Cités : des jeunes volontaires osent la rencontre


Un colloque sur le thème "Les cités : osons la rencontre" a rassemblé le 22 mai plusieurs cadres d'entreprises, des personnalités et des membres de l'association "Le Rocher", qui organisait l'événement. De nombreux jeunes en mission de volontariat dans des cités de banlieue ont donné leur témoignage.




Comme les "plan banlieues", les colloques sur les "problèmes de cités" se succèdent. Celui organisé le 22 mai 2014 à Nanterre par l'association "Le Rocher, Oasis des cités", sur le thème "Les cités : Osons la rencontre !", avait pourtant une particularité : il accueillait un grand nombre de jeunes, souvent étudiants ou jeunes pros, ayant choisi de réaliser une mission de volontariat dans un quartier difficile.

"Le thème de ce colloque le dit : d'extraordinaires richesses se trouvent dans les cités, explique Eric d'Alançon, directeur du  Rocher. Pour les découvrir, il faut oser partir à la rencontre de l'autre. Et de leur côté, les cités fonctionnent comme des ghettos, repliées sur elles-mêmes. Le Rocher construit des ponts entre les cités et l'ensemble de la société. Chacun peut ainsi reconnaître la richesse de l'autre et coopérer ensemble."

Vivre au coeur de la cité, une clé pour la rencontre

Concrètement, les ateliers du colloque ont décliné les actions déjà expérimentées par l'association : "Vivre en cité", c'est ce qui est proposé aux jeunes "stagiaires", jeunes en service civique ou étudiants en année de césure. Durant six mois à un an, ils partagent une colocation dans une cité, pour mêler à la fois action et relation.

"J'ai pour projet de travailler dans le BTP, témoigne ainsi Etienne, polytechnicien et stagiaire en 2012-2013. La question du logement social en France sera donc au cœur de ma vie professionnelle demain : quoi de mieux que de vivre en HLM pour toucher du doigt la réalité de la vie en cité ?"

Si tous les stagiaires ne sortent pas de l'X (!), un partenariat noué entre Le Rocher et l'Ecole Polytechnique explique la présence de plusieurs polytechniciens dans les diverses antennes. Beau symbole des ponts qui se créent entre deux continents.

Développer les talents des enfants et des jeunes

Autre thème abordé durant le colloque, "Développer les talents des enfants". Les volontaires du Rocher commencent en effet par nouer des relations avec les enfants par des animations de rue, avant de les accueillir pour d'autres activités de loisirs, sans oublier la précieuse "aide aux devoirs", organisée chaque soir par chaque antenne.

"Il ne s'agit pas seulement de travailler à l'évolution intellectuelle de l'enfant, mais aussi à son évolution humaine pour lui permettre de grandir dans la confiance en soi, explique un jeune volontaire de l'antenne de Bondy (93). Dernièrement un enfant est venu me voir avec un très grand sourire pour me dire : «j'ai eu 20/20 en maths pour la première fois, c'est-à-dire que je peux faire les études pour être médecin !»".

"Personnellement, j'ai participé à l'atelier sur les grands jeunes, raconte Leila, stagiaire aux Mureaux et par ailleurs étudiante en école d'ingénieur. C'est plus difficile de les aider car ils ne se donnent pas toujours les moyens de sortir de leurs difficultés, mais on doit justement les accompagner là-dedans."
Et là encore, de nouvelles idées jaillissent : ainsi à Bondy, une nouvelle association, petite soeur du Rocher, est en train de naître : ce sera RIBAT (Bâtir en verlan), dans laquelle les jeunes des cités monteront eux-mêmes des projets pour leurs pairs.

Valoriser les solutions qui marchent

Plus qu'un catalogue de problèmes, le colloque s'est ainsi plu à souligner les solutions qui marchent, notamment dans la table ronde rassemblant diverses personnalités. François Villeroy de Galhau, directeur général délégué du groupe BNPPARIBAS - qui parrainait le colloque - a rappelé le rôle important que peuvent jouer les entreprises dans les quartiers difficiles. Ainsi le groupe bancaire consacre en 2014 un budget de plus de 4 millions d'euros à un "plan banlieue" qui soutient diverses associations comme l'Adie, l'Afev ou le Rocher.

Laurent Lesieur, un entrepreneur de Marseille, s'est félicité d'avoir embauché dans son entreprise de nettoyage, en CDI, 4 personnes issues du Rocher capables de faire face à un travail soutenu.

Et une mère de famille habitant la cité des Mureaux (78) est venue témoigner elle-même de l'intérêt de l'aide des associations pour soutenir les parents, alors que "le système scolaire se dégrade et que l'école a tendance à enlever toute responsabilité éducative aux parents".

Enfin, des habitants de Bondy ont offert aux participants un mini défilé de mode dans les tenues multiculturelles confectionnées par l'activité couture de l'association. En 2014, ils ont ainsi participé au défilé Culture et Création organisé à Montfermeil pour favoriser l'expression des cultures et la cohésion sociale.

S'ouvrir au monde dans sa diversité

Le colloque a ainsi mis en lumière les multiples richesses de la rencontre au sens très large, entre jeunes des cités et jeunes plus favorisés, entre familles de diverses cultures, entre élèves en échec et étudiants en grandes écoles, entre générations, entre monde de l'entreprise et univers des cités...

S'il reste encore beaucoup à faire - L'association le Rocher prévoit dans son plan stratégique de passer de 8 à 14 antennes d'ici à 2020 - les premiers résultats sont prometteurs : à la fois sur le plan social et "sociétal".

"Je ne suis pas venu en cité pour devenir éducateur ou me découvrir une vocation autre que celle à quoi me destinent mes études, explique un étudiant en école de commerce. Mais un telle expérience influera sûrement sur ma vision et mes choix futurs. Le danger est de construire sa carrière sans s'ouvrir au monde dans sa diversité." Une réflexion à méditer.

Pour en savoir plus :
http://assolerocher.org/

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Rédigé par le Mercredi 28 Mai 2014
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