuisent. 

C'est typiquement le cas des énergies fossiles comme pétrole, le charbon ou le gaz. Il a fallu des millions d'années pour que ces ressources géologiques se forment dans les entrailles de la Terre, et à peine quelques dizaines d'années pour que l'économie humaine les dilapident.
 

Répondre aux besoins du présent en protégeant les générations futures

D'où l'idée qu'il nous faut passer à un "développement durable", terme utilisé pour la première fois dans un texte de l'Organisation des nations unies (ONU) en 1987 :
"Il s'agit, dit ce rapport, d'un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs".

Mais comment cela peut-il concrètement se traduire dans nos sociétés et nos économies souvent basées sur l'idée qu'il va falloir produire toujours plus - et donc utiliser toujours plus de ressources - pour répondre aux besoins de populations toujours plus nombreuses ?
 

Fabriquer des produits plus durables, et même réutilisables

Pour les créateurs de produits ou de services, c'est là une vraie révolution : il ne suffit plus, lorsqu'on lance un produit, de réfléchir à ses coûts de fabrication, à son prix de vente et à son marché c'est-à-dire aux clients potentiels.

L'industriel ou le commerçant doivent intégrer la notion d'éco-conception : non seulement le mode de fabrication doit utiliser moins de ressources naturelles, mais le produit lui-même doit pouvoir "vivre" ou durer plus longtemps et si possible être recyclable ou réutilisable.

On s'intéresse alors à son "cycle de vie et il y a là un nouveau champ d'innovation et d'invention, comme on le voit dans cette vidéo produite par l'Ecole nationale des Arts et Métiers qui forme les ingénieurs de demain à cette nouvelle façon de produire.


 

Construire un habitat durable et penser à très long terme

Cette révolution vers la "durabilité" touche tous les secteurs économiques et industriels : les transports, l'agriculture et l'alimentation, la production et la consommation d'énergie, la mode, le commerce, et aussi la construction des bâtiments.

Une architecte (disparue en 2015), François-Hélène Jourda a été une pionnière dans l'idée que l'on doit construire des bâtiments qui produisent plus d'énergie qu'ils n'en consomment.

"Il faut penser à très long terme, car nous empruntons la planète aux générations futures", disait-elle dans cette vidéo tournée en 2012.

Françoise-Hélène Jourda, architecte


Dominique Bourg, philosophe

Philosophe, Dominique Bourg élargit encore la réflexion en cernant deux enjeux du développement durable : celui de l'environnement, que l'humanité a eu tendance à "piller" du 18ème au 20ème siècle, et celui de la répartition des richesses.

Car la razzia a aussi consisté pour certains à faire main basse sur les richesses des autres.


Du développement durable à la remise en question de la croissance

Face à tant de déséquilibres, un développement durable, au sens propre du terme, est-il encore possible pour l'humanité sur la planète Terre ?

La réflexion ne cesse en réalité d'évoluer. Car aux problèmes de durabilité et d'épuisement des ressources s'est ajoutée la constatation que notre mode de développement provoque aussi des destructions massives et des dérèglements qui pourraient être fatals pour l'humanité.

Destruction massive d'espèces végétales et animales et chute de la biodiversité. Pollutions multiples des océans et des sols. Et émissions excessives de carbone provoquant un réchauffement climatique dramatique par ses conséquences multiples !!

Depuis le début du 21ème, on évoque donc de moins en moins le "développement durable", pour remettre en question le concept même de croissance et parler de "transition sociale et écologique".
 
Le développement ne doit plus être seulement durable mais aussi solidaire, écologique, et finalement... intégral.


Car la crise environnementale met aussi en lumière les inégalités entre les peuples, les plus pauvres subissant souvent la surconsommation des plus riches, et le questionnement sur le sens de tout développement.

Celui-ci ne doit plus être seulement durable mais solidaire, et respectueux de la planète et de ses habitants actuels et futurs. Une véritable "écologie intégrale", qui chamboule toute la philosophie de la science et de l'économie.

Des exemples d'actions sur le développement durable


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