La grève des IUT s'étend


Dans les IUT, depuis la rentrée 2008, on s'inquiète des conséquences de la loi sur l'autonomie des universités sur le plan financier. Etudiants, enseignants et directeurs d'IUT craignent une baisse des moyens. Plusieurs IUT sont en grève depuis fin novembre.




Le torchon brûle entre les Instituts universitaires de technologie (IUT) et le ministère de l'Enseignement supérieur. Motif : la loi qui réforme l'université votée en 2007 et qui redéfinit de grands pôles d'enseignement modifie le financement des IUT. Jusque-là, ils recevaient directement leur budget du ministère. Après la mise en place de la loi qui rend les universités plus autonomes (ou loi LRU), les IUT seront financés par les universités elles-mêmes. Et ils ont bien peur de pas y retrouver leur compte.

En effet, jusque-là, les IUT étaient plus ''riches'' que les facs : ils disposaient de plus d'argent par étudiant, car ils bénéficient du reversement de la taxe d'apprentissage et des recettes de la formation continue. Cela leur permettait d'offrir un encadrement de qualité à des petits groupes d'étudiants, avec des intervenants du monde professionnel. Les universités ne vont-elles pas être tentées de "manger au ratelier" des IUT, ce qui voudrait dire pour eux moins de crédits ? C'est la crainte des étudiants mais aussi des directeurs d'IUT et des enseignants qui ont tous manifesté fin novembre 2008 lors d'une journée d'action.

Les directeurs d'IUT de villes moyennes redoutent même la disparition de leur établissement, comme Yves Delmas, directeur de l'IUT de Reims-Châlons-Charleville, "car l'IUT ne sera jamais dans les priorités des politiques des grands centres universitaires".

Le mouvement de grève touche les IUT de Toulouse, Reims, Belfort...

Plusieurs IUT sont donc en grève ou manifestent leur inquiétude par diverses actions depuis novembre 2008 et le mouvement semble s'étendre début décembre. Après des mouvements à Reims, Belfort-Montbéliard, Nice, Lyon, Troyes, Lannion, Orsay, L'IUT de Toulouse (univesité Paul Sabatier) s'est mis en grève le 4 décembre.

Partout, étudiants ou dirigeants des IUT réclament des engagements concrets inscrits dans la loi et les lignes budgétaires, qui assureraient la pérennité du financement des IUT. "Il faut que des règles claires soient établies, indique le directeur de l'IUT de Reims, Yves Delmas, dans le journal l'Union. La ministre avait demandé aux présidents d'université de nous affecter les mêmes moyens que l'année dernière. C'est donc le cas pour nous. Sauf que l'on a ouvert un département de plus et que l'on a 1,6 % d'étudiants en plus… Et on nous a fait un prélèvement supplémentaire pour aider au financement de l'université. "

Le ministère de l'Enseignement supérieur assure que les IUT auront des ''garanties''

Le 4 décembre, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, a assuré que les IUT bénéficieront de garanties, d’une "charte de bonne conduite" et de "contrats d’objectifs et de moyens". Mais ses interlocuteurs des IUT veulent des éléments plus concrets.

Un prochaine réunion de concertation a lieu le 9 décembre 2008.

A l'heure où les universités inscrivent "la professionnalisation" dans leurs mission, il faut espérer que l'avenir des IUT, véritable succès du modèle francais d'enseignement supérieur, ne soit pas compromis.



Rédigé par le Vendredi 5 Décembre 2008
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