E-sport : des métiers qui émergent pour les fans de jeux vidéo


Les passionnés de jeux vidéo rêvent de devenir e-sportifs professionnels mais le "e-sport" offre-t-il de vrais métiers ? A en croire les témoignages de quelques pros, les places sont encore très rares et les carrières plutôt aléatoires.



Affiche de la soirée sur les métiers du e-sport organisée par EdFab.
Dans la série des nouveaux métiers du numérique, le e-sport est sans doute l'un des domaines qui fait le plus rêver. La mise en scène de grandes compétitions de jeux vidéo n'a-t-elle pas suscité l'apparition d'équipes, d'entraîneurs et de sponsors ? Ne commence-t-elle pas à avoir ses émissions, ses rubriques, ses commentateurs et ses réalisateurs ?

D'où la bonne idée d'Edfab, la fabrique des innovations numériques liées à l'éducation, d'organiser fin février 2017 à l'école 42 une soirée sur les métiers du e-sport en donnant la parole à quelques jeunes professionnels.

Qui sont-ils, que font-ils, qui les emploie et surtout... comment sont-ils arrivés là ? Les réponses sont dans les vidéos des différents témoignages.

Olivier Hay ou "Luffy", champion et joueur professionnel de Street Fighter V

Bien sûr, le métier le plus attendu est celui de joueur professionnel. Après la présentation d'un journaliste sportif de Canal+ spécialisé dans le e-sport, voici donc Olivier "Luffy" Hay, joueur professionnel de Street Fighter V qui raconte son aventure (à 2'25" du début)...

Olivier a démarré les compétitions en 2007 à 17 ans et a poursuivi le e-sport en parallèle de ses études. En réalité, c'est sa victoire au championnat du monde de Street Fighter 4 à Las Vegas qui marque le début de sa carrrière pro en 2014 : deux grandes marques, Red Bull et Shadow, deviennent alors ses sponsors et prennent en charge ses frais.

Mais Olivier ne manque pas d'insister sur les difficultés du métier : les réussites gardent un côté aléatoire (comme dans les jeux), et la compétition est mondiale.

Lors des tournois, seuls les 5 à 10 premiers bénéficient d'un "cash prize"... Résultat : en France, on ne compte pas plus d'une centaine de joueurs professionnels et certains gagnent à peine le Smic !

Ils arrondissent donc leurs fins de mois par des activités périphériques : faire du streaming, et donner des cours à des débutants... On comprend un peu la difficulté qu'ont beaucoup à convaincre leurs parents d'arrêter leurs études pour se consacrer au e-sport.

"Proto" et "Lutti" : le nouveau métier de streamer

En réalité, les métiers du e-sport sont plutôt des emplois indirects liés à la médiatisation ou à la réalisation des événements.

Exemple avec Thomas Trystram et Alexandre Delattre, "Proto" et "Lutti" qui font partie d'une équipe de streamers. "Streamer, c'est jouer face à des gens et leur expliquer en direct ce qu'on fait", disent-ils. Ce streaming est diffusé sur une webTV (GamersOrigin) qui diffuse en H24.

Et chaque animateur développe aussi sa chaîne Youtube. Au final, ils se présentent comme "streamers, Youtubeurs et animateurs".


E-sport manager

Lui a commencé par être joueur de e-sport, puis streamer, community manager... Yann-Cédric Mainguy a contribué à créer la webTV GamersOrigin et se retrouve aujourd'hui manager de joueurs professionnels.

Il recrute de nouveaux joueurs et les accompagne en compétition. Mais son itinéraire semble assez unique et difficilement reproductible.


Réalisateur e-sport : un métier technique autour du e-sport

Mettre en image de grands tournois de e-sport, placer les caméras au bons endroits, mélanger les images, puis produire des émissions pouvant être diffusées, c'est un travail de réalisateur TV peut-être plus accessible que les métiers strictement liés au e-sport.

C'est ce qu'explique Victor Jollivet, réalisateur dans une grosse structure liée au e-sport, Webedia Gaming, qui possède notamment jeuxvidéo.com et Millénium.


Des métiers qui émergent, des débouchés encore limités

Au final, si le e-sport connaît en France une belle expansion, ses métiers ne font qu'émerger et on peine à décrire les filières de formation qu'il faudrait emprunter pour les exercer.

A côté d'une centaine de joueurs professionnels, on estime qu'il y aurait en 2017 à peine 800 à 1000 emplois indirects en France liés au streaming, à l'animation, la réalisation vidéo, etc.

Les passionnés ont donc tout intérêt à acquérir des compétences pouvant être valorisées dans le e-sport mais aussi d'autres secteurs : événementiel, communication numérique, réalisation vidéo, journalisme, marketing du sport, etc.
Compétition de e-sport à la PGW 2016.

Sans oublier l'industrie du jeu vidéo

Et pour ceux qui veulent absolument travailler dans le jeu vidéo, rappelons que cette industrie s'est bien développée en France jusqu'à représenter 5000 emplois dans la création ou la distribution.

Elle est en plein essor comme le prouve le succès chaque année de la Paris Game week et la France possède d'excellentes écoles de formations comme l'IIM, Isart Digital, SupinfoGame Rubika, Gobelins Paris, l’Enjmin-Cnam ou l'IUT de Bobigny...

En terme de professionnalisation, le e-sport doit encore faire ses preuves.
 

la rédaction
Jeudi 13 Avril 2017
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