Apprentis chercheurs : des jeunes participent à la recherche sur les addictions


Vingt collégiens et lycéens ont participé en 2012-2013 à l'opération "Apprentis Chercheurs" pour comprendre les mécanismes des addictions. Ils ont mené un sujet de recherche dans des laboratoires et présenté leurs résultats dans cinq villes de France en juin 2013.




En 3ème et en 1ère S, un binôme d'Apprentis chercheurs/ Inserm
"Comment se comportent des souris qui boivent ?" et "Quels effets l'alcool a-t-il sur la plasticité de leur cerveau ?" Ce sont les sujets de recherche auxquels se sont attaqués deux binômes d'adolescents, quatre des vingt "apprentis chercheurs" qui ont participé à cette opération en 2012-2013.

Durant une dizaine de mercredis après-midi de l'année scolaire, Lou et Félix, Lucas et Zoé, l'un en troisième, l'autre en 1ère S, ont poussé la porte d'un labo de l'Inserm à Paris et enfilé la blouse blanche des chercheurs. D'autres binômes ont vécu la même expérience à Poitiers, Amiens, Bordeaux et Marseille.

Encadrés par de "vrais" chercheurs, ils ont ainsi pu manipuler des expériences, travailler sur des souris grises, enregistrer des résultat, apprendre à les interpréter et à les présenter dans le cadre du programme "Mécanisme des addictions à l'alcool et aux drogues" (MAAD). "Ce programme d'éducation scientifique permet à des jeunes de découvrir la démarche des chercheurs et en même temps d'être sensibilisés aux risques des consommations d'alcool, de tabac et de drogues", explique Bertrand Nalpas, le coordinateur scientifique du programme.

Une approche scientifique et non moralisante

Présentation des résultats
Bonne idée en effet pour prévenir des dangers des drogues, de passer par l'analyse scientifique, objective et non moralisante. "L'objectif n'est en aucun cas de "faire peur", précise bien Bertrand Nalpas. non, il s'agit de montrer qu'au verso du ressenti plaisant, joyeux, amusant de l'ivresse (pour l'alcool), les produits possèdent une toxicité fonctionnelle et lésionnelle".

Alors, comment se comportent les souris qui boivent ? En ce jour de présentation publique des résultats, Félix, en 1ère S au lycée Maurice Ravel à Paris, explique le test de l'open field. Avec Lou (en 3ème au collège Rodin), ils ont observé les déplacements sur un terrain fermé de deux groupes de souris : celles qui avaient bu de l'alcool, et celles qui étaient "sobres". Filmées par une caméra, les itinéraires des souris montrent que les souris "alcoolisées" se sont davantage réfugiées dans les coins, signe d'anxiété. Une autre expérience démontre que les souris qui ont bu ont une moins bonne motricité : elles tombent plus vite d'une barre en mouvement.

"Finalement, nous avons observé que la consommation d'alcool a une conséquence négative sur la plasticité de leur cerveau, d'où des effets sur l'apprentissage, la mémoire et la motricité", concluent les deux jeunes.

Mieux comprendre pourquoi il faut éviter de trop boire

"C'était passionnant, j'ai adoré car on nous a laissé faire beaucoup plus de choses que ce que je pensais", témoigne Lucas, en 3ème au collège Rodin. L'expérience le fera-t-il changer de comportement face à l'alcool ? "Je ne sais pas, pas vraiment, répond le collégien. Mais ça permet de mieux comprendre pourquoi il faut éviter de trop boire".

Même réponses prudentes de la plupart des jeunes. "En avez-vous parlé à vos amis ?", demandent les enseignants et les responsables de la Mildt, la mission gouvernementale de lutte contre les drogues qui finance l'opération. "Non, pas vraiment".
D'accord, pour s'informer, réfléchir et travailler, les chercheurs en herbe ne sont pas devenus des militants de la cause anti-alcoolisme apparemment. Ou peut-être ne veulent-ils pas passer auprès des autres pour des "intellos" donneurs de leçon.

Peu importe. L'opération Apprentis chercheurs sera poursuivie en 2013-2014 et cette communication scientifique pourrait bien inspirer le futur plan gouvernemental de lutte contre les drogues pour 2013-2016. Elle contribue aussi au passage à sensibiliser des jeunes aux carrières scientifiques et de la recherche, autre point faible de la société française.

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Notre rubrique Addictions




Rédigé par la rédaction le Mardi 11 Juin 2013
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