Bizutage à Dauphine : des étudiants exclus, des événements festifs annulés

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Le conseil de discipline de l'université Paris-Dauphine a prononcé le 15 décembre 2011 de sévères sanctions contre 4 étudiants de la Japad, l'association qui avait "bizuté" violemment un étudiant en octobre. L'un est exclu définitivement de l'université, un autre pour quatre ans et deux pour trois ans. Par ailleurs, le gala, la semaine ski-études et le week-end de désintégration sont annulés !




Images : Communication Dauphine
Les sanctions pleuvent à l'université Paris-Dauphine, suite à la plainte d'un étudiant de première année bizuté en octobre 2011 dans les locaux de la Japad (Jeune association pour la promotion d'événements étudiants à Dauphine).

Rappelons que lors du week-end d'intégration, des étudiants lui avaient gravé dans le dos avec une capsule de bouteille les lettres J.A.P.A.D. Ceci lors d'une séance de "demande d'admission" dans l'association qu'a décrit ainsi la victime dans L'Est Républicain :  "Ils m'ont attaché à un manche à balai, les mains derrière les épaules. Ils m'ont ensuite donné trois coups dans les côtes, le troisième était beaucoup plus fort que les deux premiers. Ils m'ont attaché avec du scotch. Ils m'ont ensuite passé quelque chose autour du cou, une corde je pense, mais je n'en suis pas certain. Ils serraient la corde de plus en plus, je n’ai pas perdu connaissance mais j’avais des difficultés à parler. Ils m’ont fait boire de la bière, cinq en totalité".

Suite à cette plainte, quatre étudiants ont été mis en examen pour "violence volontaire avec arme". Ils risquent six mois de prison et 7500 euros d'amende.

Quatre étudiants exclus de l'université en conseil de discipline

L'Université Paris Dauphine n'a pas manqué de son côté de réagir. Dès le dépôt de plainte, le 5 novembre 2011, le président de l'université, Laurent Batsch, avait dénoncé des "pratiques abjectes" et annoncé la radiation de la Japad et la tenue prochaine d'un conseil de discipline.

Le 15 décembre 2011, cinq enseignants-chercheurs et cinq étudiants, tous membres du conseil d'administration de l'université, se sont donc réunis en commission disciplinaire autour du cas des quatre étudiants de la Japad responsables du bizutage. Résultat : l'un est exlu définitivement de Dauphine, un autre pour quatre ans et deux pour trois ans.

Le message est donc clair : la prestigieuse université Paris-Dauphine, qui développe par ailleurs nombre d'enseignements sur la "responsabilité sociale des entreprises" et des futurs dirigeants, ne veut en aucune mesure se voir salie par les dérives de quelques étudiants.

Tous les événements organisés par la Japad annulés

Laurent Batsch, président de Paris Dauphine
Mais ce n'est pas tout. La Japad a bien été dissoute, mais quid des "événements festifs" dont elle avait la charge ?

Dans un courrier envoyé le 6 décembre 2011 aux 8000 étudiants de Dauphine, Laurent Batsch, président de l'université, les informe qu'ils sont purement et simplement supprimés ! La semaine "ski-études", le week-end de désintégration et surtout le gala annuel sont annulés.

Coup dur pour des milliers d'étudiants qui se voient privés en 2011-2012 de propositions de loisirs assez appréciées. "Nous payons pour quelques-uns", protestent beaucoup ! "Nous n'y sommes pour rien", "C'est démesuré", etc.

Associations étudiantes : Dauphine fait le ménage et serre la vis

Les associations devront se conformer à des règles précises pour être accréditées à Dauphine.
Manifestement, l'université ne veut pas s'en tenir à quelques exclusions pour l'exemple, mais souhaite en profiter pour remettre de l'ordre dans sa vie associative. Inutile en effet d'avoir dissous la Japad si d'autres associations perpétuent ses pratiques. Ainsi l'association Spi Dauphine, qui organisait un challenge de voile, a été dissoute et exclue de l'université le 14 décembre parce qu'elle avait repris l'organisation de la "soirée de Noël" de la Japad en y faisant allusion dans son tract et son invitation.

Laurent Batsch a donc annoncé qu'il avait demandé  à un organisme extérieur d'établir un "parcours d'accréditation qui s'imposera à chaque association domiciliée". Ce processus fixera "clairement les règles de fonctionnement et de comportement des associations, ainsi que les moyens par lesquels le respect de ces règles" sera "vérifié".
Il faudra montrer "patte blanche" pour être accrédité à Dauphine comme association étudiante, et surtout respecter sans doute une sorte de charte éthique qui devrait notamment restreindre la consommation d'alcool.

Les décisions de l'université ont en effet le mérite de vouloir prendre à la racine, non seulement la question du bizutage mais aussi celle de la consommation d'alcool et des comportements en milieu étudiant. Un problème que les tentatives officielles d'encadrement des soirées étudiantes n'ont jusque-là pas pu endiguer.

Le coup de poing sur la table de Paris Dauphine marque-t-il le début d'un réveil ? Si tel était le cas, l'université française, qui cherche plutôt à redorer son blason, sortirait par le haut d'une énième affaire d'alcoolisation étudiante.




Rédigé par le Vendredi 16 Décembre 2011
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